Parce
que «le chacun pour soi et les recettes classiques sont (…) inopérantes», Xavier
Beulin, également président du conseil de surveillance d’IPEMED et de la
Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, est convaincu que la
colocalisation est d’une absolue nécessité pour les pays du Nord et du Sud de la
Méditerranée. Elle est, selon lui, susceptible d’aider des deux blocs à
surmonter les «urgences» et de faire face aux «défis communs». Dont bien
évidemment le chômage qui, en juin 2014, affectait 10,2% de la population de
l’Union européenne et 20 à 25% de celles de certains pays arabes méditerranéens.
Deux pays ont pratiqué une certaine forme de coproduction pour leur propre bien
et celui de leurs voisins: le Japon et l’Allemagne. Le Japon y a eu recours dans
les années 50 et l’Allemagne après la chute du mur de Berlin. Deux expériences
qui démontrent, selon Xavier Beulin, «qu’un autre modèle que celui du
libre-échange est possible entre pays développés et pays émergents voisins:
celui de la coproduction, facteur de développement économique et de
stabilisation politique».
Pour les dirigeants d’IPEMED et, partant, de l’EMCC, «il est temps que les pays
européens facilitent l’intégration économique de ces pays à l’Europe par la
production». Et les pays du Sud ne sont pas les seuls à gagner d’un tel arrimage
économique à l’Europe. Celle-ci y trouvera l’occasion et les moyens d’éviter de
sombrer «dans un déclin économique prolongé» et, en regardant «l’espace
euro-méditerranéen comme l’espace pertinent, support des leviers de croissance
pour l’Europe tout au long du XXIe siècle», la possibilité d’«engager la 3e
révolution industrielle résultant du couplage des énergies renouvelables et de
l’informatisation».
Les participants au Forum de Sousse seront invités à réfléchir sur les moyens de
mettre en œuvre la coproduction/colocalisation définie comme «un partenariat
productif entre pays à niveau de développement inégal par lequel le pays donneur
d’ordre fabrique des composants intermédiaires industriels à forte valeur
ajoutée par une main-d’œuvre qualifiée, mais moins onéreuse, dans le pays avec
un niveau de développement moindre» et cela sur la base d’un «partage de la
chaîne des valeurs».
Les responsables d’EMCC suggèrent de faire des clusters les vecteurs de cette
coproduction. Ces «espaces dédiés aux entreprises et à l’emploi» seraient des
lieux de «coopération et de mutualisation » ouverts tant aux multinationales
qu’aux petites et moyennes entreprises.
Clusters du Nord –déjà installés et opérationnels, comme en France, avec France
Clusters- et du Sud –encore en phase d’émergence au Maroc et, surtout, en
Tunisie- sont invités à se réunir en réseau pour initier cette coopération qui
pourrait débuter avec le partage d’expériences pour déboucher ensuite sur la
forme la plus élaborée –et souhaitée-, à savoir la coproduction.
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