, le 17 novembre 2014 (Photo : Philippe Lopez) |
[17/11/2014 09:31:39] Hong Kong (AFP) Les Bourses de Hong Kong et de Shanghai ont lancé lundi un dispositif de connexion offrant un accès sans précédent au marché financier chinois, mais les petits porteurs shanghaïens se montraient réticents à risquer leur épargne sur la nouvelle plate-forme.
Baptisée “Connect”, celle-ci doit voir jusqu’à trois milliards d’euros transiter chaque jour dans les deux sens.
La plate-forme permet aux investisseurs internationaux d’avoir accès directement, via Hong Kong, à des titres cotés à Shanghai, et aux Chinois du continent d’acheter des actions cotées à Hong Kong.
C’est un moment “historique”, a commenté Charles Li, le directeur général du HKEx, l’opérateur de la Bourse hongkongaise, en lançant officiellement le dispositif. Le président de la Bourse Chow Chung Kong a lui estimé qu’il s’agissait d’une “percée en vue de l’ouverture du marché financier chinois”.
“Connect” rend possible pour la première fois la détention directe d’actions chinoises pour n’importe quel investisseur étranger. Auparavant, seuls quelques gestionnaires de fonds sélectionnés pouvaient investir, de façon restreinte, sur les marchés chinois.
élèbrent le lancement de la plate-forme de connexion Shanghai-Hong Kong, le 17 novembre 2014 (Photo : Philippe Lopez) |
Pour Sam Lau, président de la firme d’investissement HeungKong Financial, cela devrait signifier “un doublement des bénéfices”. “Il y a beaucoup de très bons groupes chinois qui ne sont pas cotés en Chine (continentale) mais à Hong Kong: par exemple, (le géant de l’internet) Tencent ou Galaxy (casinos), dans le secteur du divertissement”, avait-il observé la semaine dernière à Pékin.
“Il y aura de l’argent (des investisseurs chinois) pour ce type d’actions. En sens inverse, les groupes financiers cotés (à Shanghai) vont aussi largement en profiter”, avait-il ajouté.
– “Ouverture mutuelle” –
A Shanghai, le président de la Commission de contrôle boursier de la Chine, Xiao Gang, a salué un projet “propice à l’internationalisation du renmimbi”, l’autre nom du yuan, la devise chinoise.
“Il s’agit d’une initiative majeure pour promouvoir l’ouverture mutuelle des marchés des capitaux des deux villes”, a-t-il ajouté.
Le nouveau dispositif n’a toutefois pas reçu le même accueil dans les deux places boursières: lundi à 14H00 (06H00 GMT), les investisseurs hongkongais avaient épuisé tout leur quota de titres sur la marché de Shanghai, mais les investisseurs du continent n’avaient utilisé qu’un dixième du leur à Hong Kong.
“Les transactions sont beaucoup plus importantes dans le sens sud-nord. Cela montre que les investisseurs chinois ne se jettent pas aveuglément sur les actions de Hong Kong. Ce n’est pas un mauvais signal”, a commenté à l’AFP Jackson Wong, de Simsen International Financial Group.
De l’avis des analystes, c’est un moyen bienvenu de diversifier l’épargne chinoise, qui pour l’instant nourrit surtout la spéculation immobilière et la “finance de l’ombre”, faute de véritables alternatives.
Mais des petits porteurs chinois interrogés par l’AFP avaient confié se sentir peu concernés par le mécanisme et démotivés par les restrictions imposées: il faut investir un capital considérable (l’équivalent de 65.800 euros) pour participer.
écran), lors du lancement de la plate-forme de connexion boursière Connect, le 17 novembre 2014 à Hong Kong (Photo : Philippe Lopez) |
“Ce Shanghai-Hong Kong Connect ne signifie pas grand chose pour le commun des petits investisseurs. Aucun de mes amis ne va y participer”, avait ainsi averti Lei Xianrong, un petit négociant de systèmes automatisés et boursicoteur à Shanghai.
Alors que la deuxième économie mondiale multiplie les initiatives –échanges entre banques mondiales, quotas d’investissements, émissions obligataires– pour doper l’usage du yuan hors de ses frontières, le “Connect” devrait conforter la tendance.
Pourtant, la porte ne sera qu’entrouverte: Pékin, désireux d’empêcher à tout prix des fuites de capitaux non maîtrisées, a maintenu d’autres restrictions.
Le volume cumulé initial de fonds étrangers vers Shanghai devra rester inférieur à 300 milliards de yuans (39,2 milliards d’euros), et le mouvement inverse vers Hong Kong est plafonné à 250 milliards de yuans.
Il y aura une large ouverture à la cote shanghaïenne, avec plus de 560 titres concernés sur les 970 que comprend l’indice, mais à Hong Kong, seuls 266 titres seront disponibles sur un total d’environ 1.700.
Experts et professionnels s’attendaient à voir la plate-forme Connect entrer en activité courant octobre, mais les autorités hongkongaises avaient reporté le lancement, dans un contexte d’occupation du quartier des affaires par le mouvement prodémocratie.