à Moscou (Photo : Dmitry Serebryakov) |
[10/11/2014 09:35:05] Moscou (AFP) La banque centrale russe a estimé lundi que les fuites de capitaux du pays atteindraient 128 milliards de dollars sur l’année à cause de la crise ukrainienne et que l’inflation dépasserait 8%.
“Les événements en Ukraine et l’introduction de sanctions par certains pays contre l’économie russe (…) ont considérablement dégradé les conditions de financement, fermant de fait les marchés de capitaux extérieurs au second semestre”, constate la Banque de Russie dans un rapport.
“Ces événements ont provoqué des fuites massives de capitaux”, notamment parce que particuliers et entreprises ont converti leurs dépôts en dollars, poursuit-elle.
Ce chiffre de 128 milliards de dollars est nettement supérieur aux prévisions du gouvernement (100 milliards) et à celui de 2013 (moins de 60 milliards).
Le phénomène a entraîné un plongeon du rouble et par ricochet une flambée des prix, accentuée par l’introduction en août d’un embargo sur la plupart des produits alimentaires occidentaux. La banque centrale estime que l’inflation dépassera sur l’année 8%, dont 3,5 points liées aux facteurs “extérieurs non prévisibles”.
Elle estime aussi que la croissance du produit intérieur brut sera limitée à 0,3% cette année, contre une prévision précédente à 0,4% et 1,3% en 2013.
“Les problèmes géopolitiques et la détérioration des conditions économiques extérieures sont intervenus au moment où s’épuisait les sources traditionnelles de croissance économique (…) et constituent un défi sérieux à la politique économique en général et la politique monétaire en particulier”, a reconnu la présidente de la banque centrale Elvira Nabioullina, citée dans le rapport.
L’institution a drastiquement augmenté son taux directeur (jusque 9,5% fin octobre) pour enrayer fuite des capitaux et chute du rouble, sans grand succès. Après avoir dépensé des dizaines de milliards de dollars pour soutenir le rouble, elle a annoncé la semaine dernière qu’elle réduisait fortement ses interventions et n’agirait plus massivement qu’en cas de menace pour la stabilité financière.
Cette plus grande liberté accordée au rouble “ne veut pas dire que la Banque de Russie va cesser de surveiller le marché des changes”, a assuré Mme Nabioullina. “En cas d’apparition de menace à la stabilité financière, la banque centrale peut conduire des opérations sur le marché des changes ou employer d’autres outils pour stabiliser la situation”.