Chine : la croissance ralentit au 3e trimestre, au plus bas depuis 5 ans

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é au troisième trimestre un net ralentissement de sa croissance économique, tombée à son plus bas niveau depuis plus de cinq ans, selon des chiffres publiés par le gouvernement.

[21/10/2014 06:24:12] Pékin (AFP) La Chine a enregistré au troisième trimestre un net ralentissement de sa croissance, au plus bas depuis plus de cinq ans, alors que Pékin conjugue efforts de rééquilibrage de son modèle économique et mesures “ciblées” de soutien à l’activité.

Sur juillet-septembre, la progression du produit intérieur brut (PIB) chinois s’est établie à 7,3% — son plus bas niveau depuis le premier trimestre 2009 –, après une croissance de 7,5% au deuxième trimestre, a indiqué mardi le Bureau national des statistiques (BNS).

C’est un peu mieux que la prévision médiane d’un groupe de 17 analystes interrogés par l’AFP (+7,2%).

“De puissants vents contraires” — secteur immobilier en désarroi, surcapacités persistantes dans l’industrie et endettement du secteur public — ont soufflé ces derniers mois, ont commenté les experts de la banque Nomura.

Pour autant, “bien que la croissance ralentisse, c’est le signe d’un rééquilibrage bienvenu au détriment d’investissements excessifs dans certains secteurs”, tempérait toutefois Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.

“Un léger ralentissement (en Chine) est considéré comme une saine évolution”, avait d’ailleurs relevé début octobre le Fonds monétaire international (FMI).

De fait, le chiffre du troisième trimestre “s’explique en partie par des contrecoups inattendus et douloureux provoqués par les réformes structurelles” en cours, a expliqué mardi Sheng Laiyun, porte-parole du BNS.

Le gouvernement affiche son intention de “rééquilibrer” le modèle économique du pays — en rognant les monopoles des grands groupes publics et les surcapacités industrielles, et en endiguant drastiquement les dettes publiques — quitte à voir la croissance se modérer quelque peu.

Sur l’ensemble des neuf premiers mois de l’année, la croissance a ainsi été de 7,4%, a précisé le BNS. Pékin s’est fixé pour l’ensemble de 2014 un objectif d'”environ 7,5%”.

“Cela reste dans la fourchette jugée raisonnable”, et la progression du marché de l’emploi demeure “stable”, a assuré M. Sheng.

– Ombre du secteur immobilier –

Les autorités avaient adopté au printemps “un mini-plan de relance” — réductions fiscales et assouplissements monétaires ciblés pour encourager les prêts aux petites entreprises — mais dont les effets s’étaient dissipés au fil de l’été.

Et les statistiques publiées mardi par le BNS offraient un tableau contrasté.

Après avoir connu en août son plus bas rythme de croissance depuis plus de 5 ans (+6,9%), la production industrielle a ainsi accéléré plus qu’attendu en septembre, gonflant de 8% sur un an.

“Un signe encourageant, laissant bien présager de la reprise économique au dernier trimestre”, jugeait-on chez Nomura.

En revanche, les ventes au détail, baromètre de la consommation des ménages, ont de nouveau ralenti le mois dernier, avec un gonflement de 11,6% sur un an.

Quant aux investissements en capital fixe — qui reflètent les dépenses dans les infrastructures –, ils ont grimpé de 16,1% sur l’ensemble des neuf premiers mois de 2014, un chiffre inférieur aux attentes et accusant là aussi un ralentissement.

Et alors que le repli en glissement mensuel des prix des logements neufs s’est poursuivi en septembre, le BNS a fait état d’une chute de 10,8% des ventes de logements depuis le début de l’année.

– Coups de pouce ciblés –

“La dynamique de croissance est en train d’atteindre un plancher et, pour le moment, il n’y a pas de risque de voir le ralentissement s’aggraver”, a toutefois estimé Ma Xiaoping, économiste chez HSBC. Dans ces conditions, Pékin pourrait se contenter de poursuivre “une approche de soutiens +ciblés+”, a-t-elle indiqué à l’AFP.

De fait, la banque centrale a injecté mi-septembre 500 milliards de yuans (63 milliards d’euros) dans les cinq plus grosses banques du pays, et prévoirait des injections de liquidités supplémentaires dans vingt établissements bancaires: autant de moyens de faciliter le crédit aux entreprises.

De l’avis des analystes, Pékin pourrait également muscler ses dépenses dans certaines infrastructures “efficaces”. Et l’assouplissement des conditions d’obtention de prêts immobiliers, annoncé fin septembre, devrait soutenir le secteur.

Mais malgré un éventuel sursaut au quatrième trimestre, les analystes interrogés par l’AFP prévoient pour 2014 une croissance de 7,3% (contre 7,7% en 2013), soit la plus faible performance du pays depuis près d’un quart de siècle.

“Tant que le ralentissement reste concentré dans des secteurs en surcapacités et que l’économie dans son ensemble demeure saine, les dirigeants ne vont pas paniquer. Emploi et rééquilibrage de l’économie restent leurs priorités”, a cependant insisté Julian Evans-Pritchard.