é à bord duquel se trouvrait Christophe de Margerie, après son accident le 21 octobre 2014 à Vnukovo près de Moscou (Photo : -) |
[22/10/2014 04:40:30] Paris (AFP) Le géant pétrolier Total doit faire face à la disparition brutale de son emblématique patron, Christophe de Margerie, mort dans un accident d’avion en Russie et qui devrait être inhumé dans l’intimité d’une petite commune de la Manche.
Le processus est d’ores et déjà engagé pour combler le vide laissé par ce PDG, renouvelé en 2012 pour trois ans à la tête de la première entreprise française par ses bénéfices, et alors qu’il n’avait pas publiquement désigné de successeur.
Le groupe est “organisé pour faire face à cet évènement tragique”, a assuré dès mardi son secrétaire général Jean-Jacques Guilbaud.
Un comité de gouvernance et d’éthique et un conseil d’administration seront réunis “dans les plus brefs délais”, selon M. Guilbaud. François Pelegrina, responsable du syndicat CFDT au sein du groupe a souligné que Thierry Desmarest, président d’honneur, “peut assurer sans souci” un intérim car “il fait partie des sages de ce groupe qu’il a dirigé”.
érence de presse le 13 février 2014 à Paris (Photo : Eric Piermont) |
Parmi les responsables de Total susceptibles de succéder à Christophe de Margerie, les noms de Patrick Pouyanné, directeur général de la branche Raffinage-Chimie et de Philippe Boisseau, qui dirige la branche Marketing & Services et Energies nouvelles, reviennent souvent.
Le futur patron du géant pétrolier aux 100.000 employés, qui affichait en 2013 un chiffre d’affaires de 189,5 milliards d’euros, devrait en tout cas être choisi en interne, une tradition chez Total.
Il sera confronté aux défis importants d’une croissance moindre de la production d’hydrocarbures, d’une crise du raffinage en Europe et des retards pris dans le développement de certains projets.
Le groupe a d’ailleurs déjà commencé à s’y attaquer, en annonçant fin septembre un plan de réduction des coûts et une baisse de ses investissements, que le successeur de M. de Margerie devra orchestrer.
énario du crash du jet privé du PDG de Total (Photo : JM.Cornu/S.Ramis/A.Bommenel) |
Il aura aussi à trouver une solution pour réduire les surcapacités dans le raffinage en Europe, une volonté également affichée fin septembre mais non détaillée, même si aucun plan social ne devrait toucher la France.
Christophe de Margerie, qui avait sillonné le monde et les plus de 130 pays où Total est représenté, sera inhumé dans l’intimité à Saint-Pair-sur-Mer (Manche), “a priori après une cérémonie officielle avec des personnalités à Paris”, selon des sources officielles concordantes.
– Ebriété, erreur d’aiguillage ou mauvaise météo? –
A Moscou, l’enquête sur les causes de l’accident de l’avion privé à bord duquel se trouvait Christophe de Margerie est menée par le MAK, homologue russe du Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA) français.
Trois enquêteurs du BEA sont également arrivés sur place mardi soir, accompagnés par deux conseillers techniques de la compagnie Unijet et un conseiller de Dassault Aviation, constructeur de l’appareil.
Ils devront déterminer pour quelles raisons le Falcon 50, livré en 2006, a pu heurter une déneigeuse qui se trouvait sur la piste de décollage de l’aéroport de Vnoukovo, près de Moscou, tuant le PDG de Total, les deux pilotes et un personnel de cabine.
Dans un premier temps, le comité d’enquête russe a évoqué “une erreur des aiguilleurs du ciel et les actes du conducteur de la déneigeuse”, qui “était en état d’ivresse”. Il a aussi avancé “les mauvaises conditions météorologiques et une erreur de pilotage”.
L’avocat du conducteur du chasse-neige a démenti l’état d’ébriété de son client qui a survécu à l’accident, et doit tenir une conférence de presse ce mercredi.
– Hommages appuyés –
Mardi, les hommages de responsables économiques et politiques se sont multipliés en France, mais aussi en Russie, où le patron de Total était considéré comme “un vrai ami” du pays, selon les mots de son président Vladimir Poutine.
Au siège du groupe à Paris mais aussi sur d’autres sites de Total, les salariés, sous le choc, ont observé une minute de silence.
“C’était un homme très apprécié, très proche des gens, et même un défenseur du dialogue social”, selon M. Pelegrina de la CFDT.
Le président de la République, François Hollande, a salué un chef d’entreprise qui “défendait avec talent l’excellence et la réussite de la technologie française à l’étranger”.