à Tokyo, le 11 novembre 2014 (Photo : Kazuhiro Nogi) |
[13/11/2014 12:28:27] Tokyo (AFP) Le groupe japonais Takata, sous le coup d’une enquête des autorités américaines pour ses airbags défectueux à l’origine de plusieurs décès, a catégoriquement démenti jeudi avoir masqué le problème depuis dix ans.
Le groupe réagissait à un article du New York Times, publié le 6 novembre sur la foi de témoignages d’anciens salariés.
“Nous avons effectivement effectué des tests d’urgence sur des airbags en 2004. Toutefois il ne s’agissait pas d’examiner les gonfleurs d’airbags, mais une autre pièce sans aucun rapport”, assure Takata dans un communiqué diffusé dans la soirée à Tokyo.
“Et contrairement à ce qu’indique le journal en parlant improprement de tests secrets, il est inexact que nous ayons caché des résultats”.
“L’article est basé sur une compréhension inexacte des faits et porte atteinte à la réputation de notre société et de ses employés”, ajoute Takata.
Le spécialiste des coussins et ceintures de sécurité conteste ainsi pour la première fois des assertions sur le fond du dossier, quelques heures après que son compatriote Honda a fait état d’un nouveau décès, en Malaisie, lié à ces produits viciés.
“Un airbag a explosé de manière anormale et une femme a été tuée” lors d’un accident survenu en juillet en Malaisie, a indiqué un porte-parole du constructeur à l’AFP à Tokyo.
Quatre décès avaient auparavant été rapportés par la presse aux Etats-Unis, dont deux confirmés par Takata et Honda.
“Dans les deux autres cas, nous ne savons pas si la mort a été causée par une d’explosion d’airbag ou par d’autres facteurs”, a-t-on expliqué chez Honda.
Le groupe nippon, plus gros client de Takata, a dû rappeler plusieurs millions de véhicules du fait de ces airbags produits dans les années 2000, qui peuvent exploser et projeter des fragments de métal et de plastique sur les passagers.
Honda a demandé jeudi le retour au garage de 170.699 voitures supplémentaires, principalement au Japon, en Asie-Pacifique et en Europe.
Le PDG de Takata, Shigehisa Takada, qui ne s’est pas exprimé en public sur cette affaire depuis l’assemblée générale des actionnaires du groupe en juin, a “présenté ses condoléances les plus sincères” dans une déclaration distincte.
“Je m’excuse aussi profondément auprès des utilisateurs de nos produits, de nos clients, détenteurs d’actions et autres parties prenantes pour leur avoir causé de grandes inquiétudes”, a-t-il ajouté, promettant de “coopérer pleinement” et de “renforcer les contrôles de qualité pour prévenir des incidents similaires”.
– plaintes et enquêtes en cours –
Au coeur du problème, se trouve l’agent gonfleur utilisé – du nitrate d’ammonium -, susceptible de se détériorer en cas d’exposition à une humidité excessive. Takata a indiqué jeudi en avoir modifié la composition chimique pour améliorer ses produits, tout en réfutant avoir fait ces ajustements afin de corriger des vices de conception en réaction à la crise.
L’agence américaine de la sécurité routière (NHTSA) a ouvert en juin une enquête sur cette affaire et tente d’établir la responsabilité de Takata et Honda.
Les deux firmes sont par ailleurs visées par plusieurs plaintes aux Etats-Unis, dont certaines en nom collectif, et deux sénateurs américains ont demandé l’ouverture d’une investigation criminelle du département de la Justice.
Plus de seize millions de véhicules ont été rappelés au total, dont la moitié aux Etats-Unis, selon les analystes. Onze constructeurs sont affectés, parmi lesquels Toyota, Nissan, BMW, Chrysler, Mazda, Ford, General Motors ou encore Mitsubishi Motors.
Takata, société octogénaire de 43.500 personnes, est un des plus gros acteurs mondiaux du marché des airbags, aux côtés du suédois Autoliv, de l’américain TRW Automotive ou du japonais Daicel.
Cette division représente 43% de son chiffre d’affaires global, attendu autour de 600 milliards de yens (4,2 milliards d’euros) pour l’exercice qui sera clos fin mars 2015.
La firme est retombée dans le rouge au premier semestre du fait du coût des réparations. Son titre a abandonné 46% à la Bourse de Tokyo depuis juin, date de l’annonce des investigations américaines, et d’une multiplication des rappels.