Sombres perspectives pour l’investissement public local

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ège de la Banque Postale à Paris (Photo : Eric Piermont)

[22/10/2014 15:08:10] Paris (AFP) La Banque postale a confirmé mercredi les sombres perspectives sur la tenue des investissements des collectivités territoriales, prédisant un fort recul qui pourrait avoisiner les 15% pour 2014 et 2015, au grand dam des élus locaux et professionnels de la construction.

L’investissement public local, qui devrait s’élever à 53,5 milliards d?euros, est en diminution de 7,4% cette année et le recul en 2015 devrait être “de même ampleur, voire plus”, selon la note de conjoncture de la Banque postale dévoilée mercredi. “Cette succession de deux baisses aussi fortes serait une première”, selon cette enquête, dont “les données “portent sur la France entière”.

Certes, le repli est toujours sensible dans les communes et intercommunalités en année électorale – les municipales ont eu lieu en mars -, les investissements les plus lourds étant engagés les années précédentes pour être visibles des électeurs l’année du scrutin. Mais rarement à ce point: le recul de 2014 sera “l?un des plus forts depuis les premières lois de décentralisation” de 1982″, estime la banque.

Le reflux le plus net concerne les communes (-10,2%), suivies des intercommunalités (-5,6%), puis les départements et régions (-3,4%).

Rapportée au nombre d’habitants, la dépense d’investissement serait plus faible en 2014 (794 euros) qu’en 2004 (851 euros).

– Un impact sur les budgets des associations –

Selon la Banque postale, “la conjonction” de la faiblesse de la croissance, de la réduction des dotations et “l’atonie des ressources fiscales, pourrait induire une baisse des dépenses d’investissement en 2015 de même ampleur que celle constatée en 2014”. En 2013, l’investissement local avait progressé de 4,8%.

Cette année, les fonds versés par l’Etat aux collectivités diminuent de 1,5 milliard d’euros, ils baisseront de 3,7 mds l’an prochain et d’autant pour chacune des deux années suivantes. “Un choc pour les budgets locaux”, selon l’un des experts de la Banque postale, Thomas Rougier.

Lors de l’examen du budget à l’Assemblée vendredi dernier, ces coupes avaient provoqué un tir de barrage de l’opposition de droite, du Front de gauche ainsi que d’une fraction minoritaire des socialistes. “Si nous n’investissons pas, il n’y aura pas de redémarrage de l’activité”, avait affirmé le “frondeur” Jean-Marc Germain.

Certes, sous la pression des députés, le gouvernement a fait voter des mesures de soutien, mais cela “ne suffit pas à inverser la perspective”, a déclaré à la presse Thomas Rougier.

Préoccupés par la chute des commandes des collectivités qui fait craindre au secteur des pertes d’emplois massives, quelques milliers de chefs d’entreprises et salariés des travaux publics ont manifesté la semaine dernière partout en France.

Pour Serge Bayard, président de la Banque postale Collectivités locales, la réduction des dotations aura aussi “un vrai impact sur la situation financière des associations”. “On n’en est qu’au tout début”, a-t-il dit.

Si les dépenses d’équipement sont en recul, c’est, note la Banque postale, à cause d’une nouvelle “érosion de l?autofinancement des collectivités locales : pour la troisième année consécutive, leur épargne brute (excédent des recettes sur les dépenses de fonctionnement) diminuerait”, de 5,6%. L’endettement devrait toutefois marquer le pas.

Les recettes courantes des collectivités n’augmentent que lentement (+1,2 % en 2014), notamment en raison d?une faible croissance des recettes fiscales (+1,4%, hors ressources transférées aux départements et régions) et d’une “pression fiscale stable”.

Côté dépenses de fonctionnement, le ralentissement constaté depuis deux ans est confirmé cette année, mais la hausse devrait tout de même atteindre 2,9 % en 2014. Même chose pour les frais de personnel (+3,2% après +3,4%), conséquence “pour partie de plusieurs mesures gouvernementales”. Pour la Banque postale, “la maîtrise de certaines dépenses de fonctionnement demande du temps”.