Après la délocalisation, voici venu le temps de la colocalisation. Pour célébrer son quarantième anniversaire, la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI) a choisi de se faire le porte-voix d’un débat ancien mais qui revient avec force: “comment faire de l’Euromed un espace de co-production pour le bien commun et le profit bien partagé des pays et des peuples des deux rives du Mare Nostrum“.
La célébration du 40ème anniversaire de la plus ancienne des Chambres mixtes de Tunisie a donc été l’occasion d’organiser une «conférence économique» sur «la colocalisation en Méditerranée».
Une initiative prise en partenariat avec l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (IPEMED) qui, souligne Foued Lakhoua, président de la CTFCI, «a su mettre en évidence le déséquilibre des relations» euro-méditerranéennes et proposé de passer de la délocalisation à la colocalisation. Qui, observe M. Lakhoua, est «un levier de compétitivité» susceptible de permettre de «créer de la valeur» en Tunisie et en France.
Face à «une crise profonde, il faut répondre par des solutions nouvelles», insiste le président de la CTCFCI, et l’une d’entre elles est justement «une stratégie de colocalisation».
Pour ce faire, on ne partira pas d’une page vide. D’abord, «les relations économiques tuniso-françaises sont au beau fixe», rappelle François Gouyette, ambassadeur de France à Tunis. Qui, pour le prouver, énumère les nombreuses visites bilatérales des dernières semaines –dont en particulier celle du Premier ministre Manuel Valls, «sa première dans un pays non-européenne»-, et celles à venir.
Ensuite, la Tunisie et la France s’y sont déjà mises. Et ont, en la matière, d’après l’ambassadeur de France, «un parfait exemple». Il s’agit de l’Alliance pour le numérique, créée en juillet 2013 (en marge de la visite du président François Hollande en Tunisie), entre des entreprises tunisiennes et françaises du secteur des technologies de l’information et de la communication. Avec pour objectif «simple: aller des flux traditionnels» vers de nouvelles formes de partenariat.
Comme s’ils étaient conscients de la valeur symbolique et exemplaire de leur alliance –et ils le sont fort probablement-, les membres de ce regroupement ont fait du chemin en à peine un an.
En effet, «sur les 50 co-entreprises visées, pour développer des solutions innovantes pour les commercialiser sur des marchés tiers, 35 ont déjà vu le jour», se félicite M. Gouyette. Et six d’entre elles ont d’ailleurs participé, dans le cadre d’un pavillon franco-tunisien, au Gitex (Dubaï, 18-22 octobre), le salon des technologies de l’information et de la communication de Dubaï.
D’autres secteurs –agroalimentaire, logistique, ingénierie, etc.- pourront bientôt emboiter le pas aux membres de l’Alliance numérique, annonce l’ambassadeur de France. Mais ils le feront certainement avec une certaine prudence, discrétion et pédagogie. Car les adversaires de la délocalisation en France –également hostiles à la colocalisation- n’ont pas encore désarmé.