ésident-élu de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à Bruxelles, le 10 septembre 2014 (Photo : John Thys) |
[19/10/2014 08:43:20] Bruxelles (AFP) L’Union européenne entame lundi une semaine décisive avec l’investiture prévue du nouvel exécutif européen, dernière étape à franchir pour son chef Jean-Claude Juncker, avant de s’attaquer aux défis économiques et diplomatiques auxquel l’Europe doit faire face.
Zone euro menacée d’une nouvelle crise, risque d’une contagion des troubles au Moyen-Orient, relations avec la Russie toujours tendues par la crise ukrainienne: l’Europe est sous pression de toute part pour agir.
Mais elle est dans les limbes, avec la succession en cours à la Commission européenne, le bras exécutif d’une Union de 28 pays et 500 millions d’habitants.
Le Parlement européen doit en principe voter mercredi en séance plénière pour investir, dans son ensemble, l’équipe appelée à succéder à la Commission de José Manuel Barroso. L’exécutif Juncker prendrait dans ce cas ses fonctions le 1er novembre.
Mais il faudra d’abord que les élus donnent leur aval à la dernière commissaire désignée, la Slovène Violeta Bulc, nommée en catastrophe après le désaveu parlementaire infligé à sa compatriote, Alenka Bratusek.
Son collègue slovaque, Maros Sefcovic, devra aussi remporter l’adhésion du Parlement pour accéder à une des sept vice-présidences de la Commission.
– Calendrier probablement tenu –
“Ce n’est pas bouclé, mais il est probable” que le calendrier soit tenu, grâce à des auditions sans embûches, a affirmé à l’AFP une source proche de M. Juncker.
“Il y a 95% de chances que le vote d’investiture se tienne comme prévu mercredi”, a également jugé une source du Parti populaire européen (PPE, droite).
Un report de l’échéance jetterait une ombre sur le sommet européen qui réunira jeudi et vendredi à Bruxelles les chefs d’Etats et de gouvernements autour d’un agenda chargé.
De rudes négociations sont attendues sur les objectifs à fixer à l’horizon 2030 contre le réchauffement climatique. Les 28 doivent aussi s’entendre pour faire plus face à l’épidémie d’Ebola, et à l’avancée du groupe Etat islamique en Syrie et Irak.
Au-delà de ce rendez-vous, c’est à janvier ou février que pourrait être renvoyée l’entrée en fonction de la Commission Juncker en cas de retard au Parlement, selon des sources européennes. Ce qui laisserait aux commandes un exécutif sortant démobilisé alors que la crise ressurgit.
Les bourses mondiales ont plongé la semaine dernière, plombées par les craintes d’une bascule de la zone euro dans la déflation, ou d’un nouvel épisode de la crise grecque.
Pour dissiper l’inquiétude, M. Juncker s’est engagé à lancer dès les premiers mois de son mandat un plan d’investissement de 300 milliards d’euros visant à doper croissance et emploi.
– ‘Réponses bizarres’ –
Un autre test délicat attend le nouvel exécutif européen, avec l’examen des projets de budgets français et italien, dont les dérapages contreviennent à la stricte orthodoxie budgétaire à laquelle s’est ralliée la zone euro.
L’Union européenne doit en outre se défendre des accusations de “déficit démocratique” et d’autisme qui lui ont valu de s’aliéner un nombre croissant d’électeurs.
à Bruxelles (Photo : Emmanuel Dunand) |
C’est lundi que les élus entendront M. Sefcovic transféré des Transports à une vice-présidence pour l’Union de l’énergie, et Mme Bulc. A 50 ans, cette néophyte en politique venait d’être nommée vice-Première ministre en Slovénie avant d’être propulsée à la Commission en charge des Transports.
Du verdict que rendront mardi les dirigeants des groupes politiques sur ces candidats dépendra la tenue ou le report du vote d’investiture le lendemain.
Selon des sources parlementaires, ils devraient tous deux réussir l’épreuve, en dépit des doutes nourris par l’inexpérience de Mme Bulc et ses engouements pour le chamanisme ou la marche sur le feu, dont se repaissent les médias sociaux.
“Si elle ne se met pas à faire des réponses bizarres, il n’y aura pas de problème”, a estimé une source du PPE.
“Pour nous, le plus important est de permettre à la Commission de commencer à travailler”, relevait-on du côté des socialistes, engagés dans un accord de coalition avec le PPE au Parlement de Strabourg.
La France et l’Allemagne font de leur côté pression pour que le calendrier soit tenu, ont indiqué des sources européennes.