MENA : Les ABC de la réforme des subventions selon le FMI (2/3)

fmi-680.jpgUne fois les conditions préliminaires réunies, il reste à garantir les facteurs de réussite. Dans une étude datant de 2013 (Energy Subsidy Reform: Lessons and Implications), Benedict J. Clements, David Coady, Stefania Fabrizio en avaient identifié six en ce qui concerne la réforme des subventions dans le secteur de l’énergie: un plan global de réforme, une stratégie globale de communication, des augmentations de prix «bien échelonnées et séquencées», une meilleure efficience des entreprises publiques pour réduire les subventions au producteur, des mesures d’atténuation ciblées et une fixation des prix «dépolitisée».

Les auteurs de la nouvelle étude du FMI en avaient ces facteurs en reprenant à leur compte une partie de ceux déjà identifiés avant eux: une bonne préparation de la réforme, rythme d’ajustement progressif et largeur de la réforme; fort leadership du gouvernement et construction d’un consensus; soutien –notamment sous forme d’assistance technique- des partenaires internationaux; introduction de mesures d’atténuation pour «adoucir l’impact de la réforme sur les pauvres»; des conditions économiques favorables et la présence d’un gouvernement de coalition au moment de la mise en œuvre de la réforme.

Bolivie, Tunisie…

La préparation, d’abord. Le coût d’une préparation insuffisante d’une réforme des subventions peut être très élevé. Les expériences du FMI n’en veulent pour preuve que les expériences vécues par la Bolivie en 2010 et … la Tunisie en 1983.

Il y a quatre ans en Bolivie, le gouvernement a dû, en raison d’une préparation et d’une communication insuffisantes, annuler au bout de cinq jours une augmentation de 20% du prix du carburant. En Tunisie, l’annonce d’une augmentation de 100% des prix des céréales vingt-quatre heures seulement en avance, a provoqué des émeutes –dites du pain- et fait capoter la réforme des subventions.

Donc, une bonne préparation de la réforme est nécessaire et elle doit faire appel à des diagnostics adéquats et adopter une mise en œuvre graduelle et un timing adéquat pour la mise en œuvre.

A cet effet, une analyse suffisante de l’impact des subventions et de leur suppression est nécessaire. Car elle «contribue à la qualité des discussions des politiques, au ciblage des mesures d’atténuation, et améliore les perspectives de la mise en œuvre de la réforme ».

De même, la mise en œuvre progressive de la réforme est essentielle. Bien qu’ils admettent que le choix entre approche progressive et l’approche dite de «choc» fasse encore débat, les auteurs de l’étude affirment que dans leur échantillon ….- «le gradualisme semble payer». Surtout en matière d’augmentation des prix des produits subventionnés.

Enfin, l’ampleur de la réforme est également un élément à ne pas négliger. L’étude démontre que la réussite des réformes est associée «à une portée plus large», par exemple en insérant le chantier dans le cadre d’un plus vaste programme de réforme structurelle.

Leadership

Le deuxième facteur de réussite a trait au «solide leadership» dont le gouvernement concerné doit faire preuve et à sa capacité à construire du consensus. Une «forte appropriation» et un «fort engagement» du gouvernement à réformer; la construction d’un consensus et la communication «sont cruciaux pour faire prendre conscience à la population des coûts des subventions et démontrer les bénéfices de la réforme et, partant, surmonter les résistances notamment de ceux qui perdraient –du moins à court terme- et mobiliser le soutien qui y gagneraient».

La stratégie de communication doit, en premier lieu, «souligner le coût des subventions (y compris les distorsions qu’elles créent sous forme de pollution, mauvaises allocations des ressources, inefficience, et de contrebande), qui en profite, et quels les bénéfices de la réforme, par opposition aux coûts de la non-réforme».

La stratégie de communication doit également «expliquer qu’il y a d’autres options pour aider les pauvres, et pourquoi elles sont meilleures».

Et cette stratégie aura d’autant plus de chance de porter ses fruits que la transparence est de mise en ce qui concerne le système de subventions. Car «la communication est plus crédible si elle est accompagnée par un effort systématique d’amélioration de la transparence globale, en fournissant des données fiables sur les coûts et les options alternatives».