La campagne bat son plein. Les candidats se bousculent chez les morts et chez les vivants. Sur les plateaux de télé et sur les places des marchés. Sur les pages Facebook, dans les cafés et dans les gargotes à Keftaji. Spectacle surréaliste d’une Tunisie qui n’a connu depuis son indépendance que toujours le seul candidat, le leader bien aimé, le Combattant Suprême et le non moins glorieux artisan du Changement. Ne serait-ce que ça, la Révolution a du bon! Quand même!
Mais la multiplicité des candidatures cache mal l’étroitesse du choix. On avait plus de 70 prétendants qui se sont bousculés aux portes de l’ISIE et on n’en a eu que 27 éligibles. Ils sont devenus 25 seulement après la défection de deux les plus courageux. Mohamed Hamdi de l’Alliance Démocratique qui a préféré jeter l’éponge, et Abderrahim Zouari qui a compris que le vent du vrai changement a bien soufflé.
Ceux qui restent font ce qu’ils peuvent çà et là pour exister sur l’échiquier. Le problème c’est que les tendances de l’opinion et les résultats des législatives, en plus de l’influence des grands médias bousculent les données des uns et des autres. Ainsi, nous nous retrouvons avec 3 groupes de candidats selon les chances des uns et des autres…
Les moins lotis:
C’est un groupe qui englobe les candidats qui, souvent, sont des cavaliers seuls… et isolés. Arbi Nasra, ex-patron de Hannibal TV et parent de la famille Trabelsi, croit qu’il a des choses à dire. Il est en compagnie de Salem Chaibi, leader d’un petit parti (le Congès Populaire) qui n’a rien obtenu aux législatives. Il y a également Mohktar Mejri dont personne n’entend parler ni avant ni même après sa candidature. Dans le même groupe on retrouve Abdelkader Labbaoui, ex-activiste dans la société civile; Yassine Chennoufi, vaguement homme d’affaires après avoir été douanier; Samir Abdelli, avocat de son état. A ceux-là il faut ajouter Safi Saïd, journaliste et écrivain, le magistrat Ali Chourabi, Noureddine Hached, le fils de son père, l’inénarrable Abderraouf Ayadi (Mouvement Wafa) et enfin Mehrez Boussaien!
Dans ce groupe, la plupart ne feront que de la présence. Ils ont beau essayer, ils ne possèdent ni l’appareil nécessaire pour le déploiement régional, ni le charisme qui transcende, ni le projet grandiose qui enthousiasme les foules. Nous les auront tous avec des résultats aussi maigres que certaines listes inconnues des législatives. Mais bon, ils auront quand même essayé!
Les moyennement lotis
Un deuxième groupe se détache parmi les présidentiables et qui a également peu de chance d’aboutir à un résultat signifiant tout en assurant un minimum des voix du scrutin pour des raisons aussi différentes et diverses que sa composition.
On trouve pêle-mêle dans ce groupe l’ancien président de l’ANC, Mustapha Ben Jaafar, l’inamovible Néjib Chebbi tous deux prévalant de leur passé de militant; on trouve également Mme Kennou, la seule femme du scrutin et qui réussira à avoir beaucoup des voix féminines; dans ce groupe on trouve aussi les deux candidats ouvertement «anciens régimes», à savoir Mondher Zenaidi et Kamel Morjane, qui côtoient Hammouda Ben Slama, Abderrazak Kilani et Mohamed Frikha (ces trois ayant un espoir déçu de la «baraka» d’Ennahdha)
Les mieux lotis
Demeure le groupe des mieux lotis dans lequel on retrouve évidemment BCE, favori de tous les sondages secrets ou pas depuis janvier 2012, talonné de Moncef Marzouki et Slim Riahi -bien que MMM soit à une meilleure position que le patron du Club Africain. Il y aura également Hamma Hammami, auréolé du succès du Front Populaire aux législatives, Mustapha Kamel Nabli -capable d’aligner des bons résultats- et enfin le populiste Hechmi Hamdi -capable du tout et de son contraire!
Ainsi, si BCE ne rafle pas la mise dès le premier tour -scénario fort possible-, le duel sera avec Moncef Marzouki probablement. Attention spectacle en vue!