à Londres (Photo : Carl Court) |
[30/10/2014 11:51:17] Londres (AFP) Barclays a enregistré 500 millions de livres de provision pour faire face à de probables amendes pour des manipulations sur le marché de change, allongeant la liste des banques européennes qui, d’UBS à Deutsche Bank, voient leurs résultats gâchés par les scandales.
La deuxième banque britannique en terme d’actifs a annoncé jeudi avoir provisionné cette somme, équivalente à 633 millions d’euros, dans le cadre d’une affaire internationale où plusieurs grands noms de la finance sont cités.
Dans ce scandale, qui fait suite à celui de manipulation du taux interbancaire Libor, les enquêteurs de plusieurs pays soupçonnent une entente illicite entre des cambistes, qui auraient utilisé des forums de discussion sur internet et des messageries instantanées pour se concerter afin d’influencer en leur faveur le taux de référence quotidien WM/Reuters.
La Grande-Bretagne est particulièrement concernée par cette affaire car 40% des échanges de devises -5.300 milliards de dollars de transactions par jour- passent par la City de Londres, aussi les autorités y ont-elles ouvert des enquêtes réglementaire et pénale.
D’après des articles de presse parus fin septembre, Barclays négocierait, tout comme cinq autres grandes banques internationales (dont les britanniques RBS et HSBC et la suisse UBS), avec le régulateur britannique pour trouver un règlement négocié à ce sujet qui pourrait dépasser au total le milliard de livres.
Il s’agit d’une des nombreuses affaires qui ont ou vont coûter cher à Barclays, dont le bénéfice net au troisième trimestre a flanché d’un quart, à 379 millions de livres (480 millions d’euros).
A l’occasion de la présentation de ces résultats jeudi, la banque britannique a expliqué avoir provisionné en effet 170 millions de livres supplémentaires (215 millions d’euros) pour indemniser des clients lésés par la vente forcée d’assurances crédit dites PPI (“Payment Protection Insurance”).
Dans cette affaire spécifiquement britannique, une autre banque de ce pays, Lloyds, a annoncé mardi avoir passé des provisions supplémentaires, portant le total des montants mis de côté à pas moins de 11,325 milliards de livres (14,35 milliards d’euros) pour ce seul établissement.
– Changes, Libor, métaux précieux… –
Mais au-delà du Royaume-Uni, de nombreux établissements financiers européens sont touchés par cette vague de redressement intentés par les diverses autorités nationales, en partie pour corriger les excès mis en lumière par la crise financière internationale de 2008-2009.
ée de la banque UBS à Zurich (Photo : Fabrice Coffrini) |
Mardi, UBS a ainsi annoncé avoir constitué au troisième trimestre des provisions de 1,8 milliard de francs suisses (1,5 milliard d’euros) pour couvrir une série de litiges et questions réglementaires.
La liste de ces soucis comprend, outre les enquêtes sur les changes, des investigations aux États-Unis concernant la vente de produits financiers adossés à des crédits immobiliers et des procédures dans la gestion de fortune en Belgique et en France, pays où la banque a été mise en examen pour blanchiment aggravé de fraude fiscale et a dû verser une caution de 1,1 milliard d’euros.
UBS a malgré tout réussi à dégager un bénéfice net en forte hausse au troisième trimestre, grâce à un crédit d’impôt, mais les provisions pour enquêtes en cours ont à l’inverse précipité Deutsche Bank dans le rouge, d’après ses résultats publiés mercredi.
Le numéro un allemand du secteur a passé dans ses comptes du troisième trimestre une provision de 894 millions d’euros liée aux litiges juridiques. En grande partie non-déductible fiscalement, cette provision a alourdi en outre de plus de 300 millions d’euros la facture fiscale de Deutsche Bank.
Son nom est lui aussi cité dans une multitude d’enquêtes internationales pour manipulation, du Libor aux marché des changes, en passant par les métaux précieux.
Ces déclarations de provision interviennent au moment où les administrations fiscales européennes élargissent leurs recherches sur d’éventuels soutiens apportés par de grandes banques internationales à l’optimisation fiscale de clients, via des produits boursiers complexes.
D’après le Wall Street Journal, les autorités allemandes, qui mènent le bal, auraient convaincu leurs homologues d’autres pays, en particulier la Suisse et le Royaume-Uni, d’interroger plusieurs grands établissements financiers à ce sujet.