Crédit Agricole renforce sa provision pour litige après des bénéfices en hausse

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affectation (Photo : Eric Piermont)

[06/11/2014 09:31:27] Paris (AFP) Crédit Agricole, qui a dégagé un bénéfice net en hausse et meilleur qu’attendu au troisième trimestre, a annoncé jeudi avoir renforcé sa provision pour litiges de 65 millions d’euros, sans en préciser l’affectation.

La banque avait indiqué cet été avoir transmis son dossier aux régulateurs américains dans le cadre d’une enquête sur d’éventuelles infractions à la loi sur les paiements en dollars vers des pays soumis à embargo, une affaire similaire à celle qui a valu des sanctions record à sa concurrente BNP Paribas.

“Nous avons eu une première rencontre (avec le régulateur) et nous continuons à discuter”, a indiqué Jean-Paul Chifflet, directeur général de Crédit Agricole SA, lors d’une conférence téléphonique.

M. Chifflet a expliqué ne pas savoir quand se dénouera ce dossier qui est aux mains de la justice américaine et concerne d’autres banques, notamment les allemandes Deutsche Bank et Commerzbank, et la française Société Générale.

Evoquant BNP Paribas, qui a dû s’acquitter d’une amende de 6,6 milliards d’euros, le directeur général a estimé que les dossiers n’étaient pas comparables.

La nouvelle provision de 65 millions d’euros, calculée selon une “posture conservatrice”, selon M. Chifflet, porte le total des provisions pour litiges du groupe à 1,1 milliard d’euros.

Selon une source interrogée par l’agence Bloomberg, Crédit Agricole risquerait une amende de l’ordre de 650 millions de dollars dans cette affaire.

Le groupe a par ailleurs publié des résultats en hausse pour le troisième trimestre: Crédit Agricole SA, entité cotée de la banque verte, a dégagé un bénéfice net de 758 millions d’euros, en progression de 4%.

Les analystes interrogés par Bloomberg tablaient sur un bénéfice de 733 millions d’euros en moyenne.

Au niveau du groupe Crédit Agricole, qui intègre la totalité du résultat des caisses régionales, le bénéfice net a progressé de 2% sur le trimestre, à 1,46 milliard d’euros.

Sur neuf mois, le bénéfice net du groupe baisse toutefois de 6,6% (-13,2% pour CASA), en raison de pertes et de dépréciations liées aux déboires de la banque portugaise Banco Espirito Santo (BES) dont le groupe français était actionnaire.

“Nous avons aujourd’hui traité et purgé complètement les montants en jeu”, a précisé Jean-Paul Chifflet, ajoutant que le groupe attendait les conclusions de l’enquête portugaise pour engager d’éventuelles poursuites contre les anciens dirigeants de la banque, sauvée de la faillite et restructurée par l’Etat portugais cet été.

Sur le plan opérationnel, Crédit Agricole SA a fait état pour ce trimestre d’une bonne résistance des revenus des métiers, notamment dans la gestion d’actifs, l’assurance et la banque de proximité à l’international.

La filiale italienne Cariparma a notamment vu sa contribution au résultat net du groupe augmenter de 26%, à 32 millions d’euros.

Interrogé sur une éventuelle participation à la restructuration du secteur bancaire italien après l’échec de plusieurs établissements aux tests de résistance européens, M. Chifflet a indiqué que le groupe ne serait “pas intervenant en Italie, quoi qu’il s’y passe”.

Le groupe n’envisage pas de croissance externe hormis des acquisitions modestes chez Amundi et dans la banque privée, a-t-il précisé.

Se félicitant du succès de Crédit Agricole à l’exercice d’évaluation européen, M. Chifflet a estimé être globalement en ligne avec les objectifs du plan stratégique.

La banque a nettement renforcé sa solvabilité avec un ratio de fonds propres “dur” (apports des actionnaires et bénéfices mis en réserve rapportés aux crédits consentis) de 12,9% à fin septembre (10,1% pour CASA).

Entre juillet et septembre, CASA a également vu le coût du risque (provisions face aux risque d’impayés) de ses métiers baisser de 19% sur un an, notamment dans la banque de proximité en France.

Cette dernière a toutefois vu ses profits reculer à cause de la baisse des taux immobiliers et du plafonnement des commissions d’intervention.