Pacte : Valls exprime son impatience face à un patronat peu mobilisé

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à Paris (Photo : Bertrand Guay)

[04/11/2014 19:59:07] Paris (AFP) Manuel Valls a exprimé ouvertement mardi son impatience envers un patronat peu mobilisé et l’a exhorté à “s’engager” dans la mise en oeuvre du pacte de responsabilité censé permettre des embauches.

“Il reste trop de branches qui n’ont pas encore fait ce mouvement” d’engager des négociations, a déploré le Premier ministre à l’issue de l’installation du comité de suivi des aides publiques aux entreprises, à Paris, au siège de France Stratégie, organisme d’expertise placé auprès du Premier ministre.

“D’ici la fin de l’année, ce mouvement devra être engagé à tous les niveaux”, a-t-il martelé, évoquant “l’impatience perceptible dans le pays”: “Les Français, les salariés, les parlementaires (…) attendent des engagements pour créer et sauvegarder de l’emploi”.

“Il n’est plus temps d’attendre et rien ne peut justifier l’attentisme”, avait déclaré Manuel Valls lors de la rencontre, devant des responsables patronaux et syndicaux, des ministres et des parlementaires.

Le chef du gouvernement a appelé le patronat à “s’engager”, estimant qu’il y avait pour l’instant “bien trop peu” d’accords dans les branches.

A ce jour, seules les industries chimiques et métallurgiques se sont engagées dans le cadre du Pacte de responsabilité, qui octroie 40 milliards d’euros aux entreprises d’ici à 2017, en échange de négociations dans les branches professionnelles sur l’emploi notamment.

Or, la moitié des 50 principales branches n’ont toujours pas planifié de négociations, a regretté mardi François Rebsamen, ministre du Travail.

Parmi elles, “six branches” sont dans une “situation inacceptable”: les experts-comptables ont estimé “qu’il n’y avait rien à négocier” et cinq autres “n’envisagent pas de négocier sur le pacte”.

Il s’agit des cabinets médicaux, des établissements d’enseignement privé, des gardiens, concierges et employés d’immeubles, des pharmacies d’officine et de la restauration de collectivités.

Aux six mauvais élèves, s’ajoutent une “vingtaine de branches qui n’ont pas encore ouvert les discussions”, mais où “la volonté de négociation semble exister”, selon M. Rebsamen.

“Du côté du verre à moitié plein”, en plus des deux branches ayant trouvé un accord, le ministre a adressé des bons points aux “13 (qui) ont ouvert une négociation, sur des périmètres variables” et aux “dix” qui ont défini un “programme de travail”.

– ‘Pas de miracles immédiatement’ –

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économiste Jean Pisani-Ferry avant une réunion, le 4 novembre 2014 à Paris (Photo : Bertrand Guay)

“On ne peut pas attendre des miracles immédiatement”, a réagi à l’issue de la rencontre Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président du Medef, rappelant que les prélèvements obligatoires des entreprises avaient augmenté de 30 milliards d’euros sur les trois dernières années et que les entreprises n’avaient pour l’instant touché qu’environ 6 milliards d’euros du pacte de responsabilité.

Jean-François Pilliard, autre vice-président de l’organisation patronale, a pour sa part répété que “les engagements pris par le Medef en mars seraient tenus en temps et en heure”, faisant allusion à un accord signé à l’époque entre le patronat et deux syndicats (CFDT et CFTC).

“Il faut tenir compte du vecteur temps”, a pour sa part déclaré Jean-François Roubaud (CGPME). “Ce n’est pas parce qu’on fait un pacte de responsabilité qu’on va créer X emplois le lendemain matin.”

Côté syndical, Laurent Berger (CFDT) a salué le “discours extrêmement ferme” de Manuel Valls “à l’égard des entreprises”. “Il faut maintenant que le patronat s’active et arrête de trouver des excuses pour ne pas négocier”, a lancé le syndicaliste.

“On remet l’église au milieu du village et on dit, il faut négocier”, a salué son homologue de la CFTC, Philippe Louis, aussi “satisfait du discours du Premier ministre”.

Quant à la CGT, elle “accueille favorablement” le comité de suivi, insistant sur le fait qu’il ne concerne pas que le pacte de responsabilité, auquel elle est opposée.

Le comité de suivi, qui se réunira deux fois par trimestre, rassemble patronat, syndicats, membres de l’administration, experts, ainsi que quatre parlementaires. Il a pour vocation d’évaluer toutes les aides aux entreprises, pas seulement celles du Pacte, et doit rendre un premier rapport “en septembre”, a indiqué à l’AFP l’économiste Jean Pisani-Ferry, qui pilote le comité.

Prochain rendez-vous le 17 décembre.