Les films et jeux en 3D “déconseillés” aux enfants de moins de 6 ans jusqu’à 13 ans

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à 13 ans (Photo : Katrine Emilie Andersen)

[06/11/2014 09:19:49] Paris (AFP) Les films et les jeux vidéo utilisant la technologie d’images en relief “3D” sont “déconseillés” aux enfants de moins de 6 ans et jusqu’à 13 ans, les jeunes doivent en faire un “usage modéré”, avertit jeudi l’Anses, l’agence publique chargée d’établir des recommandations sur la santé.

Ces dix dernières années, les technologies d’images en trois dimensions se sont beaucoup développées, au cinéma d’abord, puis à la télévision, sur les ordinateurs, les consoles de jeux et les téléphones portables.

Dans un avis officiel, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail “recommande” que “les enfants de moins de six ans ne soient pas exposés aux technologies 3D” et que jusqu’à 13 ans, ils en fassent “un usage modéré”.

La raison de cette restriction tient aux “effets sanitaires, plus marqués” chez l’enfant que chez l’adulte, de la technologie 3D. C’est en effet durant l’enfance que le système visuel se “développe activement”, ce qui le rend “plus vulnérable”, explique l’agence.

“Le développement de ces technologies pose la question de leur impact éventuel sur la santé (…) en cas d’exposition prolongée, tout particulièrement pour les enfants et adolescents”, justifie l’Anses.

Des fabricants comme Nintendo mettent déjà les parents en garde. “L’utilisation de l’affichage 3D par un enfant de six ans ou moins pourrait endommager sa vue”, écrit par exemple cette firme japonaise qui conseille aux parents de jeunes enfants de “bloquer” la fonction 3D des consoles.

– Fatigue visuelle –

La vision d’image en trois dimensions peut se traduire par une fatigue en raison de ce que les spécialistes appellent le “conflit accommodation/vergence”.

Dans la réalité, pour avoir la perception du relief, les deux yeux “convergent” et font la mise au point (pour avoir une vision nette, ce que les spécialistes nomment “l’accommodation”) sur une même zone, un même plan.

Ce n’est pas possible face à des images en trois dimensions: les yeux font la mise au point sur l’image, mais ils “convergent” à un point situé devant ou derrière l’écran, d’où une sensation d’inconfort qui peut se traduire par une fatigue.

Cette “fatigue visuelle” peut entraîner des douleurs autour de l??il, une sensation d’?il sec, une vision double, des maux de tête, des douleurs au cou, voire se traduire par des pertes de concentration, et dans certains cas des vertiges.

“Chez l’enfant, en particulier avant l’âge de six ans”, peuvent apparaître des “effets sanitaires plus marqués”, souligne l’Agence. “Le système visuel de l’enfant serait plus vulnérable” que celui de l’adulte car les stimulations extérieures peuvent “interférer” avec son système visuel en cours de maturation.

L’Agence recommande aussi aux adultes ayant certains troubles visuels (troubles de l’accommodation, de l’équilibre) de “limiter” le visionnage d’images en 3D.

Elle conseille enfin à tous les utilisateurs de “ne pas se mettre trop proches” des écrans, de conserver lunettes ou lentilles s’ils en portent et de respecter les consignes des fabricants.

L’Anses demande parallèlement aux créateurs de contenus 3D de “limiter les effets produits” et de produire des images “de qualité”, tout en appelant au lancement d’études scientifiques pour mesurer “l’exposition” réelle de la population à ces technologies.

Interrogée par l’AFP, la Pr Béatrice Cochener (CHU de Brest), ophtalmologue spécialiste des questions de 3D, estime pour sa part que “la 3D au cinéma est très contrôlée avec des effets très peu importants et bien maîtrisés”.

Pour ce qui est des jeux vidéo, “la plupart des fournisseurs” informent déjà des risques liés à un usage prolongé de la 3D, ajoute cette spécialiste. Elle alerte, en revanche, sur les “risques beaucoup plus importants” des nouvelles “lunettes à réalité augmentée” de type Google glass, susceptibles, elles, de générer des “troubles sensoriels graves”.