Acheter directement des actions chinoises : les investisseurs impatients

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La Bourse de Hong Kong en janvier 2013 (Photo : Antony Dickson)

[04/11/2014 09:35:23] Paris (AFP) Acheter directement des actions chinoises depuis l’étranger constitue la prochaine étape, attendue avec impatience par les investisseurs occidentaux, dans le processus progressif d’ouverture de la Chine à la finance internationale.

L’annonce par les autorités chinoises la semaine passée du report du dispositif, baptisé Shanghai Hong Kong Connect, sur fond de manifestations à Hong Kong n’a pas refroidi les ardeurs.

D’autant que personne ne doute vraiment de l’entrée en vigueur du dispositif qui permet à la fois aux investisseurs internationaux d’avoir accès directement à des titres cotés à Shanghai et aux Chinois d’acheter des actions cotées à Hong Kong.

Le patron de la Bourse de Hong Kong, Chow Chung-kong a d’ailleurs affiché sa confiance: le Shanghai Hong Kong Connect “va être mis en place mais il faut juste attendre un peu plus”, a-t-il assuré à l’AFP. Le maire de Shanghai, Yang Xiong, a également affirmé que les préparatifs étaient activement en cours.

“Les investisseurs étrangers sont encore très peu présents en Chine et ne représentent que 4% du PIB du pays contre 86% aux États-Unis, l’inauguration de ce nouveau programme constitue donc un facteur d’appel vraiment très novateur”, souligne Hervé Liévore, un stratégiste de HSBC Global Asset Management, basé à Hong Kong.

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à Paris, le 28 octobre 2014 (Photo : Eric Piermont)

Ce dispositif “va ouvrir un nouveau canal pour que l’épargne mondiale puisse être dirigée vers les actions chinoises d’une part mais également pour que l’épargne chinoise, qui pour l’instant est essentiellement en liquide et investie en biens immobiliers, puisse être progressivement réorientée vers d’autres supports”, poursuit-il.

Selon lui, “le point commun de tous les programmes précédents était que seuls les organismes financiers étaient autorisés à se positionner et l’investisseur final chinois ou étranger n’avait donc pas vraiment de contrôle sur la nature des actions acquises”.

“Quelque chose de nouveau est donc en train de se passer et c’est également un moyen de pouvoir parier sur le développement futur de l’économie chinoise dont les perspectives restent relativement favorables”, estime-t-il.

– “Extrêmement important”-

Un enthousiasme partagé par Arnaud de Bresson, le délégué général de Paris Europlace: “C’est pour nous un événement extrêmement important”.

“Cette ouverture s’intègre en outre dans un ensemble cohérent autour de l’internationalisation du yuan, et les acteurs financiers français se sont organisés avec Paris Europlace pour faire de Paris un centre leader en Europe” sur ces thématiques, relève-t-il.

Comme à chaque fois le gouvernement chinois a procédé par étapes et le dispositif est encore limité.

“L’enveloppe totale en direction de Shanghai est de 300 milliards de yuans et le mouvement inverse vers Hong Kong est limité à 250 milliards de yuans. A Shanghai, 568 titres sont concernés sur un total de 969, soit un accès large à la cote locale. A Hong Kong, 266 titres sont concernées sur un total supérieur à 1.700”, détaille M. Liévore.

Et “pour contrer la spéculation, un titre acheté ne peut être revendu dans la même journée”, explique-t-il encore.

Mais si les contraintes sont encore nombreuses, les investisseurs étrangers retiennent surtout qu’il s’agit d’une étape qui conduira à d’autres avancées.

“La stratégie des autorités chinoises est, comme à chaque fois, progressive pour préserver la sécurité et la stabilité du système” et “il y a des quotas certes, mais cela ouvre la voie aujourd’hui à Shanghai et à Hong Kong et demain probablement aussi à Shenzhen”, juge ainsi M. Bresson.

Une attente à laquelle M. Chow fait écho: “ce n’est qu’un début”. “Nous commencerons donc avec des garde-fous et si tout se passe bien, d’autres places seront intégrées, comme par exemple Shenzhen et plus d’actions seront accessibles”, déclare-t-il.

Mais alors que certaines entreprises chinoises ont encore du chemin à parcourir en matière de transparence financière, un tel placement représentera-t-il un risque pour l’épargnant ?

“La Chine reste un marché émergent, avec donc une volatilité plus importante”, nuance M. Liévore.

Et “il est clair que nous avons peu de familiarité avec nombre des sociétés cotées en Chine et que leur transparence financière peut être discutable dans certains cas”, ajoute-t-il. Mais, selon lui “avec un horizon long et une diversification sectorielle suffisante, le risque perd de son acuité. Il faudra du temps certes, mais le potentiel est là”.