Victoire –écrasante, disent les premières estimations- de Nidaa Tounes lors de ces élections mémorables du 26 octobre 2014. Elles sont écrasantes de par leur dimension symbolique. Car, comment un parti, parti de rien en 2011, a pu atteindre un aussi grand niveau de popularité en si peu de temps et quelle réactivité de la part d’un peuple qui s’est senti à tel point menacé dans son modèle social, sa sécurité et son identité qu’il a très vite frappé? «Je n’aime pas beaucoup Nidaa Tounes, mais j’ai voté utile, j’ai voté une Tunisie orientée vers l’avenir et où les terroristes ne seront pas considérés comme des sportifs et les extrémistes ne seront pas perçus comme “nos enfants chéris qui rappellent notre jeunesse“».
Ce sont pratiquement ces mêmes phrases que l’on vous répétera lorsque, au hasard de conversations avec les gens du peuple, vous osez les questionner sur leur choix électoral. Beaucoup disaient de Nidaa Tounes: c’est le parti des pieds nickelés, eh bien ce parti, qui n’est pas bien entendu parfait, l’aurait emporté malgré les gros sous et les tentatives de fraude.
Le peuple tunisien n’est pas dupe et ceux qui se sont rendus aux urnes dimanche 26 octobre avaient saisi les enjeux d’un tel vote pour l’avenir de leurs enfants. Les femmes, il y en avait beaucoup. Les précisions qui seront apportées par l’ISIE à propos du nombre de participants, de leur âge et leur sexe, nous éclaireront peut-être beaucoup plus sur le taux de leur participation, mais leur forte présence ne fait aucun doute. Elles étaient là en tant que votantes, chefs de bureaux, observatrices, femmes soldats ou agents de l’ordre gardant les centres de vote.
Pour l’instant, point de résultats définitifs, on s’attend à ce que l’écart entre Nidaa Tounes et Ennahdha dépasse les 10 sièges dans la future Assemblée des représentants du peuple. Ce qui, selon la Constitution, permettra à ce parti, de former un bloc parlementaire majoritaire à même de choisir et le président du Parlement et le chef du gouvernement.
Pour l’heure, si Ennahdha occupe la 2ème position, en termes de nombre de sièges, toujours selon les premières estimations, il y aurait un chevauchement entre l’UPL de Slim Riahi et la Jabha, suivis ensuite de Afek.
Autre fait marquant des élections du 26 octobre 2014, comme le montrent les premières tendances, c’est la disparition pure et simple des partis Ettakatol, Al-Joumhouri et CPR. En effet, à force de mésalliances, ils ont perdu non seulement la confiance du peuple mais même celle de leurs propres militants qui auraient préféré aller rejoindre d’autres formations politiques.
Le jeu d’alliances, qui se jouera dans les prochains jours voire les prochaines semaines entre partis vainqueurs et alliés possibles, décidera de la stabilité et de la relance économique de la Tunisie. Espérons que les uns et des autres feront passer les intérêts du pays avant leur soif du pouvoir, des postes et leurs égos. Mais rien n’est encore définitif.
Ceci étant dit, il faudrait toutefois garder la tête froide et ne pas s’avancer car tout peut encore se jouer dans les centres de compilation, desquels l’ISIE aurait gardé, selon certaines sources, les observateurs à distance. Aucune assurance que les responsables et les agents de ces centres soient intègres ou incorruptibles. Nous en saurons encore plus dans quelques heures après que les observateurs de Mourakiboun, Atide, le Centre d’observation des avocats et d’autres ONG auront donné leurs conclusions.
Rappelons que Mehdi Jomaâ, chef du gouvernement, a créé le label «Start-up Democraty», il y a cru et, en ce 26 octobre, il l’a vécu.
Il a également promis aux Tunisiens de sécuriser le processus électoral, ce fut fait avec une efficience et une organisation digne des plus grands. Lui et son équipe n’ont pas failli.
Rendons aussi hommage aux 100.000 hommes et femmes des forces de l’ordre, toutes catégories confondues, qui ont rendu ces élections possibles et sans le moindre incident sécuritaire, s’il vous plaît.
Reconnaissons la grandeur de notre peuple, qui a bravé les menaces terroristes et n’a pas été intimidé par les dernières opérations de Oued Ellil. Notre peuple qui s’est levé très tôt le matin pour voter le futur de la Tunisie.
L’exception tunisienne existe bel et bien et prouve au monde entier qu’un peuple, plus de 3 fois millénaire, pacifiste, ouvert et tolérant, ne peut être entraîné dans l’extrémisme. Même si pendant les trois ans de règne d’Ennahdha et compagnies, toutes les vannes ont été ouvertes pour que nos jeunes deviennent de la chair à canon dans la guerre civile syrienne, et nos femmes deviennent des “femmes à soldats“ «hallal» pour des terroristes assoiffés de sang venant de tous les pays du monde.
La femme tunisienne, héritière d’Elyssa, la Kahena, Ouroua Al Kairayaounia, Saïda Manoubia et Aziza Othmana, sera et restera toujours la gardienne du “Temple Tunisie“. Et les quarantenaires, cinquantenaires, sexagénaires et septuagénaires, ces générations Bourguiba qui ont défilé devant les bureaux de vote ont opposé un non définitif à toute tentative de renvoyer la Tunisie aux méandres du Moyen-âge et de laisser le pays en bute aux extrémistes formatés à l’idéologie des Frères musulmans dont la seule patrie est leur doctrine, rappelant en cela la secte des Assassins de Hassan Assabbah!
Pour terminer, rendons grâce à la résistance du peuple syrien qui a pu faire face à l’invasion des hordes de terroristes sanguinaires payés par le pétrole et le gaz qataris et à la perspicacité du général Essissi qui s’est rendu compte que les Frères musulmans pouvaient mener le monde arabe au chaos et à la destruction..