é de production sur le site de Porsche à Stuttgart, le 11 mars 2014 (Photo : Thomas Kienzle) |
[07/11/2014 15:08:42] Berlin (AFP) L’économie allemande, bien que fragilisée, devrait avoir échappé de justesse à la récession cet été, selon des indicateurs publiés vendredi.
Les exportations (+5,5%) et la production industrielle (+1,4%) de la première économie européenne, qui avaient chuté en août, se sont ressaisies en septembre. Publiées jeudi, les commandes à l’industrie (+0,8%) ont aussi affiché un redressement.
Ces chiffres étaient très attendus, avant la publication le 14 novembre de la première estimation de la croissance allemande pour le troisième trimestre.
La conjoncture avait dérapé au deuxième trimestre (PIB -0,2%), et un nouveau recul signifierait une “récession technique” – deux trimestres consécutifs de contraction – pour le pays qui a tiré ces derniers mois la zone euro toute entière.
Mais ce scénario noir est devenu un peu moins probable vendredi. Les indicateurs publiés “confirment notre opinion selon laquelle l’économie allemande ne s’est pas contractée au troisième trimestre”, commentait Stefan Kipar, économiste de BayernLB, un avis partagé par le gros de ses confrères. Deutsche Bank, Unicredit ou encore Berenberg Bank faisaient la même analyse.
– Phase difficile –
Même si l’Allemagne échappe à l’opprobre de la récession technique, l’économie traverse “une phase difficile”, avance Christian Schulz de Berenberg. La chancelière Angela Merkel elle-même a reconnu cette semaine que les risques avaient augmenté pour la conjoncture allemande.
La crise en Ukraine et la dégradation des relations avec la Russie pèsent depuis des mois sur le moral des entrepreneurs, suscitant un cercle vicieux – “en partie auto-entretenu” pour M. Schulz – de frilosité à l’égard de l’investissement en Allemagne, elle-même pénalisante pour l’industrie, ce qui pèse encore plus sur le moral.
éroport de Francfort le 21 octobre 2014 (Photo : Daniel Roland) |
Sur l’ensemble du troisième trimestre, et malgré le rebond de septembre, la production industrielle s’est contractée de 0,4%. L’industrie, pilier de l’économie allemande, “est pénalisée par l’environnement international difficile”, a commenté vendredi le ministère de l’Economie qui reconnaît ne pas voir “d’impulsions dignes de ce nom à court terme”.
Deutsche Bank, dans un rapport publié cette semaine, n’exclut d’ailleurs pas un nouveau recul du PIB au quatrième trimestre ou début 2015, et a nettement abaissé sa prévision de croissance pour l’année prochaine (à 0,8%). La Commission européenne aussi a revu cette semaine en baisse ses pronostics.
Les responsables allemands ont beau incriminer le contexte géopolitique, l’export continue pourtant à bien se porter. Les exportations brutes sont ressorties en septembre à 102,5 milliards d’euros, le plus haut montant jamais recensé. Même vers la zone euro à la croissance si poussive, elles ont augmenté de 2,5% entre janvier et septembre.
– Dichotomie –
“L’économie allemande est un mystère”, pour Carsten Brzeski, économiste en chef d’ING, perplexe devant la dichotomie entre des indicateurs de confiance “terrifiants” d’un côté et de l’autre “les constats empiriques et les fondamentaux économiques” positifs. Les résultats du troisième trimestre des grandes entreprises allemandes, qui pleuvent actuellement, “sont pour le moment très positifs”, soulignent aussi les experts de la banque M.M.Warburg.
Et le consommateur allemand garde relativement le moral pour le moment.
Les mouvements sociaux qui agitent le pays – arrêts de travail des pilotes de Lufthansa a plusieurs reprises ces derniers temps, conducteurs de train lancés dans la plus grande grève ferroviaire depuis 20 ans en Allemagne – relèvent de conflits spécifiques et non d’une grogne généralisée.
ère allemande Angela Merkel au Bundestag, à Berlin, le 6 novembre 2014 (Photo : Odd Andersen) |
Le marché du travail reste robuste et les perspectives de revenus des ménages sont bonnes. “La demande intérieure est stable, la consommation privée est un soutien solide de la croissance”, a assuré Mme Merkel cette semaine.
Son ministre des Finances vient tout de même de faire un geste pour la croissance, allant dans le sens de ce que réclament les partenaires européens de l’Allemagne: Wolfgang Schäuble a annoncé des investissements publics supplémentaires de 10 milliards d’euros d’ici 2018.
Il s’agit d’une démarche de long terme et “en aucun cas d’un programme de soutien à la conjoncture”, a cependant expliqué son porte-parole.