L’international, nouvelle locomotive des transports made in France

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étro de Séoul le 24 janvier 2010 (Photo : Jung Yeon-Je)

[09/11/2014 11:04:01] Paris (AFP) Bus siglés RATP à Londres, métros Transdev à Séoul, trams Keolis à Melbourne: les grands opérateurs français de transports, qui figurent parmi les principaux acteurs mondiaux, vont chercher à l’international une croissance qu’ils ne trouvent plus dans l’Hexagone.

Les trois poids-lourds français RATP, Transdev et Keolis s’étendent au-delà des frontières, et se sont fait une place dans le peloton de tête d’un secteur qui pèse plus de 350 milliards d’euros, aux côtés de l’Allemand Deutsche Bahn, des Britanniques First et Stagecoach ou du Hongkongais MTR.

Ils vont chercher à l’étranger “des gisements de croissance, dans un marché des transports publics dont la mutation sera considérable dans les années à venir”, selon Gilles Roucolle, consultant chez Oliver Wyman.

Cet expert estime qu’ils “tirent leur force d’un positionnement et de métiers dont ils démontré la maîtrise sur le marché domestique”. La France est une “assez belle vitrine”, confirme Bertrand Mouly-Aigrot, associé chez Archery Strategy Consulting.

A Las Vegas, des touristes se pressent dans le bus qui va leur permettre d’arpenter le mythique Strip, et tous ses casinos: une ligne exploitée par Keolis, filiale de la SNCF qui a réalisé l’an dernier 46% de son chiffre d’affaires à l’international, et vise plus de 55% d’ici à 2017.

Les Etats-Unis sont “un marché potentiel tellement vaste”, souligne le patron de Keolis, Jean-Pierre Farandou. Car au pays où la voiture est reine, les transports urbains manquent.

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à Melbourne, ville qui possède le plus vaste réseau au monde, le 1er mars 2010 (Photo : William West)

Transdev, coentreprise de la Caisse des dépôts et Veolia Environnement, veut également y accroître sa position, “déjà dominante”, souligne son secrétaire général Jérôme Nanty, qui voit dans ce marché “un potentiel de développement”.

Transdev, présent dans 21 pays, a réalisé en 2013 plus de la moitié de son chiffre d’affaires hors de France, soit 4 milliards d’euros. Le groupe a dû revendre certains actifs à l’étranger pour se désendetter, mais, souligne M. Nanty, face à un marché hexagonal mature et concurrentiel, “le développement d’un groupe comme le nôtre passe nécessairement par l’international”.

– L’urbanisation accroît les besoins –

“Le marché français est devenu particulièrement peu rentable”, note François-Xavier Perin, président du directoire de RATP Dev, filiale de la RATP présente dans 12 pays.

L’exploitant du métro parisien va, d’ici à 2039, progressivement perdre son monopole en Ile-de-France. Il ambitionne de réaliser 7,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires à horizon 2020, dont 30% en dehors de Paris et sa banlieue, via RATP Dev.

Et vise notamment des pays en forte croissance, où les transports publics sont encore peu présents, en Asie, en Amérique Latine et au Moyen-Orient.

“Dans les pays émergents, où on prend plus de risques, on a des taux de marge supérieurs”, ajoute François-Xavier Perin. “La maturité de la gouvernance des transports et le niveau d’engagement financier public disponible ne sont pas les mêmes”, ajoute Bertrand Mouly-Aigrot.

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à Paris le 10 juin 2014 (Photo : Eric Piermont)

Il y a un “accroissement constant des besoins en transport collectif durable, en réponse à l’urbanisation croissante, en particulier dans (ces) pays”, détaille Gilles Roucolle, tandis que “le marché du transport contractualisé augmente”, les collectivités préférant ne plus s’en occuper elles-mêmes.

Keolis, présent dans 15 pays, dirige désormais ses opérations à l’étranger depuis quatre plateformes locales, et a même ouvert un bureau à Abou Dhabi, pour être présent sur 35 projets dans la région d’ici à 2020.

Et selon le pays, le type de contrat diffère: régie, délégation de service public, partenariat avec un acteur local, coentreprise, etc. “Toutes les configurations sont possibles”, commente Emmanuel Pitron, secrétaire général du groupe RATP, évoquant un “enrichissement réciproque” entre la France et les autres pays.

Jérôme Nanty estime lui aussi que la présence de Transdev à l’international “sert le maintien de (sa) position et (son) développement en France”, et illustre un “savoir-faire français”.