La BCE devrait s’en tenir au statu quo, Draghi attendu au tournant

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ésident de la BCE Mario Draghi le 24 octobre 2014 à Bruxelles (Photo : Thierry Charlier)

[06/11/2014 06:34:44] Francfort (AFP) Après avoir multiplié les initiatives de soutien à l’économie ces derniers mois, la Banque centrale européenne (BCE) devrait marquer une pause jeudi, même si la dégradation des perspectives en zone euro accroît la pression pour agir encore davantage.

A l’issue de la conférence mensuelle de politique monétaire de ses gouverneurs, l’institution monétaire de Francfort (ouest) dévoilera à 12h45 GMT ses décisions concernant ses taux directeurs, avant la traditionnelle conférence de presse à 13h30 GMT de son président, l’Italien Mario Draghi.

“Nous nous attendons à ce que cette réunion soit un non-événement”, pour Marco Valli, chef économiste Europe chez UniCrédit, selon qui “la BCE devrait s’en tenir à un statu quo”.

La séance de questions-réponses entre les journalistes et le président devrait en revanche être au centre de l’attention, après des informations de presse faisant état de tensions croissantes entre certains gouverneurs et M. Draghi, critiqué pour sa gestion trop personnelle et sa communication imprévisible.

La grogne cible notamment un commentaire de l’Italien, indiquant que la BCE entend gonfler d’environ 1.000 milliards d’euros son bilan via ses mesures de soutien à l’économie.

“Ce chiffre est sur les marchés et l’action de la BCE est désormais mesurée à cette aune”, fait remarquer Carsten Brzeski, chef économiste pour la banque ING.

Ces tensions supposées pourraient certes “rendre la conférence de presse très excitante”, souligne cet analyste, mais signifient également “qu’il va être plus difficile de faire de nouveaux pas majeurs en avant” pour l’institution.

– Essoufflement –

Les observateurs seront à l’affût jeudi de tout commentaire de M. Draghi sur de possibles rachats par la BCE d’obligations d’entreprises, après des rumeurs évoquant une décision en ce sens pour le mois de décembre.

La banque centrale avait déjà dévoilé en juin et septembre les contours d’un vaste programme destiné à fluidifier le crédit et doper l’économie en zone euro, et abaissé son principal taux directeur à son plancher historique de 0,05%.

Elle devrait par conséquent se garder de toute nouvelle annonce avant d’avoir pu évaluer les premiers effets de ces initiatives, estiment les analystes.

En outre, “la BCE espère avec ferveur que le résultat de ses tests européens de résistance bancaire dévoilé le 26 octobre renforcera la confiance dans le système bancaire en Europe et encouragera les banques” à ouvrir plus largement les vannes du crédit, pointe Howard Archer, chef économiste Europe pour le cabinet IHS.

En dépit de son activisme en faveur de l’économie, la banque centrale est sous pression pour aller encore plus loin, alors que la reprise en zone euro -déjà très timide – montre des signes clairs d?essoufflement.

Mardi, la Commission européenne a abaissé drastiquement ses prévisions de croissance et d’inflation en zone euro pour cette année et les deux suivantes, nourrissant de plus belle les craintes de déflation sur le Vieux continent.

– L’inflation inquiète –

La hausse des prix a très légèrement accéléré en octobre à 0,4%, après 0,3% en septembre, mais reste très éloignée de l’objectif d’un peu moins de 2% de la BCE.

Les prévisions d’inflation sur les marchés se sont à nouveau dégradées depuis le mois dernier, s’alarme Michael Schubert, économiste de Commerzbank, signe que la crédibilité des gardiens de l’euro pour ramener l’inflation au niveau souhaité s’effrite.

“Il existe un vrai risque” que l’inflation en zone euro se révèle beaucoup plus faible que prévu par la BCE, pointe Patrick Artus, chez Natixis, qui met en avant la faiblesse de la croissance potentielle en Allemagne, ainsi que les problèmes de la France et l’Italie.

La BCE actualisera en décembre, comme chaque trimestre, ses projections de croissance et d’inflation en zone euro. Une forte révision à la baisse pourrait donner le signal d’une nouvelle offensive des banquiers centraux, estiment les analystes.

“La BCE pourrait être forcée en dernier recours de se lancer sur la route d’un assouplissement quantitatif”, c’est-à-dire un programme de rachat de dette publique, juge Howard Archer.

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