Afrique du Sud : déchirements syndicaux sur fond de rupture avec l’ANC

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appel du Numsa le 1er juillet 2014 (Photo : Mujahid Safodien)

[10/11/2014 15:56:40] Johannesburg (AFP) Sept syndicats sud-africains ont suspendu lundi leur participation aux instances dirigeantes de la puissante confédération du Cosatu pour protester contre l’exclusion du syndicat des métallos Numsa, chassé pour avoir rompu l’alliance historique avec l’ANC.

“Avec effet immédiat, nous suspendons notre participation au conseil et à la politique de palais du Cosatu”, ont déclaré dans un communiqué commun les sept syndicats de l’alimentaire (Saccawu et Fawu), de la communication (CWU), des infirmières (Denosa), des joueurs de football (Sapfu) et des fonctionnaires (Sasawu et Pawusa).

“Il est clair que le Numsa a été exclu injustement”, ont-ils souligné, appelant à la tenue d’un congrès extraordinaire du Congrès des syndicats sud-africains (Cosatu).

“Au lieu de répondre à la crise dans notre société, où des millions de personnes vont se coucher le ventre vide tous les soirs, et où des centaines de milliers de jeunes n’ont aucune chance de trouver du travail (…), nous avons maintenant une direction de la Fédération (le Cosatu, ndlr) qui voit l’ennemi dans ses propres rangs”, ont-ils déploré.

“Au lieu de mener campagne là où résident vraiment la puissance et la richesse, là où les travailleurs continuent à être surexploités, les dirigeants actuels ont choisi de diviser la Fédération.”

En délicatesse avec la direction du Cosatu, le syndicat de la métallurgie Numsa – numériquement le plus important du pays, avec plus de 340.000 adhérents – en avait été exclu samedi matin.

Il faisait campagne depuis plusieurs mois pour que la centrale syndicale brise son alliance historique avec le Congrès national africain (ANC) et le Parti communiste sud-africain, héritage de la lutte contre le régime ségrégationniste de l’apartheid. Il

Dénonçant la “politique néo-libérale de l’ANC”, au pouvoir depuis vingt ans en Afrique du Sud, il a refusé de soutenir ses candidats aux élections législatives de mai et a annoncé la création prochaine d’un parti concurrent, d’extrême-gauche.

Le secrétaire général de l’ANC, Gwede Mantashe, a publiquement regretté l’exclusion du Numsa lundi, quand bien même il n’a lui-même pas été tendre avec le syndicat rebelle ces derniers mois.

“L’ANC ne peut pas imposer ses solutions au Cosatu”, a-t-il déclaré devant des journalistes. “Nous sommes des entités indépendantes dans l’alliance, nous ne dictons pas à un autre partenaire de l’alliance ce qu’il doit faire.”

“C’est à la Fédération elle-même de se réveiller, sentir le café et revenir sur sa décision”, a-t-il cependant conseillé, selon l’agence Sapa.

“L’exclusion (du Numsa) est une mauvaise chose à la fois pour le Cosatu et pour l’ANC. Un Cosatu divisé, c’est le début de la faiblesse, et nous ne savons pas si la raison pourra jamais prévaloir à nouveau”, avait déjà jugé Gwede Mantashe dimanche.

“Mantashe peut aller sauter de la prochaine falaise”, lui avait sèchement répondu le secrétaire général du Numsa Irvin Jim, le traitant de “crétin”.