Une évidence: les récentes législatives ont été, avant tout, une très belle victoire contre les mouvements terroristes, particulièrement contre l’organisation Ansar Chariaa qui avait, clairement, menacé de saboter ce rendez-vous électoral et mobilisé, à cet effet, tous les moyens, y compris les femmes et enfants kamikazes -allusion aux affrontements qui ont eu lieu dans la zone de Chabou de la ville d’Oued Ellil (Ouest de Tunis). Ces affrontements avaient fait 7 morts dont un policier lequel avait hésité de tirer sur une femme terroriste armée tenant un enfant, hésitation qui lui a été fatale.
Les effets géostratégiques de ces législatives sur toute l’Afrique du Nord ne manqueront pas de se manifester.
Au plan intérieur, avec la stabilisation du pays que favorisera le nouveau Parlement élu démocratiquement, la liberté d’action de ces mouvements terroristes sera de plus en plus réduite jusqu’à leur anéantissement total.
D’ailleurs, leur capacité de nuisance n’a cessé de diminuer avec l’avènement du gouvernement des technocrates et l’identification anticipative, dans toutes les régions du pays, d’essaims dormants de terroristes.
Conséquence: l’espace dans lequel ces terroristes évoluent s’est considérablement rétréci. A preuve, la tentative avortée, dernièrement, de certains terroristes cachés sur les hauteurs de Jendouba de s’approvisionner dans la ville et la réaction immédiate des forces de police, prouve que les quelques résidus de terroristes qui résistent sont de plus en plus isolés et de plus en plus confrontés à de sérieuses difficultés dont l’absence de logistique et la rudesse du climat.
La marge de manœuvre des terroristes pourra encore être réduite de manière significative si le gouvernement Mehdi Jomaa s’emploie à appliquer, avec plus de rigueur, les clauses de la feuille de route du Dialogue national, particulièrement en ce qui concerne la neutralité des mosquées où certains imams-prédicateurs «daechistes» continuent à appeler au Jihad et à apostasier les Tunisiens.
Impact géostratégique
Au plan géostratégique et régional, le succès des législatives tunisiennes devait porter, normalement, un coup dur aux fréristes libyens représentés par le mouvement «Adala et Binaa» (justice et construction) et ses bras armés Ansar Chariaa et les révolutionnaires du 17 février. Une raison principale milite en faveur de ce scénario : ce succès a coïncidé avec la victoire des troupes du général Khaftar sur les groupes terroristes de Benghazi.
Moralité : l’étau se resserre, désormais, autour des fréristes libyens. A l’est, ils ont un régime égyptien réputé pour son opposition aux mouvances terroristes d’obédience islamiste. A l’ouest, ils auront en face des frontières fermées avec l’Algérie et des frontières contrôlées avec la Tunisie (deux zones militaires isolées au sud et au sud-est).
Tout porte à croire que les milices terroristes libyennes, persuadées de la fatalité de leur défaite au nord du pays, vont se redéployer au sud et retrouver leurs fiefs au nord du Mali, du Niger et du Soudan.
Cela pour dire que le succès des législatives tunisiennes 2014 a été un évènement majeur. D’abord, pour les Tunisiens. Ces derniers vont retrouver la stabilité et renouer, sur de nouvelles bases solides, avec la paix, la croissance et la coprospérité. Désormais, forts d’un processus démocratique construit comme un édifice, pierre par pierre (Assemblée constituante, Constitution consacrant la séparation des trois pouvoirs, mise en place des institutions régulatrices, élections législatives…), les Tunisiens peuvent s’enorgueillir de leur exploit, celui-là même qui consiste à dissuader le retour de toutes les injustices antérieures: clientélisme, régionalisme, népotisme, corruption à tous les niveaux…
Enfin, ce scrutin, reconnu internationalement, va impacter, à court terme, certes le terrorisme mais ne manquera, au regard de sa qualité pacifique et civilisationnelle, d’inspirer, à long terme, d’autres pays. La Tunisie ne peut que s’en réjouir.
Ceci étant, la vigilance doit être de mise, des cellules terroristes dormantes, la Tunisie en regorge. Il ne faut pas se leurrer.