éalité virtuelle Oculus lors du Salon des Jeux vidéos à Paris, le 1er novembre 2014 à Paris (Photo : Joel Saget) |
[06/11/2014 10:46:07] New York (AFP) Visionnaires ou paniers percés? De la réalité virtuelle aux drones ou aux robots, les géants internet américains multiplient les paris sur l’avenir, souvent coûteux et pas forcément du goût de Wall Street.
La saison des bilans trimestriels qui s’achève a vu Amazon, Facebook et dans une moindre mesure Google sanctionnés en Bourse, à chaque fois en liaison avec leurs investissements: Facebook a prévenu qu’ils s’envoleraient l’an prochain, ils pèsent sur les marges de Google et ils ont fait plonger Amazon profondément dans le rouge.
Si certaines dépenses sont en lien direct avec l’activité principale, comme quand Facebook et Google renforcent leur offre publicitaire mobile, d’autres relèvent presque de la science fiction: les investissements dans des spécialistes de la réalité virtuelle (Oculus pour Facebook ou Magic Leap pour Google), les tests de drones de livraison (Amazon) ou utilisés comme relais-internet aux côtés de montgolfières (Facebook et Google)…
Cela donne parfois l’impression d’une course en avant. Amazon, une société qui à presque 20 ans et quelque 90 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel n’est plus vraiment une start-up, multiplie toujours les nouveaux projets sans vraiment dégager de bénéfices.
écembre 2013 (Photo : Amazon) |
“Si j’étais un investisseur, j’aimerais voir davantage de gouvernance dans le processus de décision, (…) pas seulement (le PDG-fondateur de Facebook) Mark Zuckerberg qui claque des doigts en disant: je veux payer 19 milliards de dollars pour (la messagerie mobile) WhatsApp parce que c’est l’avenir”, note aussi Roger Kay, analyste chez Endpoint Technologies (l’opération a finalement été bouclée à 22 milliards).
“D’un côté, on peut se dire qu’ils voient quelque chose qu’on ne voit pas. De l’autre, que l’empereur n’a pas d’habits et qu’on ne va pas prétendre qu’il en a”, commente l’analyste, jugeant certains projets “contestables” ou “un peu tirés par les cheveux”.
Il reconnaît néanmoins que quelques-uns, comme par exemple les investissements de Google dans les voitures sans chauffeur ou la robotique, “donneront probablement des activités intéressantes un jour”, pour des dépenses qui ne sont “pas disproportionnées vu les revenus” du groupe.
De la même manière, les investissements dans de nouvelles plateformes comme WhatsApp “pourraient aider à accélérer la croissance des revenus quand la vapeur du coeur de métier de Facebook commencera à se dissiper et qu’il arrivera à une phase plus mature”, avance le cabinet Trefis.
– Innover pour survivre –
application WhatsApp sur un smartphone (Photo : Stan Honda) |
Les investissements sont “la seule manière dont les entreprises technologiques peuvent maintenir leur position de leader”, argumente Trip Chowdhry, analyste chez Global Equities Research.
Surtout quand de nouvelles start-up viennent chaque jour menacer les acteurs établis.
“L’avenir n’appartient pas aux entreprises qui reposent sur les technologies et les investissements d’hier. Elles risquent de finir comme IBM et HP”, deux noms historiques du secteur technologique américain en panne de croissance faute d’avoir vraiment su se réinventer, fait valoir Trip Chowdhry.
La réinvention, Microsoft s’y essaie depuis des années, avec des résultats mitigés: son virage vers le “cloud”, les services informatiques dématérialisés en ligne, a des effets positifs confirmés par ses derniers résultats trimestriels, mais il reste à la traîne dans le mobile. Côté appareils, il s’est fait un nom dans les jeux vidéo avec sa console Xbox mais a dû abandonner son baladeur musical Zune, tandis que sa tablette Surface a été tièdement accueillie.
Parmi les rares transformations réussies figure Netflix, ex-service postal de location de DVD devenu une référence de la vidéo en ligne en streaming. Mais c’est au prix justement de lourds investissements, notamment pour son expansion internationale. Lui aussi a vu son cours nettement reculer ce trimestre après avoir prévenu que cela plomberait ses bénéfices.
A la pression des nouveaux-venus s’ajoute celle de Wall Street qui, quand les liquidités s’accumulent, réclame des récompenses pour les actionnaires. Apple avait fini par s’y plier l’an dernier en initiant d’importants programmes de rachats d’actions et de dividendes.
“Wall Street a une vision trop étroite”, prévient toutefois Trip Chowdhry, qui affirme que “les dividendes sont une gratification de très court terme, mais mettent l’entreprise en position de faiblesse à long terme” car ils “vont à l’encontre de l’innovation”.