ère italienne à Naples, le 12 décembre 2007 (Photo : Mario Laporta) |
[21/10/2014 13:53:47] Rome (AFP) La police financière italienne a annoncé mardi avoir démantelé un groupe d’entreprises soupçonnées d’avoir mis en place un système de fausses factures pour réaliser une fraude fiscale dont le montant total “dépasse 1,7 milliard d’euros”.
“L’activité illégale a provoqué, au cours des années, des dommages à l’Etat (…) dont la somme totale dépasse 1,7 milliard d’euros”, assure un communiqué de la police financière.
Selon la police, le système mis en place à partir de 2001 par deux entrepreneurs romains, Pierino Tulli et Maurizio Ladaga, consistait en de fausses factures émises par des sociétés intermédiaires sous-traitant des marchés obtenus par les entrepreneurs dans des domaines comme la sécurité et le nettoyage industriel.
Grâce à ces fausses factures, d’importantes sommes d’argent finissaient sur des comptes de sociétés créées uniquement pour encaisser ces sommes.
Une fois les sommes en question prélevées en espèces et placées à Saint-Marin et au Luxembourg, ces sociétés étaient déclarées en faillite et de nouvelles étaient constituées, a expliqué la police.
Au total, 62 personnes sont soupçonnées d’avoir participé à la fraude, à des degrés divers.
La police financière a également placé sous séquestre des biens d’une valeur supérieure à 100 millions d’euros, dont une centaine de biens immobiliers, deux entreprises et une centaine de comptes bancaires, selon la même source.
Environ 70 policiers ont participé aux opérations de mise sous séquestre et de perquisitions qui ont eu lieu dans plusieurs régions d’Italie, dans le cadre de l’enquête dirigée par le parquet de Rome.
Cette gigantesque fraude annoncée mardi ne représente que le sommet de l’iceberg.
Samedi, la police financière a mis sous séquestre des biens d’une valeur de 2,7 millions d’euros appartenant à un entrepreneur de Sardaigne qui vendait des produits sur internet et ne déclarait aucun revenu au fisc.
L’évasion fiscale est un fléau contre lequel tous les gouvernements italiens de ces dernières années ont tenté de lutter, ne serait-ce que pour remplir les caisses publiques vidées par la crise.
Selon une étude menée en 2012 par un grand institut privé, l’économie souterraine (travail au noir, activités mafieuses ou locations immobilières au noir) a représenté en 2011 environ 35% du PIB italien, soit quelque 540 milliards d’euros.
En 2013, faisant le point sur la lutte contre l’évasion fiscale, la police financière avait annoncé avoir découvert plus de 56 milliards d’euros d’évasion fiscale en 2012.
Le fisc italien, qui a récupéré environ 13 milliards d’euros des fraudeurs fiscaux en 2013, compte sur la même somme en 2014 et espère engranger jusqu’à à 15 milliards en 2015, avait déclaré vendredi la directrice du fisc italien, Rossella Orlandi.
La lutte contre la fraude fiscale en Italie a pris quelques grands noms dans ses filets, de Dolce&Gabbana à Maradona, en passant par Silvio Berlusconi, condamné définitivement à la prison, une peine transformée en travaux d’intérêt général, et déchu de son statut de sénateur pour fraude fiscale dans l’affaire Mediaset.