à Singapour (Photo : Roslan Rahman) |
[17/11/2014 15:25:46] Singapore (AFP) Les autorités devraient avoir le droit de réglementer les salaires fixes des banquiers comme leurs bonus, a indiqué lundi le gouverneur de la Banque d’Angleterre, le régime actuel de rémunération ne permettant pas de dissuader les mauvaises conduites.
Lors du dernier scandale qui a frappé le secteur, six grandes banques internationales se sont vu infliger des amendes de 4,2 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros) la semaine dernière pour avoir tenté de manipuler le marché des changes.
“La succession des scandales rend tout simplement impossible de prétendre que le problème ne concerne que quelques brebis galeuses”, a déclaré Mark Carney lors d’une conférence organisée à Singapour par la banque centrale de la cité-État, l’Autorité monétaire de Singapour.
“On pourrait avoir besoin de développer des normes pour remettre en question les salaires fixes ou sans participation”, a-t-il ajouté.
Les bonus sont déjà régis par les directives du Conseil de stabilité financière (CSF) – un organisme de surveillance qui inclut toutes les économies du G20 -, y compris les reports obligatoires et les récupérations quand les banquiers sont reconnus coupables de mauvaises conduites.
Le gouvernement britannique craint que les grandes banques puissent contourner les restrictions sur les bonus en augmentant les salaires fixes.
– Les pénalités financières insuffisantes –
Donner les moyens aux régulateurs de contrôler les salaires fixes “permettra que le fardeau de la prise de risques excessive et des mauvaises conduites au sein du personnel puisse encore être pris en charge par ce personnel”, a dit Mark Carney, qui est également président du Conseil de stabilité financière.
Selon lui, les mauvais comportements répétés dans le secteur en dépit de la menace de lourdes amendes “souligne que les pénalités financières seules sont insuffisantes pour répondre aux problèmes qui ont été soulevés”.
“Il faut apporter des changements fondamentaux à la pression institutionnelle, aux ententes sur les rémunérations et aux marchés”, a-t-il ajouté.
“Nous pensons que les dirigeants et les cadres supérieurs doivent se charger personnellement de la mise aux normes des règles qui régissent leurs institutions.”
Un groupe parlementaire britannique a demandé lundi des mesures de régulation des banques après les lourdes amendes infligées la semaine dernière aux prêteurs européens et américains pour leur rôle dans la manipulation du marché des changes.
Ce gigantesque marché voit transiter quelque 5.300 milliards de dollars par jour, dont 40% via la City de Londres.
Ils recommandent notamment que les banques séparent leurs activités de détail de leurs divisions qui s’occupent des investissements à risques, et annulent les primes en cas de graves manquements.
D’autres scandales ont frappé le secteur bancaire comme la manipulation du taux interbancaire Libor et la vente abusive de produits financiers.
Ces excès dans le secteur, qui concernent également de grandes banques américaines, ont aussi conduit à la crise financière mondiale de 2008 et à la récession qui a suivi.