à Vauchretien (Photo : Jean-Francois Monier) |
[23/10/2014 13:20:29] Paris (AFP) La France va retrouver en 2014 son rang de première puissance mondiale du vin dans une année qui s’annonce pourtant “moyenne” et en retrait après les records de 2013, selon les estimations de l’Organisation mondiale du vin.
La planète vins anticipe cette année une récolte de 271 millions d’hectolitres après 287 millions (chiffres confirmés en fin de campagne) l’an passé, principalement en raison d’aléas climatiques, a indiqué jeudi le directeur général de l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), Jean-Marie Aurand.
Mais le tableau général fait l’affaire de la France: alors qu’elle sort de deux années difficiles avec des productions contraintes par les pluies et la fraîcheur notamment, l’OIV la place de nouveau en tête de la production mondiale avec 46,1 millions d’hectolitre (en hausse de 10%) quand ses deux principaux concurrents, l’Italie et l’Espagne, enregistreront probablement une baisse respective de 15% et 19%, à 44,4 Mhl pour les vignobles transalpins (au lieu de 52,4 en 2013) et 37 millions pour les espagnols (contre 45,6 en 2013).
Hormis en France et en Allemagne, dixième producteur mondial, avec près de 10 Mhl (+16%), l’année est difficile pour l’Europe surtout à l’est avec des baisses attendues de 30% en Bulgarie et Croatie.
Les Etats-Unis, quatrième producteur mondial, se maintiennent à un niveau “élevé” à 22 Mhl (-4%) malgré le séisme en Californie et la sécheresse.
Dans l’hémisphère sud, l’élément le plus marquant est sans doute le recul de la production chilienne (-22% à 10 Mhl, 9e mondial) alors que le pays est en croissance constante depuis 2010 et reste 10% au-dessus du niveau de 2010 (contre 13% en 2013).
L?Australie enregistre une légère hausse (+2%) à 12,6 Mhl, après plusieurs années de sécheresse qui l’avaient conduite à arracher des plants. Mais c’est surtout son petit voisin la Nouvelle Zélande (13e mondial) qui poursuit sa progression et prévoit cette année un bond de 29% à 3,2 Mh: “malgré ces volumes relativement faibles, elle arrive même à exporter en Australie”, souligne M. Aurand.
“Il ne s’agit que d’estimations” pour le moment, insiste-t-il, rappelant qu’il y a “loin de la grappe au verre” et que certains producteurs peuvent décaler la vinification de plusieurs mois après la récolte.
A ce stade, aucune estimation n’a été fournie par la Chine, qui avait produit 11,7 Mhl en 2013 (sur 600.000 ha de vignobles) et devrait se situer au 7e rang mondial cette année (5e l’an passé).
Parmi les dix premiers producteurs de vins mondiaux, qui représentent 80% de la production mondiale souligne l’OIV, quatre sont du “Nouveau Monde”: Argentine (5e), Australie (6e), Afrique du Sud et Chili (8 et 9e).
Tous, comme les Etats-Unis d’ailleurs, sont considérés en “croissance tendancielle” sur les quinze dernières années – à l’inverse des Européens, qui ont beaucoup arraché.
Quant à la consommation, elle est difficile à chiffrer avant les fêtes de fin d’année, qui représentent parfois un tiers de la saison, rappelle l’expert. Mais, après le coup d’arrêt enregistré en 2008-2009, lié à la crise, elle semblerait frémir de nouveau et repasser à 243 Mhl, franchissant le niveau des 240 Mhl auquel elle était retombée, après avoir dépassé les 250 Mhl en 2007.
La Chine, 5e consommateur mondial (et 8e producteur) a moins importé en 2013 malgré une production nationale plus réduite: sans doute les opérateurs ont-ils liquidé d’importants stocks sur place, avance l’OIV. “Le nombre de consommateurs ne cesse d’augmenter et la Chine reste un marché important quoi qu’il arrive”, juge M. Aurand.
Pour lui l’avenir est tout à fait garanti: le vin représente en valeur 75 milliards d’euros dans le monde et les échanges internationaux – 100 Mhl chaque année – 25 milliards d’euros, “l’équivalent de 400 Airbus A320” souligne-t-il.
Il y a dix ans, les vins exportés représentaient un quart de la consommation mondiale contre 40% aujourd’hui: ce qui signifie que sur cinq bouteilles bues, deux sont importées d’ailleurs.