ésidente sortante Dilma Rousseff du Parti des travailleurs (PT gauche) candidate à la réélection et son prédécesseur Luiz Inacio Lula da Silva à Sao Paulo le 20 octobre 2014 (Photo : Nelson Almeida) |
[22/10/2014 18:40:48] Brasilia (AFP) Le président du Brésil qui sera élu dimanche devra monter une équipe apte à restaurer la confiance s’il veut relancer la croissance: lutte contre l’inflation, rigueur budgétaire accrue, et priorité à l’investissement comme moteur de l’économie.
C’est du moins la recette que les marchés préconisent et que, selon les analystes, la présidente sortante Dilma Rousseff du Parti des travailleurs (PT gauche) candidate à la réélection, a laissé de côté.
Elle a privilégié la consommation interne et la revalorisation des salaires comme moteur de la croissance, ainsi qu’un interventionnisme jugé excessif sur la Banque centrale ou les prix de l’énergie.
Après une forte hausse du PIB en 2010 de 7,5%, la première économie d’Amérique latine, entrée en récession au premier semestre, s’apprête à clore sa quatrième année de faible croissance. Le PIB brésilien a augmenté en moyenne de moins de 2% sous le mandat de Mme Rousseff contre 4% sous ceux de son mentor et prédécesseur Luiz Inacio Lula da Silva.
“Il faut moins intervenir sur le marché des changes, moins sur les prix, mieux respecter les objectifs fixés pour l’inflation et gérer les finances publiques”, déclare à l’AFP l’expert Alberto Ramos, de Goldman Sachs.
A ces critiques, Dilma Rousseff répond que “ce ne sont pas les marchés qui votent” et que sa politique a permis de contenir le chômage à un niveau historiquement bas de 5% malgré un contexte international déprimé.
Elle a promis de remplacer son décrié ministre de l’Economie Guido Mantega et de relancer l’investissement, sans pour autant infléchir les grandes lignes de sa politique.
L’opposant de centre-droit Aecio Neves, le candidat des milieux économiques, promet lui un coup de barre libéral pour relancer la croissance et contenir l’inflation du Brésil.
élection présidentielle de dimanche, à Sao Paulo le 17 octobre 2014 (Photo : Nelson Almeida) |
Son futur ministre de l’Economie en cas de victoire dimanche, l’ex-président de la Banque centrale Arminio Fraga prône une série de mesures graduelles pour relanncer l’économie, en particulier une réforme fiscale exemptant d’impôts les importations et les investissements en infrastructures.
– Rigueur et investissements –
Les analystes jugent nécessaires de respecter l’excédent budgétaire primaire – qui sert à payer les intérêts de la dette -, surveillé de près par les organismes internationaux et dont l’objectif a été revu à la baisse.
André Leite, économiste chez TAG Investimentos, assure que l’un des secteurs clés pour relancer la croissance de la 7e économie mondiale est l’investissement dans des infrastructures qui ont 30 ans de retard.
Mais sans changer les règles du jeu, ajoute-t-il, comme on l’a vu faire dans la production d’électricité avec des modifications des tarifs et des concessions.
“Le prochain président devra montrer au marché des règles claires et stables, pour que les entrepreneurs puissent investir plus facilement”, dit-il.
“Le gouvernement actuel s’est focalisé sur la consommation interne et le crédit, et a oublié la productivité des entreprises. Nous avons une charge tributaire énorme, une main d??uvre chère et des problèmes de logistique. Le Brésil est un pays très cher et tout freine sa croissance”, affirme à l’AFP l’économiste Samy Dana, de la Fondation Getulio Vargas.
Le Brésil est passé du 4e au 5e rang mondial en matière d’investissements étrangers en 2013 selon l’ONU, le premier recul depuis 2009.
Son secteur industriel est en récession prononcée, avec des investissements en berne.
– Lutter contre l’inflation –
Le Brésil a dû progressivement relever son taux d’intérêt directeur à 11% l’an. Elle l’avait fortement abaissé en 2011 pour soutenir l’économie, mais la croissance n’a pas été au rendez-vous. Et l’inflation n’a cessé d’augmenter, jusqu’à 6,75% actuellement, au-delà du plafond officiel fixé à 6,5%.
“La Banque centrale n’est plus perçue aujourd’hui comme indépendante, ni comme faisant tout pour contrôler l’inflation”, estime Leite, une opinion partagée par l’équipe de Neves.
Rousseff considère que “donner de l’indépendance” à la banque centrale reviendrait à en faire un “quatrième pouvoir”. Ce qui déboucherait selon elle sur une nouvelle hausse des taux et une montée du chômage.
L?équipe de Neves veut réduire le poids très important des banques publiques de développement, surtout celui de la BNDES, laquelle finance des projets qui pourraient revenir aux banques privées.
Mais Rousseff n’est pas d’accord, se demandant “qui va financer l’infrastructure et le logement social avec des faibles taux d’intérêts”.
Même si Aecio Neves jure ses grands dieux qu’il ne touchera pas aux programmes sociaux, l’argument porte auprès des 50 millions de Brésiliens démunis qui en bénéficient et ont vu leurs conditions de vie s’améliorer en 12 ans de gouvernements de gauche du Parti des travailleurs.