Logo de Google France (Photo : Joel Saget) |
[23/10/2014 15:41:36] Paris (AFP) L’Open Internet Project (OIP), regroupant quelque 500 entreprises et organisations du numérique, a mis en demeure jeudi Google France de cesser ses “agissements parasitaires” et le détournement d’une partie de l’audience des sites ou médias indexés par son moteur de recherche.
L’OIP réclame l’arrêt de l’utilisation de la “Search Box”, une nouvelle fonctionnalité du moteur de recherche déployée sans l’accord explicite des éditeurs de sites, sans quoi il menace le groupe de “suites administratives et judiciaires”, dans une lettre envoyée à Nick Leeder, directeur général de Google France jeudi et dont l’AFP a obtenu une copie.
Interrogé par l’AFP, Google France a indiqué n’avoir pas reçu la mise en demeure et n’a donc pas apporté de réponse immédiate à ces revendications.
La “Search Box” lancée au mois de septembre en France, est un cartouche qui apparaît sous le résultat de recherche de certaines marques ou médias dans Google.fr pour offrir une recherche intégrée parmi les contenus des sites, mais aboutit en fait à une nouvelle page Google assortie de publicités.
“Vous utilisez ces informations non pas pour indexer leurs pages mais (…) pour détourner une partie de leur audience au profit de votre moteur de recherche”, dénonce la lettre.
Google profiterait de la notoriété des marques recherchées par les internautes pour garder les utilisateurs sur son moteur de recherche et les exposer à la publicité vendue aux annonceurs, selon l’OIP.
Ce moteur de recherche “trompe l’utilisateur” qui pensait accéder directement aux pages du site recherché, crée de nouveaux revenus pour Google et diminue en regard les revenus publicitaires qui auraient pu revenir aux sites recherchés par l’internaute, s’inquiètent les membres de l’OIP.
Google reconnaît avoir commencé à partir du 5 septembre à étendre la fonction Search Box, qu’il présente comme destinée à faciliter la navigation des internautes.
Le groupe travaille sur un “opt out”, une possibilité pour les sites d’échapper à cette fonctionnalité, qui est d’ores et déjà paramétrable, souligne-t-il.
L’OIP, un regroupement essentiellement franco-allemand fédérant de grands groupes de médias (Axel Springer, Lagardère Active ou CCM Benchmark), en passant par le Geste, syndicat des éditeurs de contenus en ligne, celui des tour-opérateurs (Seto) ou encore la Fédération française des télécoms (FTT), est par ailleurs partie prenante d’une plainte contre Google devant la commission européenne pour entrave à la concurrence.
“Le but de l’OIP ce n’est pas d’être anti-Google, mais c’est de faire en sorte qu’ils n’abusent pas de leur position dominante” pour que l’internet reste ouvert, a déclaré à l’AFP Benoît Sillard, PDG de CCM Benchmark et cofondateur de l’OIP.
Pour l’entrepreneur, la “Search Box” est une illustration de l’exploitation par Google de son quasi-monopole sur les moteurs de recherche “pour un détournement de valeur ajoutée”.
“Il faut un vrai moteur de recherche neutre”, a-t-il souhaité tout en précisant que les membres de l’OIP ne souhaitent pas que Google cesse d’indexer leurs sites.
Au-delà de ce différend, l’OIP réclame une régulation plus importante des activités de Google au niveau européen ou même un démantèlement du groupe.
“Il faut que quelqu’un soit capable de faire respecter les règles. Aujourd’hui c’est le Far West, on se fait tirer dessus et il n’y a pas de sherif!”, a-t-il déploré.