Hélas, le terrorisme vient de frapper de nouveau. Quatre jeunes soldats, issus de familles pauvres, ont été assassinés lâchement et froidement dans un guet-apens qui leur était tendu à proximité du village de Nebeur (nord-ouest de Tunisie) par une dizaine de terroristes qui, après leur sinistre forfait, se sont volatilisés, sans subir aucune perte, dans une zone supposée être bien contrôlée par l’armée, au moins pendant deux ans.
Les terroristes, qui ont surgi d’un mont jouxtant la route nationale reliant Le Kef à Jendouba, ont attaqué un bus militaire dédié au transport quotidien de soldats et des membres de leurs familles. L’attaque a fait quatre morts et une dizaine de blessés sur un total de 20 soldats transportés.
Selon le porte-parole du ministère de la Défense, Belhassen Oueslati dont les déclarations diffèrent d’un média à l’autre, le bilan aurait été plus lourd n’eut été la riposte d’un soldat armé lequel, par ses tirs nourris, aurait fait fuir les terroristes qui tenaient à terminer leur sinistre besogne. Cette déclaration a été faite à la chaîne Hannibal.
Dans un autre média (Al Watania 1), le même porte-parole a parlé de la riposte de plusieurs soldats et non d’un seul. Idem pour les membres de familles des soldats. Il a également déclaré à l’AFP qu’aucun civil (membre des familles des soldats) n’était, ce jour-là, dans le bus alors que «dans un premier temps, il avait indiqué le contraire, souligant que des membres des familles des soldats étaient dans le véhicule», toujours selon l’AFP.
Pour revenir aux circonstances de cet assassinat, il semble porter l’empreinte de la Quatiba Okba Ibn Nefaa, qui vient de se rallier à l’Etat islamique en Irak et au Levant, connu sous le nom de «Daech». La technique utilisée rappelle étrangement celle des assassinats commis au mont Chaambi, respectivement, le 29 juillet 2013 à Sabaa Diar (8 morts dont au moins cinq égorgés) et le 16 juillet 2014 à Henchir Tela (15 soldats tués en plein mois de Ramadhan).
Les terroristes, apparemment bien informés des mouvements de l’armée, exploitent, chaque fois, un certain «relâchement de la grande muette» pour lui infliger de lourdes pertes. Le scénario est presque le même. Les soldats sont toujours pris de court, soit dans un virage dangereux ne permettant aucune manœuvre, soit au crépuscule, un moment du jour qui ne favorise pas les poursuites.
Ce qui est bizarre, c’est que l’armée et le reste des forces de sécurité en place étaient informés, selon des certaines sources, depuis bien longtemps du projet des terroristes d’attaquer un bus transportant des militaires ou des touristes. Il en a été question lors de l’attaque de terroristes à Ain Debba, zone montagneuse située sur la route reliant Fernana à Ain Draham. Il en a été question à Kébili lors de l’arrestation des deux terroristes, Hechmi Mdini et Mabrouk Salem, qui auraient projeté de faire exploser un bus de touristes.
Selon le correspondant des chaînes Nessma et Hannibal au Kef, Bassem Sandi, les terroristes avaient bénéficié d’une importante logistique sur le terrain. Il a parlé d’éclaireurs qui ont filé le bus dans un véhicule utilitaire «Partner» jusqu’à l’endroit de l’assassinat avant de faire un demi-tour, après le crime, pour revenir dans la direction du Kef.
Un assassinat aux relents géopolitiques
Au plan géopolitique, cet assassinat intervient à un moment où une campagne féroce est menée par certains médias et semeurs de troubles contre la Tunisie, contre sa jeune démocratie et contre ses symboles.
Est-il besoin de rappeler, à cette fin, le fameux documentaire la «Boîte noire», un documentaire truffé de mensonges commandité par la chaîne Al Jazeera auprès de mercenaires salafistes tunisiens sur l’assassinat du leader Chokri Belaïd, ou encore les documentaires complaisants des chainés françaises M6 et Arte à l’endroit, respectivement, du président provisoire Marzouki et des islamistes d’Ennahdha.
Est-il nécessaire de rappeler, à cet effet, la récente visite controversée aux relents de complot effectuée par le Tullius Venenus du monde arabe, en l’occurrence, le philosophe Bernard-Henri Lévy.
Est-ce vraiment indispensable de rappeler le discours scissionniste du président Marzouki qui a inauguré sa campagne électorale à Tunis en divisant les Tunisiens en «eux» et «nous» ou encore les appels à la violence de ses troupes, particulièrement celui du chef des anciennes milices des Ligues de protection de la révolution du Kram, Imed Dghij qui a menacé, mardi 4 novembre, sur sa page Facebook, «d’un bain de sang en cas de victoire de Béji Caïd Essebsi à l’élection présidentielle»? Ce qui dit long sur l’approche dont le clan Marzouki se fait de la démocratie.
Menaces multiformes sur l’axe Tunisie-Algérie
Moralité: au regard de cette ambiance hostile, au regard d’un possible relâchement des forces de sécurité après la mobilisation éreintante qui a permis le succès des législatives, au regard de la menace que font peser sur la sécurité de l’axe Tunisie-Algérie les Daechistes libyens, et enfin au regard des pays qui voient d’un mauvais œil l’émergence, selon les règles de l’art, d’une jeune démocratie en Tunisie, l’assassinat, à Nebeur, de quatre jeunes soldats, était à la limite prévisible mais pas fatal.
Il aurait pu être évité si le bus militaire était accompagné par un véhicule d’appui de protection. Il aurait pu être évité si l’armée avait tiré la leçon des assassinats antérieurs. En toute objectivité, il semble qu’il y ait un sérieux problème de rendement dans la Grande muette. On le sait, les militaires, tenus par le droit de réserve, ne peuvent s’exprimer en public. Alors, nous l’avons fait pour eux!