Des amas de déchets dans les coins et recoins des quartiers tant populaires que huppés. Partout des ordures et des saletés où des hordes de chiens et de chats ont trouvé leur bonheur. Il n’est pas du tout surprenant que les Tunisiens vivent, aujourd’hui, dans la peur d’être atteints par des maladies qu’ils pensaient disparues, il y a longtemps.
Depuis la révolution de janvier 2011, la Tunisie fait face à une crise environnementale d’envergure, mais dont les effets ne semblent pas pris au sérieux par les partis politiques. Pire, l’environnement semble s’ériger comme le dernier souci des acteurs politiques et des partis dans leur course frénétique vers les sièges de l’Assemblée des représentants du peuple.
Pour preuve, dans les programmes de 5 partis politiques (Ennahdha, Nidaa Tounes, Al Joumhouri, Afek Tounes et le Front populaire….) étudiés par l’agence TAP, les solutions aux problèmes environnementaux ne sont que des “généralités” abordées dans le vague concept du “développement durable”‘, de “la maîtrise des ressources hydriques”, ou de “la préservation des richesses naturelles”.
Aucun parti n’a cité, clairement, des mécanismes ou des dispositifs à mettre en place concrètement pour résoudre, ne serait-ce que le problème de la prolifération des déchets.
Ennahdha: Pfriorité aux îles de Djerba et de Kerkennah
Par rapport à d’autres partis, Ennahdha a, toutefois, évoqué dans son programme deux sites où l’environnement s’est spectaculairement dégradé: les îles de Djerba et de Kerkennah.
Malheureusement, le parti recommande, sans précision, “des mesures spécifiques afin de garantir un environnement sain”.
Le parti islamiste prévoit aussi, tel que cité dans son programme, d’accorder un intérêt particulier aux régions souffrant le plus de problèmes de pollution, en mobilisant des plans d’assainissement, notamment dans les régions de Gabès, Sfax, Bizerte et Ben Arous. On pourrait se demander, comment? quand? et avec quels moyens? ces programmes vont-ils être concrétisés.
Ennahdha a promis, aussi, d’assurer un environnement sain et propre en s’orientant davantage vers la valorisation des déchets, et le renforcement de l’économie verte et en incitant au lancement de projets biologiques et environnementaux outre le développement de la recherche scientifique et l’innovation dans le domaine de la technologie de l’environnement et la promotion d’un transport respectueux de l’environnement.
Même constat pour les autres partis, qui placent l’environnement en bas de liste de leurs programmes électoraux. Ils sont nombreux à tourner le dos à une priorité des priorités du pays au yeux des Tunisiens: la lutte contre la pollution et l’enlèvement des saletés qui risquent d’étouffer tout le pays.
Nidaa Tounes: Accélérer la dépollution industrielle dans les villes…
Nidaa Tounes s’est dit engagé à accélérer la réalisation des programmes de dépollution industrielle dans les villes. Le parti évoque “les sites fortement pollués à l’instar du Golfe de Gabès, le bassin minier de Gafsa, Kasserine, Bizerte et le Grand Tunis”, estimant que ces sites nécessitent des plans d’urgences”. Hélas, aucun détail sur “ces plans d’urgences” ne figure dans le programme du parti.
Par sa promesse “d’assurer un environnement sain et un espace urbain de qualité”, le parti de Béji Caïd Essebsi projette, aussi, de développer et de décentraliser la gestion intégrée des déchets solides dans les régions et les municipalités, de généraliser l’assainissement des eaux usées (domestiques, industrielles et touristiques) en milieu urbain et de promouvoir la réutilisation des eaux traitées.
Il promet, par ailleurs, la satisfaction des besoins en eau potable des zones déficitaires et de rationaliser l’utilisation de l’eau, ainsi que d’assurer la durabilité des ressources naturelles (valoriser les ressources en eau, lutter contre la désertification et préserver le couvert forestier).
Afek Tounes: Réformer la gestion des déchets…
“Afek Tounes” propose, à son tour, de réformer le secteur de gestion des déchets avec l’ancrage d’une politique de réduction des déchets, le renforcement des processus de collecte, de transport, de recyclage, de traitement et d’élimination de ces déchets, et la création de nouvelles décharges contrôlées, notamment dans le grand Tunis.
Le parti libéral projette, aussi, d’encourager les entreprises industrielles et de services à adopter le concept de responsabilité sociale et environnementale et de mettre en place des systèmes de management environnementaux et énergétiques conformes aux standards internationaux.
Par ailleurs, le parti envisage de développer la biodiversité, de créer plus de zones vertes, de protéger les ressources hydriques, de promouvoir l’agriculture biologique et de lancer la certification environnementale et écologique des produits et services.
Front populaire: Renforcer le rôle de la société civile
Le parti du Front populaire est l’unique parti parmi ceux étudiés, qui a évoqué la nécessité de renforcer le rôle de la société civile dans le domaine environnemental. Il propose, par ailleurs, de réviser tout le système de traitement de déchets afin d’assurer une gestion rationnelle de tous les déchets du pays, de renforcer le rôle des municipalités pour qu’elles soient en mesure d’assumer convenablement son rôle en matière de collecte, de transport et de traitement des déchets.
Il juge nécessaire, aussi, l’unification du cadre réglementaire et institutionnel régissant tous les types de déchets, ainsi que la révision du système de contrôle environnemental relatif aux ressources hydriques, à même d’assurer leur pérennité.
D’autres actions figurent aussi au programme du Front Populaire, à savoir l’adoption des textes réglementaires garantissant la sécurité environnementale, la préservation de la diversité biologique des espèces locales, et la sauvegarde du patrimoine forestier et marin.
Al-Joumhouri: Développement durable…
Le parti Al-Joumhouri souligne que l’ensemble de son programme “s’articule autour du concept de développement durable, sans lequel il ne peut y avoir ni croissance soutenable, ni prospérité”.
Bien qu’il soit l’unique parmi les partis étudiés à réserver 5 pages dans son programme à la croissance durable, Al-Joumhouri s’est intéressé surtout aux mesures portant sur la politique énergétique, la préservation des ressources hydriques et l’amélioration de l’environnement urbain (protection des espaces verts)
Pour ce qui est de la dépollution, le parti a évoqué 4 principaux chantiers à mener sur trois ans. Le premier concerne la dépollution et l’aménagement du site de la SIAPE à Sfax, alors que le deuxième est relatif à l’arrêt du déversement en mer du photogypse à Gabès et l’étude de son transfert, sans dire vers quelle destination.
Quant aux troisième et quatrième chantiers, ils concernent respectivement la dépollution de la côte du Sahel en veillant à l’application des normes internationales et le renforcement et la consolidation du site de Métlaoui-M’dhila.
WMC/TAP