Vers un nouvel épisode dans la bataille pour Club Med, avec l’américain KKR ?

56abe83444138976c82fdeb736373e11f5c9e232.jpg
à surenchérir (Photo : Franko Lee)

[10/11/2014 19:36:37] Paris (AFP) La saga de l’OPA sur Club Méditerranée pourrait rebondir d’ici jeudi soir: le fonds américain KKR est en pourparlers avec l’Italien Andrea Bonomi pour l’aider à surenchérir, mais rien n’était scellé lundi soir, selon les informations de l’AFP.

“Il y a des pourparlers entre KKR et Investindustrial pour que KKR prenne une participation minoritaire dans Global Resorts”, véhicule de la société Investindustrial d’Andrea Bonomi, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier.

“Si ces pourparlers aboutissent, Investindustrial restera l’actionnaire principal. Les autres partenaires (sud-africain, brésilien…) resteront eux aussi dans le montage”, selon cette source.

Selon les règles boursières, M. Bonomi et ses alliés, qui offraient 21 euros par action, valorisant Club Med à 790 millions d’euros, ont jusqu’à jeudi soir pour répliquer face à l’offre du chinois Fosun et de ses alliés, qui proposent depuis septembre 22 euros et valorisent Club Med à 839 millions d’euros.

La Lettre de l’Expansion indiquait samedi que M. Bonomi s’apprêtait à surenchérir avec KKR.

Le fonds américain est déjà partenaire de l’homme d’affaires italien dans le parc de loisirs espagnol PortAventura, l’un des mastodontes d’Europe avec ses 4 millions de visiteurs par an.

M. Bonomi avait acquis la moitié de PortAventura en 2009, avant d’en prendre le contrôle total fin 2012 puis de revendre 49,9% du capital à KKR fin 2013.

Dans la bataille boursière pour Club Med, M. Bonomi est soutenu par l’entrepreneur sud-africain Sol Kezner et le groupe hôtelier brésilien GP Investments. Ils ont jusqu’à jeudi soir pour surenchérir, soit 5 jours ouvrés avant la clôture le 20 novembre de l’offre de Fosun, que soutient le management du Club Med.

Le marché table sur une nouvelle surenchère: le titre Club Med a pris près de 5% lundi à l’ouverture de la Bourse de Paris, avant de clôturer en hausse de 3,60% à 23,30 euros.

Interrogés par l’AFP lundi, des experts du secteur du tourisme et des sources financières considéraient toutefois avec circonspection la perspective d’une nouvelle offre de M. Bonomi. Le Club Méditerranée, avec ses 70 villages dans 26 pays et de nombreux actifs de choix, est vu à la fois comme “une très belle marque” et comme “un paquebot qui tangue dans des eaux difficiles”.

“Il serait déraisonnable de surenchérir. Ce serait trop cher par rapport au contexte macroéconomique”, estimait un analyste parisien, disant ne pas comprendre ce qui motive M. Bonomi.

Un expert financier s’interrogeait lui sur les motivations de Kohlberg Kravis Roberts & Co (KKR), l’un des plus anciens et prestigieux fonds d’investissement américains, à soutenir l’homme d’affaires italien dans le dossier Club Med. “Ca fait 15 ans qu’on n’a pas vu KKR dans des dossiers d’OPA hostiles”, disait-il.

En 1989, KKR avait racheté avec fracas pour 25 milliards de dollars le groupe agroalimentaire et cigarettier RJR Nabisco, avant d’en sortir en 1995 sur un bilan décevant.

Un spécialiste du marché boursier estimait, lui, qu'”il y a de vrais projets pour Club Med dans les deux camps”, du côté de Fosun comme d’Andrea Bonomi.

“Mais Fosun est beaucoup plus solide, il a du cash, une histoire avec Club Med, un projet à long terme, notamment immobilier. Fosun peut payer plus cher que Bonomi et a un retour sur investissement plus facile, alors que l’Italien, s’il monte trop haut, finira par perdre de l’argent”, selon cet expert.

Ce qui ne préjuge toutefois en rien de la suite du dossier.

“Si on était dans le rationnel, on aurait une alliance Fosun-Bonomi, or ce n’est pas le cas…” puisque les rivaux ont discuté sans réussir à s’entendre, relève un observateur du dossier.

En attendant un énième éventuel rebondissement, le Club Med retient son souffle, enlisé dans cette bataille.

Malgré tout, les salariés exprimaient un taux de satisfaction exceptionnellement élevé quant au fait de travailler pour Club Med (93%), selon une étude du cabinet Inergie publiée début octobre.

Club Med employait 13.000 salariés en équivalent temps plein fin 2013.

Les résultats annuels du groupe sont attendus le 28 novembre.