Le Sénégal a réalisé des progrès significatifs dans les infrastructures, notamment dans les domaines routiers et portuaires, mais il reste à faire. De grands défis restent à relever au cours de la décennie, pour des dépenses annuelles estimées par l’Étude diagnostique des infrastructures nationales en Afrique (Africa Infrastructure Country Diagnostics, AICD) à près de 2 milliards de dollars américains par an, et dont plus de la moitié concerne le sous-secteur de l’énergie.
Dans le sous-secteur des transports, en dépit du renforcement du cadre institutionnel, avec la mise en place et l’opérationnalisation du Fonds d’entretien routier autonome et la mutation de l’Agence autonome du transport routier en Agence des travaux et de gestion des routes, l’entretien routier et les conditions d’ensemble dans les corridors doivent encore être améliorés.
Pour atteindre le niveau de compétitivité visé, «l’Etat doit effectivement relever le défi des infrastructures. Les secteurs et sous-secteurs concernés sont ceux de l’énergie, des transports (routes, ports et aéroports), des télécommunications»…
L’énergie, défi de la décennie
Le sous-secteur de l’énergie continue de traverser une crise profonde et complexe engendrant des dysfonctionnements continus sur l’ensemble de la filière. Un plan d’urgence électricité 2011-2015, appelé Plan Takkal, issu du diagnostic du secteur réalisé en 2009, fut élaboré. En 2011, les coûts de la crise énergétique ont été estimés à 1% de croissance. Dans le moyen terme, ce coût pourrait passer à 2% de croissance annuelle si aucune mesure n’est prise pour inverser cette tendance.
«Les nouvelles autorités sont convaincues du rôle majeur de l’énergie pour une économie compétitive et sont résolues à réaliser l’ambition d’émergence du Sénégal»…
Ainsi, au titre de la production de l’électricité, l’accent devrait être mis sur la diversification des sources d’énergie primaire et sur une politique de mix énergétique, associant les énergies fossiles (charbon et hydrocarbures liquides et gazeux), l’énergie hydraulique et les énergies renouvelables, notamment solaire, éolienne et de biomasse…
Désenclaver et entretenir le réseau routier
Au niveau du secteur des transports, les infrastructures routières constituent un réseau classé de 14.959 Km. Toutefois, «le sous-secteur souffre entre autres handicaps de l’inexistence d’un schéma routier directeur, de l’obsolescence des textes de lois régissant le classement routier, du défaut de maintenance régulière et de la surcharge des camions qui accélère la détérioration des routes, de la faiblesse des normes de sécurité routière, de l’insuffisance des financements».
Pour y pallier, le Sénégal devra se pencher sur le désenclavement de ses régions voire par-delà à travers l’inter-continentalité, poursuivre sa politique de maillage du territoire, ouvrir des corridors, mettre en application les charges à l’essieu et mobiliser des financements…
Le portuaire face à la faible rentabilité de la desserte côtière
Pour le portuaire, avec un littoral de 700 km, le Sénégal est doté d’un grand port en eau profonde, le port autonome de Dakar (PAD), centre nerveux du commerce extérieur et du transit intra régional et d’un réseau de transport fluvial.
Le sous-secteur des transports maritimes concentre 95% des échanges internationaux (importations et exportations) du Sénégal, avec le renforcement de la plateforme portuaire composé du PAD et de six ports secondaires…
Avec le contrat du terminal à conteneurs, le Sénégal peut accueillir des gros navires de 3ème génération et le PAD peut se positionner comme port d’éclatement de l’Afrique de l’Ouest avec une capacité pouvant atteindre 1.500.000 conteneurs…
Développer les services aéronautiques et les infrastructures aéroportuaires
Le réseau aérien du Sénégal compte actuellement l’aéroport international de Dakar -l’aéroport Léopold Sédar Senghor-, quatre aéroports de moyenne importance et douze aérodromes secondaires.
Pour résoudre les problèmes de lenteur et de saturation du trafic de l’aéroport Léopold Sédar Senghor et dans la perspective de faire de Dakar un hub aérien, le Sénégal construit un nouvel aéroport moderne dont la capacité est estimée à 3 millions de passagers par an et dont la mise en service est prévue au cours de cette année 2014.
Dans cette perspective, les nouvelles autorités se sont fixées comme objectif en matière de transport aérien de développer les services aéronautiques et les infrastructures aéroportuaires…
Infrastructures des télécommunications, un dynamisme accru
L’environnement des TIC au Sénégal se caractérise par un dynamisme des services et une croissance du trafic. De 38.132 souscripteurs à des fréquences fixes d’Internet, en 2007, ce nombre est passé à 92.713 en 2011. Pour ce qui est des utilisateurs d’Internet, leur nombre est passé de 883.548 en 2007 à 2.234.322 en 2011.
Cependant, le dynamisme du sous-secteur demeure confronté à certaines contraintes, notamment: l’absence d’une stratégie nationale des TIC; un cadre réglementaire peu favorable à la prise en compte des évolutions technologiques; l’absence d’un observatoire du numérique capable de fournir une information complète sur le secteur des TIC et son apport à l’économie; et l’absence d’un plan de formation aux métiers dans les métiers spécifiques aux TIC et télé-services.
Selon le rapport 2012 du Forum économique mondial sur les technologies de l’information, le Sénégal est classé 100ème sur 142 pays avec un score de 3,4 (sur 7), présentant ainsi un résultat moyen, tout à fait honorable, au-dessus des autres PMA…
Sauter le pas en matière d’environnement institutionnel et réglementaire
Le Sénégal a choisi d’améliorer le climat des affaires avec de vigoureuses réformes, sous l’impulsion du Conseil présidentiel de l’investissement. Celles-ci ont donné des résultats encourageants entre 2003 et 2012 dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication et les transports, qu’il convient de renforcer et de consolider…
Dans le cadre de l’harmonisation de la règlementation applicable aux TIC dans l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Sénégal a ratifié en 2007 l’acte additionnel relatif à l’accès et à l’interconnexion des réseaux et services du sous-secteur des TIC.
Le Sénégal applique également les 6 directives de l’UEMOA sur l’interconnexion. Toutefois, comme indiqué plus haut, le dynamisme du sous-secteur demeure confronté à certaines contraintes (absence d’une stratégie nationale des TIC, cadre réglementaire ne favorisant pas la prise en compte des évolutions technologiques, absence d’un observatoire du numérique capable de fournir l’information complète sur le secteur des TIC et son apport à l’économie, absence d’un plan de formation aux métiers dans les métiers spécifiques aux TIC et télé-services).
Impacts des infrastructures sur la compétitivité
La productivité et la compétitivité sont essentielles pour le développement du secteur privé. En effet, «l’amélioration de la disponibilité, de l’accessibilité et de la qualité des infrastructures réduit de manière significative les coûts et la qualité des facteurs de production, qui sont importants pour la décision d’investir dans les facteurs de production».
En effet, «pour que les entreprises sénégalaises soient performantes dans un monde globalisé, elles doivent s’appuyer sur des infrastructures routières, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires, offrant des coûts abordables. Elles leur permettront aussi bien d’importer et d’exporter des biens et services de consommation intermédiaire sur les marchés que de faciliter le mouvement de main-d’œuvre».
A ce titre, le pays a mis en branle un ambitieux programme de développement des infrastructures pour combler leur déficit (par l’acquisition d’infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires) et de favoriser la compétitivité qui a déjà un impact positif sur la mobilité interne et la productivité des entreprises.
Source : BAD