La Direction générale des statistiques de la Banque centrale de Tunisie (BCT) vient de publier un document présentant les principaux indicateurs conjoncturels de la Tunisie, au cours des 9 premiers mois de l’année 2014, à l’approche de la prise de fonction du nouveau gouvernement issu des élections législatives.
Dans ce document, dont une copie est parvenue à l’Agence TAP, la BCT prévoit un faible taux de croissance économique pour l’année 2014 et des taux élevés de l’inflation et du chômage.
La BCT relève également la persistance de la fragilité des paiements extérieurs de la Tunisie, notamment avec l’aggravation du déficit courant qui est comblé par l’endettement extérieur au vu de la régression de l’investissement direct étranger (IDE), contribuant ainsi à la hausse des indicateurs de l’endettement.
Faible taux de croissance
Pour cette année 2014, la BCT prévoit un taux de croissance de 2,4%, précisant que ce taux a atteint 2% durant le deuxième trimestre 2014 en glissement annuel résultant de l’effet conjugué de l’accroissement de la valeur ajoutée dégagée, notamment par les secteurs des services marchands (+3,8%) et de l’agriculture et pêche (+1,0%) et la baisse enregistrée au niveau de l’industrie non manufacturières (-5,8%).
Par ailleurs, en glissement annuel, le taux d’inflation se situe à 5,6% à fin septembre 2014 contre 6,2% durant la même période de l’année 2013. Selon les prévisions de la BCT, le taux d’inflation devrait atteindre 5,7% pour l’année 2014.
En ce qui concerne le taux de chômage, il a atteint 15,2% durant le premier trimestre 2014 contre 16,5% au cours de la même période de l’année 2013.
Aggravation des paiements extérieurs
Le document de la BCT note l’aggravation des paiements extérieurs, au cours des 9 premiers mois 2014, avec l’élargissement du déficit courant de 35,5%, pour s’élever à 5,84 milliards de dinars, soit 7,1% du PIB contre 4,31 milliards de dinars et 5,6% une année auparavant.
L’accroissement du déficit courant est essentiellement dû à la poursuite du creusement du déficit commercial de plus de 20,6% pour dépasser 10,5 milliards de dinars en raison de l’augmentation des importations de 6,2% et la quasi- stagnation de la valeur des exportations (+0,1%), entraînant ainsi un repli du taux de couverture de 4 points de pourcentage pour se situer à 66,4%.
En revanche, l’excédent de la balance des revenus des facteurs de production et des transferts courants s’est consolidé de 219 MDT pour atteindre 816 MDT. Cette croissance est expliquée par l’augmentation des recettes au titre des revenus du travail (transferts des Tunisiens à l’étranger) de 7,8% avec une baisse des dépenses au titre des revenus du capital de 5,8% pour se situer à 2,73 milliards de dinars, suite, notamment, au repli des dépenses au titre des transferts des sociétés pétrolières de 20,1% (soit 1,15 milliard de dinars), mais aussi en raison de la légère baisse des paiements s’agissant des intérêts de la dette à moyen et long termes (-1,3%) pour se situer à 628 MDT.
La balance des opérations en capital et financières et ajustements s’est nettement consolidée, au cours des 9 premiers mois 2014, pour s’élever à 7,06 milliards de dinars contre 2,95 milliards de dinars au cours de la même période de l’année 2013. Cette progression s’explique par une forte consolidation des tirages sur les capitaux d’emprunt à moyen et à long termes (MLT) qui ont dépassé, au cours des 9 premiers mois 2014, 4,5 milliards de dinars.
Plus de 37 milliards de dinars…
Ainsi, l’encours de la dette extérieure à MLT, compte tenu des engagements de la BCT, serait, au terme de 2014, de 37,17 milliards de dinars dont 23,67 milliards de dinars pour l’Administration.
Le taux d’endettement s’élèverait, par conséquent, à 44,1% contre 41% une année auparavant. La Tunisie a décaissé environ 1,55 milliards de dinars (944 millions de dollars) au terme des deuxième, troisième et quatrième tranches du prêt Stand-by accordé par le Fonds Monétaire International (FMI) et un crédit de 200 millions de dollars (près de 320 MDT) octroyé par la Turquie dans le cadre du programme d’appui budgétaire, outre un crédit de 500 millions de dollars (près de 859 MDT) au titre de la réalisation de l’émission obligataire assortie de la garantie du gouvernement américain.
En outre, le document de la BCT indique que les décaissements concernent un crédit de 181 millions d’euros (près de 416 MDT) accordé par la BIRD, ainsi qu’un dépôt d’un montant de 100 millions de dollars (près de 161 MDT) par la Banque d’Algérie auprès de la BCT.
La Tunisie a bénéficié, par ailleurs, de dons d’une valeur de 207 MDT, accordés par l’Union européenne (99 MDT), l’Agence française de développement (23 MDT) et l’Algérie (85 MDT).
Par ailleurs, la BCT indique que les dépenses engagées pour le remboursement de la dette à MLT ont cru de 26,8% pour se situer à 1,35 milliards de dinars.
Baisse des IDE de 12,6%
Les investissements directs étrangers (IDE) et les investissements de portefeuille ont enregistré, au cours des 9 premiers mois 2014, une baisse respectivement de 12,6% pour atteindre 1,20 milliards de dinars et de 27,5% pour se situer à 88 MDT.
La BCT explique cette baisse par le repli des flux des investissements dans le secteur énergétique (-11%), et ce essentiellement en relation avec le fléchissement de ceux réalisés dans le domaine de l’exploration et par une forte baisse des flux des investissements réalisés dans le secteur des industries manufacturières de 31,5%.
Les investissements dans le secteur des services ont connu une hausse de 18,9% par rapport à la même période de 2013, corrélativement avec l’augmentation du capital de la Banque nationale du Qatar-Tunisie (QNBT) d’un montant de 101 MDT et à l’acquisition par le fonds d’investissement «Abraaj» d’une participation majoritaire dans la Polyclinique Taoufik pour un montant de près de 50 MDT.
La répartition des IDE par secteur montre que le secteur énergétique se taille la part du lion pour représenter 61% du total des IDE, suivi des industries manufacturières (20%) et des services (18%).
Pour leur part, les investissements de portefeuille ont enregistré, au cours des 9 premiers mois 2014, une forte baisse pour se situer à seulement 88 MDT contre 122 MDT par rapport à la même période de l’année 2013.
En ce qui concerne les finances publiques, les statistiques de la BCT font état d’une atténuation du déficit budgétaire hors privatisation -dons extérieurs et revenus confisqués- durant les huit premiers mois de 2014, pour atteindre -47,3 MDT contre -939,1 MDT une année auparavant.
Les recettes propres ont enregistré, fin août 2014, une hausse de 10,9% contre une baisse de 0,7% durant la même période de l’année 2013. Le document montre, également, que les dépenses hors principal de la dette ont connu, une hausse des dépenses de fonctionnement de 2,2% contre 17,1% durant la même période de l’année 2013 et une quasi-stagnation des dépenses d’investissement (-0,6%) contre une hausse de 8,4% durant la même période de l’année écoulée.