éens ont fermé des centaines de sites internet transformés en marché noir de la drogue et des armes (Photo : Lionel Bonaventure) |
[07/11/2014 20:14:50] La Haye (AFP) Les polices des Etats-Unis et de 16 pays européens ont fermé des centaines de sites internet transformés en marché noir de la drogue et des armes, cachés derrière le paravent du réseau Tor.
Dix-sept personnes ont été arrêtées lors de cette large opération internationale lancée jeudi par les polices américaine et de 16 pays européens, a précisé vendredi l’office européen de police Europol.
“Il faut bien se rendre à l’évidence que les délinquants utilisent des technologies de pointe pour commettre leurs méfaits et dissimuler les preuves et ils se cachent derrière les frontières internationales pour échapper aux forces de police”, a affirmé la procureure adjointe du ministre de la Justice américaine, Leslie Caldwell.
Un total de 414 sites ont été fermés, assure l’organisation, qui a refusé d’indiquer comment les policiers avaient réussi à identifier les vendeurs et administrateurs des sites.
Cette vaste opération commune visait ces marchés noirs “fonctionnant comme des services cachés sur le réseau Tor”, a expliqué Europol.
Tor, logiciel libre et gratuit, est une plateforme qui garantit l’anonymat sur internet. “The Onion Router”, son nom originel d’où est tiré l’acronyme Tor, permet de superposer des couches de protection afin de ne pas être découvert.
Il procède à l’encodage d’activités en ligne, comme des visites de sites internet ou des envois de messages, et expédie ces données à travers un réseau mondial de relais qui les épluche au fur et à mesure pour n’en garder que les couches infimes indispensables pour faire passer l’information au sein de ce qui est connu comme le “Darknet”, la face cachée de l’internet.
– “Ni invisibles, ni intouchables” –
L’opération, menée notamment par les polices française, allemande, et britannique, “avait pour but d’arrêter la vente, la distribution et la promotion d’objets illégaux et dangereux, dont des armes et des drogues, qui étaient vendus sur des marchés noirs en ligne”, a expliqué Europol.
De la monnaie virtuelle Bitcoin, utilisée dans les transactions, a également été saisie pour une valeur d’un million de dollars (800.000 euros) ainsi que 180.000 euros en cash et de la drogue.
“Nous ne faisons pas que +juste+ retirer ces services de l’internet public”, a assuré Troels Oerting, chef de l’unité de crimes sur internet d’Europol.
“Cette fois, nous avons également touché des services sur le Darknet qui utilisaient Tor où, pendant longtemps, les criminels se sont considérés comme intouchables”, a-t-il dit, ajoutant: “nous pouvons désormais prouver qu’ils ne sont ni invisibles ni intouchables”.
– Silk Road 2.0 –
Selon Lodewijk van Zwieten, expert en cybercrimes au parquet néerlandais, cette opération ne marque pas “la fin”.
“Derrière ces marchés noirs se cachent des personnes qui gagnent des millions d’euros. Cela sera bientôt leur tour”, a-t-il ajouté dans un communiqué publié sur le site du parquet néerlandais.
Cette intervention survient quelques jours après l’arrestation à San Francisco de l’administrateur présumé d’une seconde version du site internet Silk Road, surnommé “l’eBay de la drogue”.
Ross William Ulbricht, 26 ans, a été interpellé mardi par le FBI. Accusé d’associations de malfaiteurs dans le but de commettre un trafic de drogues, de piratage internet, de faux en documents et de blanchiment d’argent, il encourt une peine de prison à vie.
Selon les procureurs des Etats-Unis, Silk Road 2.0 a permis à plus de 100.000 personnes d’acheter ou de vendre des drogues illégales et d’autres objets de contrebande après la fermeture de la première version du site en 2013. Silk Road 2.0 avait annoncé un mois plus tard “renaître de ses cendres”.
Son administrateur présumé attend l’ouverture de son procès à New-York après avoir plaidé “non coupable” en février d’accusations de blanchiment d’argent et de trafic de drogue.
Silk Road 2.0 est identique à son prédécesseur, uniquement accessible via le réseau Tor, et est décrit par l’accusation comme le marché criminel en ligne le plus exhaustif, le plus sophistiqué et le plus populaire.