à Omo Valley, en Ethiopie, le 22 mai 2012 (Photo : Jenny Vaughan) |
[18/11/2014 11:51:36] Paris (AFP) Grâce à une croissance supérieure à 8% par an sur la décennie écoulée et une politique d’investissements très volontariste, l’Ethiopie cherche à attirer les entreprises étrangères avec un objectif: transformer son économie, essentiellement agricole, et devenir une “puissance manufacturière”.
“Et pour cela, nous avons besoin d’entreprises étrangères. Notre priorité est d’améliorer nos infrastructures et la logistique”, assure le vice-Premier ministre éthiopien en charge de l’Economie, Debretsion Gebremichael, venu lundi à Paris participer à un forum d’affaires France-Ethiopie.
Car l’Ethiopie, dont les 90 millions d’habitants en font le deuxième marché du continent africain après le Nigeria, est encore un pays agricole. Quelque 45% du produit intérieur brut (PIB) et 80% des exportations dépendent de l’agriculture, quand le secteur industriel ne représente que 14% du PIB.
Mais depuis plusieurs années, “la croissance de l’Ethiopie est tirée par le secteur public et les dépenses d’infrastructures”, éclaire Roger del Rio, conseiller économique à l’ambassade de France en Ethiopie.
En 2010, l’ancien Premier ministre Meles Zenawi a lancé un plan quinquennal “pour la croissance et la transformation” de l’Ethiopie. Parmi les projets phares, le quadruplement des capacités électriques du pays ou la rénovation de la ligne de chemin de fer reliant Addis-Abeba à Djibouti, par où transite la quasi-totalité des exportations éthiopiennes.
“Nous sommes partis de zéro et nous sommes aujourd’hui le second exportateur africain de produits agricoles (…) Nous voulons faire de l’Ethiopie une puissance manufacturière et de transformation agricole”, reprend M. Gebremichael.
Une volonté qui s’est traduite par quelques résultats concrets. Depuis novembre 2013, des étiquettes “Made in Ethiopia” sont ainsi apparues sur les vêtements distribués par le géant suédois de l’habillement H & M après que des usines de textiles, notamment turques, se sont installées en Ethiopie pour profiter de salaires jusqu’à dix fois moindres qu’en Chine.
Selon le FMI, la croissance de l’Ethiopie, dont l’objectif est d’intégrer le groupe des pays à revenus intermédiaires à l’horizon 2025, sera encore de 8,2% cette année.
– Présence française timide –
Pourtant, reconnait Muriel Pénicaud, la directrice d’Ubifrance, agence de développement des entreprises à l’export, la présence française en Ethiopie est encore timide.
“Il y a beaucoup de méconnaissance du pays. Les entreprises ne pensent pas forcément à l’Ethiopie comme un débouché commercial”, explique-t-elle, alors que le pays “a 8 à 10% de croissance depuis 10 ans. C’est un marché de plus de 80 millions d’habitants, évidemment toujours en construction mais c’est un lieu où investir pour le futur”.
Quelques entreprises françaises, notamment dans le secteur de l’énergie, ont déjà un pied en Ethiopie. Des grands groupes, comme Total ou Alstom, qui participe à la construction du “Barrage du millénaire” sur le Nil Bleu, près de la frontière avec le Soudan, censé devenir le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique.
Mais aussi des PME comme l’entreprise orléanaise Vergnet, dont le chantier de parc éolien de 120 mégawatts dans la région du Tigré (nord-est) a été inauguré en grande pompe en octobre 2013.
“Il y a beaucoup de demandes dans les infrastructures, les transports ou dans l’environnement, les priorités données par le gouvernement”, poursuit Muriel Pénicaud.
Au total, une cinquantaine d’entreprises françaises sont présentes en Ethiopie. “La France est le septième fournisseur de l’Ethiopie et son 13e client mais n’a que 2% de parts de marché. Il n’y a que 34 millions d’euros d’investissements directs en Ethiopie”, explique le secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, Mathias Fekl.
Et les obstacles restent nombreux. Les entreprises françaises doivent faire face à la nouvelle concurrence de la Chine, de loin le premier investisseur étranger en Ethiopie, tandis que de nombreux pans de l’économie éthiopienne, notamment dans le secteur bancaire, restent fermés aux entreprises étrangères.