Iran, en 2010 (Photo : Atta Kenare) |
[17/11/2014 12:06:32] Téhéran (AFP) L’Iran veut convaincre l’Opep de réduire sa production de pétrole avant la prochaine réunion du cartel mais Téhéran semble résigné à une baisse prolongée des cours du brut qui va affecter son économie, déjà touchée par les sanctions internationales.
Les 12 membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui assurent le tiers de la production mondiale de brut, doivent se réunir le 27 novembre à Vienne, alors que les prix du pétrole ont touché un plus bas en quatre ans. Le brut est descendu à moins de 80 dollars, contre près de 110 dollars cet été.
Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, s’est rendu récemment au Qatar et au Koweït et sera mardi aux Emirats arabes unis. Il a aussi reçu le chef de la diplomatie vénézuélienne.
– Enrayer la chute –
“Il est difficile de revenir aux prix antérieurs, mais il faut tenter d’améliorer les cours autant que possible en tenant compte de la nouvelle situation du marché”, a toutefois reconnu M. Zanganeh après ses entretiens avec Rafael Ramirez.
Caracas demande également une réduction de la production pour enrayer la chute des cours, mais cette décision “sera très difficile”, a prévenu le Koweït.
Lundi, le président de la Douma russe, Sergueï Narychkine, a affirmé à Téhéran que Moscou – non-membre de l’Opep – était “prêt à négocier avec tous les pays producteurs pour équilibrer le prix” du pétrole, qui représente la moitié des rentrées budgétaires de la Russie.
Pour certains, la baisse est provoquée par une offre excédentaire et un ralentissement de l’économie mondiale. Plusieurs membres de l’Opep, comme l’Arabie saoudite, chef de file du cartel, ont suivi le marché en réduisant leur prix de vente.
Opep (Photo : Joe Klamar) |
M. Zanganeh a critiqué “certains pays” ayant augmenté leur production “et trouvent des prétextes” pour justifier leur refus de pomper moins de brut.
Le président iranien Hassan Rohani a été plus dur en dénonçant récemment le “complot de la baisse des prix”, en faisant allusion à l’Arabie saoudite et aux Etats-Unis.
L’Arabie saoudite, puissance régionale sunnite rivale de l’Iran chiite, avait augmenté sa production en 2012 pour compenser la baisse des exportations de Téhéran soumis à un embargo pétrolier en raison de son programme nucléaire controversé. Les exportations de brut iranien ont chuté de plus de 2,2 millions de barils par jour (mbj) en 2011 à environ 1,2 mbj actuellement.
L’Iran et les grandes puissances tentent de conclure d’ici le 24 novembre un accord global permettant de garantir le caractère pacifique du programme nucléaire iranien contre la levée des sanctions internationales qui ont provoqué une grave crise économique dans le pays.
Téhéran, assis sur les quatrièmes réserves mondiales de pétrole et les secondes réserves en gaz, tente aussi de sortir de sa dépendance à l’or noir qui reste sa première source de revenus en devises.
Selon des parlementaires, le gouvernement a déjà préparé un budget avec un baril entre “70 et 80 dollars” pour la prochaine année fiscale (mars 2015 – mars 2016) contre 100 dollars pour celle en cours.
La baisse affectera le prochain budget de l’Etat avec un “déficit des recettes pétrolières de l’ordre de 8 à 10%”, estime Gholamreza Tajgardoun, président de la commission parlementaire du Plan et du budget.
Les pertes pour l’année en cours devraient être limitées, souligne-t-il. Le budget a ainsi été calculé sur la vente d’un million de barils/jour à 100 dollars mais l’Iran en a vendu au moins 200.000 de plus. “Nous avons eu plus de recettes que prévu”, dit M. Tajgardoun.
“La tâche sera plus difficile l’année prochaine (…) il faudra fixer le prix du baril entre 80 et 85 dollars”, a-t-il ajouté.
– Double dépendance –
L’analyste économique Saïd Leylaz n’est pourtant pas inquiet car “le budget est de moins en moins dépendant du pétrole”.
“Le pays pourrait supporter même un baril à 75 dollars”, en comptant la hausse des exportations non-pétrolières dont une partie proviennent de produits pétrochimiques et de condensats de gaz, explique-t-il à l’AFP.
Mais selon un autre analyste dans le quotidien iranien Financial Tribune, cette double dépendance, pétrolière et pétrochimique, est dangereuse car soumise à la fluctuation des prix du brut.
Le gouvernement espère aussi qu’un accord nucléaire permettra de lever les sanctions et de relancer l’économie.
L’Iran aura alors accès aux quelque 100 milliards de dollars bloqués dans les banques étrangères, pourra augmenter ses exportations et attirer les investissements étrangers.