ésident de la Réserve fédérale de Nex York, William Dudley, sur le plateau de Fox Business Network, le 20 mai 2014, à New York (Photo : Rob Kim) |
[21/10/2014 05:41:29] New York (AFP) Un membre éminent de la Réserve fédérale (Fed) a mis en garde lundi les grandes banques contre leur “culture” de mauvais agissements ayant conduit à la crise et plaidé pour une refonte des modes de rémunérations afin d’éviter leur démantèlement.
“Je vois un problème de culture”, a dénoncé devant un parterre de grands banquiers à New York William Dudley, le président de la Fed de New York, le bras financier de la banque centrale américaine et l’un des principaux régulateurs du secteur bancaire.
Par “culture” il dit entendre la multiplication d’agissements et de pratiques ne tenant pas compte ni des normes ni de la régulation, selon son discours mis en ligne sur internet.
Et pour preuve, avance M. Dudley, les litiges liés aux pratiques et au sein des banques se multiplient, ce qui montre selon lui, que les établissements financiers ne font pas assez pour corriger les errements passés.
“Ces dernières années, il y a eu des événements témoignant de mauvais comportements professionnels, de manquements éthiques et de manquements aux règles de la part des institutions financières”, a poursuivi le responsable.
“Depuis 2008, les amendes imposées aux plus grandes banques ont dépassé les 100 milliards de dollars”, calcule-t-il, soulignant qu’il aurait voulu voir les employés fautifs licenciés.
Les pratiques des grandes banques américaines notamment concernant les crédits immobiliers à risque “subprime” sont à l’origine de la plus grave crise financière depuis 1929.
A l’exception de quelques traders, aucun grand nom de Wall Street n’a été inquiété, alors que les pouvoirs publics ont dû venir à la rescousse de certains fleurons.
L’ancien PDG et fondateur de l’assureur américain AIG poursuit en revanche en justice l’Etat fédéral à qui il reproche d’avoir imposé des conditions pénalisantes pour sauver son groupe en septembre 2008, le week-end de l’effondrement de Lehman Brothers. AIG a reçu 182 milliards de dollars du gouvernement américain qu’il a fini de rembourser.
– Changer l’attribution des bonus –
Lundi, M. Dudley a dit rejeter l’idée que ces mauvais agissements soient l’oeuvre de traders cupides ou d’un petit nombre isolé au sein de firmes.
“Le problème vient de la culture des firmes et cette culture est largement forgée par le leadership des firmes. Ceci signifie que la solution doit venir de l’intérieur des firmes, de leurs leaders”, réclame-t-il.
Comme solution, le responsable propose une réforme des modes de rémunérations aussi bien des patrons que des employés.
Il propose par exemple l’idée d’une “garantie de bonne exécution” pour les hauts dirigeants. Celle-ci fonctionnerait comme une part de rémunération différée. En cas d’amende imposée par les régulateurs, une partie de la rémunération du patron serait amputée, de sorte qu’il partagerait la facture avec l’actionnaire et le dirigeant.
“En d’autres termes, en cas de grosse amende, les +preneurs de gros risques+ en paieront le prix avec +garantie de bonne exécution+”, plaide M. Dudley.
Cet arrangement forcerait le haut management à tout faire pour traquer les mauvais agissements, espère-t-il.
Quant aux employés, M. Dudley préconise la création d’un “registre central” d’informations géré par les régulateurs. Ceux-ci mettraient ainsi à jour l’embauche et le licenciement de traders.
Le but étant d’éviter que les traders licenciés pour des raisons éthiques par une institution financière ne retrouvent vite un emploi dans un autre établissement. Un tel registre existe déjà chez les maisons de courtage, a-t-il défendu.
Ces réformes “nécessaires”, fait valoir William Dudley, ont pour but de regagner la confiance du public.
En l’absence de changements, de plus en plus d’appels se feront pour le démantèlement de banques, estime le responsable dont l’institution a été très critiquée récemment pour être trop conciliante avec les banques, notamment avec la banque d’affaires Goldman Sachs.
“La conclusion inévitable sera que vos établissements sont trop gros et complexes pour être dirigés avec efficacité”, a encore dit M. Dudley. “Dans ce cas, les craintes sur la stabilité financière voudront que la taille de vos firmes soit réduite et simplifiée afin qu’elles puissent être dirigées efficacement”, a-t-il conclu en forme d’avertissement.