La vision économique du gouvernement tunisien en place constitue “une bonne feuille de route”, a souligné Masood Ahmed, directeur du département Moyen-orient et Asie centrale au sein du Fonds monétaire international (FMI). Cette vision, présentée lors de la conférence “Investir en Tunisie”, organisée le 8 septembre dernier à Tunis et soutenue par un large éventail de partis politiques et de bailleurs de fonds, “correspond au programme de réformes appuyé par le FMI”, a-t-il dit, dans une interview accordée à TAP.
Il a ajouté que son institution est “prête à apporter son aide à la Tunisie en lui fournissant des conseils et de l’assistance technique et financière”, a-t-il assuré. «Il est essentiel de poursuivre la mise en oeuvre de la politique économique et des réformes, tant au niveau du nouveau Parlement que du nouveau gouvernement, pour que la population tunisienne puisse ressentir une amélioration de la vie quotidienne».
Concernant la disposition de l’institution de Bretton Woods de conclure un nouveau programme pour soutenir le gouvernement face aux difficultés financières qui persisteront en 2015, et probablement durant les trois ou quatre années suivantes, le responsable a répondu par l’affirmative. «Le FMI appuie le programme économique du gouvernement tunisien», a-t-il précisé, estimant que la mise en oeuvre de solides politiques macroéconomiques et réformes structurelles, conjuguée à l’aide financière du FMI, permettra de réduire la vulnérabilité liée à la conjoncture extérieure incertaine et à la transition politique, de manière à contribuer à rétablir la confiance des investisseurs.
La Tunisie, souligne le responsable, n’a pas sollicité de nouveau programme, ni d’extension du programme actuel, mais le FMI “reste prêt à continuer à apporter son aide en fournissant des conseils, ainsi que de l’assistance technique et financière”.
Il y a lieu de rappeler que le conseil d’administration du FMI avait approuvé, le 7 juin 2013, un accord de confirmation de deux ans, d’un montant de 1,74 milliard de dollars (2,8 milliards de dinars), soit 400% de la quote-part de la Tunisie au FMI afin de l’aider dans ses réformes économiques.
Des mesures prioritaires pour relancer l’économie tunisienne
Afin de relancer l’économie et rétablir les équilibres macroéconomique, Masood Ahmed recommande au prochain gouvernement d’aller au-delà de la stabilité macroéconomique, qui est une condition préalable pour encourager les investisseurs et aider la Tunisie à renouer avec une croissance plus élevée et une création d’emplois qui profitent à l’ensemble de la population. «Une bonne gouvernance, un état transparent, un climat d’investissement favorable, un système bancaire sain et des filets de protection pour les populations vulnérables, sont des conditions nécessaires pour que la croissance et la prospérité soient partagées par le plus grand nombre».
Il explique que certaines mesures doivent encore être engagées, identifiant trois d’entre elles qu’il considère “critiques”. Il s’agit «d’améliorer la composition du budget en créant un espace pour les dépenses prioritaires dans les infrastructures, la santé et l’éducation».
Concrètement, cette mesure implique une réforme des subventions énergétiques (et la mise en place d’un filet de protection sociale bien ciblé pour protéger les groupes les plus vulnérables), la maîtrise de la masse salariale, ainsi que la réforme de la politique et de l’administration fiscale. Toutes ces réformes renforceront la bonne gouvernance et conduiront à une meilleure équité et à une meilleure transparence, estime Ahmed.
L’adoption de la stratégie bancaire et les plans de restructuration de deux banques publiques est une étape importante, mais insuffisante, estime le responsable.
A rappeler que les banques dont les plans de restructuration ont été adoptés sont la Société tunisienne de banque (STB) et la Banque de l’habitat (BH).
En effet, pour réduire la fragilité du secteur bancaire, il sera nécessaire aussi, selon le responsable, de mettre en oeuvre ces plans conformément aux bonnes pratiques internationales, d’achever les audits restants, d’établir la Société de gestion d’actifs qui sera chargée du problème des prêts improductifs dans le secteur du tourisme et de moderniser le cadre de réglementation et de contrôle du secteur bancaire.
L’adoption du nouveau dispositif de partenariat public/privé, la loi sur la concurrence, le code des investissements et la loi sur les faillites, permettront «d’Accélérer les réformes structurelles qui favoriseront le développement du secteur privé et amélioreront le climat des affaires», a-t-il encore indiqué.
WMC/TAP