Dans l’île de Djerba où la population subit depuis la révolution un mal appelé “crise des déchets”, la gestion de l’organique est, à elle seule, une solution déjà prouvée.
Car, c’est l’organique qui est à l’origine des nuisances telles que les mauvaises odeurs, les eaux polluées (lixiviats…) et la défiguration du paysage d’une île enchanteresse à vocation touristique, a souligné Mongi Ben Abdallah, directeur de l’environnement à la Commune de Djerba.
Aussi, c’est en réduisant la quantité des déchets domestiques destinés à l’enfouissement qu’on peut résoudre un autre problème, celui de l’incapacité de plusieurs décharges à recevoir davantage d’ordures.
Ben Abdallah rappelle que la Commune de Djerba-Houmet Souk a déjà opté pour ce choix en se lançant, depuis août 2013, dans un projet pilote de compostage des bio-déchets, mais qui a été malheureusement bloqué actuellement par les habitants de la délégation de Mellita. Le centre expérimental de compostage de déchets organiques mis en place à cet effet consiste à détourner la matière organique de l’enfouissement en vue de produire un compost de grande qualité.
Alors que certains parlent de sabotage, des responsables et des officiels qui ont requis l’anonymat, disent que le projet est bloqué, essentiellement, en raison d’un problème d’ordre foncier, à cause de la vocation du terrain sur lequel est bâti le centre de compostage (terrain indivis).
Le projet consiste en une plate-forme de compostage des déchets organiques, réalisée dans le cadre d’un jumelage liant le gouvernorat de Médenine au département français de l’Hérault en collaboration avec la coopération allemande (GIZ).
Entré en phase d’expérimentation en juin 2014, ce projet favorisant l’approche du tri séparatif préalable et qui permet le traitement de deux tonnes de déchets par jour, aurait pu, une fois entré en production effective, atténuer considérablement les retombées de la crise et amener les habitants à reconsidérer leurs comportements vis-à-vis de leurs déchets et de l’environnement.
Djerba produit annuellement 50.000 tonnes de déchets, dont 75% sont des déchets organiques provenant, essentiellement, des unités hôtelières. En moyenne, chaque Djerbien produit 0,62 kg de déchets par jour contre 2,82 kg pour un touriste, selon les dernières statistiques disponibles.
Plusieurs hôteliers ainsi que les habitants de la délégation de Houmet souk (environ 10.000 habitants) et Mellita ont été impliqués dans ce projet qui “devrait être relancé et même généralisé”, a estimé Ben Abdallah.
Contacté par l’agence TAP, un responsable de la Commune de Djerba Houmet Souk a indiqué qu’il n’y a pas d’alternatives à ce projet pour le moment pour résoudre la crise des déchets, notamment dans la délégation de Houmet Souk sans la “réouverture, ne serait-ce que provisoirement, de la décharge de Guellala”.
Ceci est aussi l’aspiration des départements chargés de l’environnement et des collectivités locales qui multiplient les réunions avec les autorités locales et les citoyens dans l’espoir d’arriver à un dénouement à cette crise, dont le seul avantage est de susciter la réflexion sur une refonte totale du système de gestion des déchets en Tunisie et sur l’impératif d’opter pour l’approche participative lors de réalisation des projets environnementaux.