«Je suis pour une alliance entre la présidence et le prochain gouvernement. Nous devons agir de concert pour servir les intérêts de notre pays et éviter de nous embourber dans des polémiques stériles à propos des prérogatives des uns et des responsabilités des autres. Les élections récentes ont prouvé au monde entier le haut degré de civisme du peuple tunisien et surtout son refus de l’hégémonie d’un seul parti. C’est ce qui explique que tout en votant pour les partis progressistes et modernistes, il n’a accordé de majorité à aucun des partis en lice lors des récents suffrages. Une preuve de sagesse et de discernement que beaucoup de pays par le monde nous envient».
C’est ainsi que s’est exprimé, lors d’une conférence de presse organisée jeudi 30 octobre à Tunis, Mustapha Kamel Nabli, candidat à la prochaine élection présidentielle.
Estimant qu’il fallait s’attendre à des difficultés quant aux alliances et coalitions entre partis vainqueurs pour constituer une majorité confortable permettant de gouverner en toute sérénité, MKN a déclaré que le peuple tunisien a besoin d’un président indépendant qui rallie autour de lui toutes les composantes de la société.
«Pourquoi une conférence de presse aujourd’hui? Parce qu’il nous paraît important de communiquer autour du déroulement des élections législatives qui se sont globalement déroulées dans de bonnes conditions et nous positionner quant à l’élection présidentielle. Unir les législatives à la présidentielle pourrait être risqué pour notre pays».
«Les leçons à tirer de ces dernières élections est que le peuple tunisien, qui a participé à hauteur de près de 70%, estime MKN, ce qui est assez raisonnable, a pénalisé le leadership politique “Troïka-Constituante“ pour leur exercice durant les trois années de leur règne. Il a su faire la différence et a voté pour les partis modernes prônant la civilité de l’Etat, la tolérance et l’ouverture. Il a choisi ce qui est le plus utile pour le pays. La conscience profonde du peuple et sa capacité à s’adapter et adopter aussi rapidement les mécanismes démocratiques sont admirables dans le sens où elles ont prouvé sa grande réactivité face au développement des événements dans notre pays dans un contexte géostratégique délicat».
Les Tunisiens ont choisi de nouveaux partis ou ceux qui se sont renouvelés et adapté à la nouvelle réalité. Pas de majorité pour qu’il n’y ait pas exclusivité ou exclusion dans l’exercice du pouvoir, a insisté MKN qui n’a toutefois pas manqué de complimenter chaleureusement Nidaa Tounes. Le seul parti qu’il a nommé le complimentant pour sa victoire. Serait-ce un appel du pied de MKN ou un clin d’œil à l’adresse des électeurs de Nidaa Tounes pour qu’ils ne confondent pas législatives et présidentielle et accordent leur confiance aux leaders adaptés au contexte et aux responsabilités de la fonction parlementaire ou présidentielle? La question se pose.
MKN n’a pas non plus manqué de rendre un vibrant hommage aux forces de l’ordre et à l’armée nationale qui ont été des acteurs clés dans la réussite des élections, ont épargné au pays d’autres bains de sang et ont offert des martyrs à la nation. Il n’a pas été, non plus sans saluer la société civile pour son rôle d’observateur vigilant, surveillant sans répit le déroulement des élections transparentes… «malgré certaines transgressions et défaillances».
Un Président sans prérogatives? Il n’en est rien, rétorque MKN. «La Constitution n’a pas dénué le président de toutes ses prérogatives. Il en a et de très importantes. Les Tunisiens veulent une nouvelle vision, de l’emploi, de la sécurité, et la réduction du coût de la vie. En agissant pour plus de sécurité, en veillant à l’unité nationale, en évitant les clivages entre les régions et les classes sociales, en défendant la stabilité du pays, on agit sur l’économique et le social. Le président est responsable de la préservation des acquis républicains, du repositionnement de la Tunisie au national et à l’international, et de la continuité de l’Etat. Vous pensez que c’est une mince affaire?»
Mieux encore, indique M. Nabli, le nouveau paysage politique du pays a mis en exergue deux pôles qui ne peuvent gouverner aisément, et il y a de fortes possibilité que la constitution d’un gouvernement équilibré pose problème, d’où le rôle et le poids d’un président garant des équilibres et non partisan.
Pourrait-il accepter une offre pour occuper le premier siège de La Kasbah? La réponse est, à première vue, sans équivoque et sans appel: «Je n’ai reçu aucune proposition dans ce sens et je ne me suis pas projeté dans le rôle de chef de gouvernement. Ma décision de me présenter à l’élection présidentielle fut prise après mûre réflexion et nombre de discussions avec des observateurs avisés de la scène politique dans notre pays. Maintenant que je m’y suis engagé, pas de marche arrière et, surtout, je voudrais que l’on sache que pour moi, ce n’est pas autant le poste présidentiel qui a déterminé mon choix que ma détermination à préserver notre patrie à tous: la Tunisie».
Clair comme de l’eau de roche!