étons consultent en marchant leurs smartphones dans une rue de Tokyo, le 3 novembre 2014 au Japon (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
[14/11/2014 11:04:09] Tokyo (AFP) Quand les voitures s’arrêtent au gigantesque carrefour tokyoïte de Shibuya, l’un des plus fréquentés du monde, des centaines de personnes foncent tête baissée pour traverser… les yeux rivés sur leur smartphone, à leurs risques et périls.
Ce spectacle étonnant mais désolant inquiète les autorités japonaises, car si tout le monde se met à agir ainsi, c’en est fini de la sécurité piétonnière.
Une simulation réalisée par NTT Docomo, premier opérateur nippon de services cellulaires, l’a prouvé: si 1.500 individus restaient regard plongé dans leur écran en franchissant ce croisement multiple, il en résulterait 446 collisions et 103 chutes. Un tiers seulement des piétons arriveraient de l’autre côté sans encombre.
Conclusion: “si les gens continuent d’arpenter les rues en regardant leur téléphone, le nombre d’accidents va augmenter”, avertit Tetsuya Yamamoto, un haut fonctionnaire chargé de la prévention des risques chez les pompiers de Tokyo.
Déjà, selon lui, “41% des accidents liés au téléphone mobile sont le fait de personnes qui l’utilisent en marchant ou se déplaçant à vélo”. Les automobilistes qui papotent ou surfent ne sont donc pas les seuls dangers publics.
étons consultent en marchant leurs smartphones dans une rue de Tokyo, le 3 novembre 2014 au Japon (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
Et nous ne parlons pas ici de quelques désagréments anodins entre deux personnes qui se bousculent et s’excusent vaguement, mais d’individus qui finissent à l’hôpital.
Selon les secouristes, entre 2009 et 2013, 122 blessés ont dû être pris en charge par une ambulance à la suite d’accidents causés par des piétons accros à leurs téléphones portables.
– Un fléau urbain international –
Tous les adultes japonais ont un mobile – la moitié de type smartphone – et la proportion d’enfants également équipés tend à croître.
Selon des recherches effectuées par NTT Docomo, le champ de vision d’une personne qui concentre son regard vers le bas, sur l’écran de son mobile, est réduit à 5% de ce qu’il est en temps normal.
“C’est dangereux, particulièrement pour les enfants, et il est de notre devoir de faire en sorte que ce type de comportement n’existe pas”, explique Hiroshi Suzuki, directeur de la responsabilité sociale de Docomo.
étons consultent leurs smartphones dans une rue de Tokyo, le 3 novembre 2014 au Japon (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
Dont acte: M. Suzuki fait la tournée des écoles pour apprendre aux petits l’art et la manière de faire un usage responsable de leur “sumaho”.
“Nous nous appuyons sur l’histoire du lièvre et de la tortue”, explique-t-il. “Le lièvre avance en utilisant son smartphone et tombe dans un trou. Nous voulons que les enfants sachent qu’ils pourraient être le lièvre”.
Faut-il dès lors obliger les piétons à porter un casque ?
“Je ne pense pas que cela devienne nécessaire dans un proche avenir, mais notre message est que cela pourrait arriver. Nous sommes tous des victimes potentielles”, prévient M. Suzuki.
Des affiches sur les quais de gare, des coups de sifflet des agents de police et autres initiatives sont également prises pour lutter contre ce fléau des temps modernes, dont Tokyo n’a cependant pas l’apanage: Londres, New York, Paris ou Hong Kong déplorent aussi la présence massive de toxicomanes du mobile.
En Chine, un parc d’attractions situé dans la mégalopole de Chongqing (sud-ouest) a trouvé la parade: il a divisé les trottoirs en deux voies, pour les piétons sans ou avec mobile. Ceux qui choisissent d’emprunter la seconde le font en connaissance de cause: ils sont responsables des conséquences de leur attitude.
Une ville de l’Etat de New York a quant à elle songé à une loi réglementant l’usage des appareils mobiles sur la chaussée.