à Nantes (Photo : Jean-Sebastien Evrard) |
[18/11/2014 12:54:39] Kingersheim (France) (AFP) La justice commerciale doit se pencher mardi après-midi à Mulhouse sur l’avenir du groupe en difficulté Mobilier européen (enseignes Fly, Atlas et Crozatier), où près d’un millier d’emplois, sur plus de 3.600 répartis dans toute la France, devraient être supprimés.
Au total, neuf offres de reprise jugées “convaincantes et crédibles” par les administrateurs judiciaires seront présentées à la chambre commerciale du tribunal de grande instance, a précisé à l’AFP un porte-parole du groupe basé à Kingersheim, en banlieue de Mulhouse (Haut-Rhin).
L’entreprise familiale, numéro 4 du secteur en France, a été placée en redressement judiciaire en septembre.
Le tribunal, qui a déjà longuement examiné fin octobre ce dossier très complexe, devait à nouveau entendre mardi les différentes parties à huis clos. Il devrait ensuite mettre sa décision en délibéré et se prononcer dans les huit jours.
Les représentants des salariés ont prévu de manifester mardi après-midi devant le siège de l’entreprise, où travaillent actuellement quelque 300 personnes. Ils réclament notamment une aide financière des pouvoirs publics (Etat et Conseil régional d’Alsace) pour abonder le futur plan social.
Au cours des derniers jours, les syndicats ont été reçus à la sous-préfecture de Mulhouse pour évoquer ce dossier, mais également au ministère du Travail.
Si la chambre commerciale valide les offres de reprise, le groupe devrait être cédé par morceaux à plusieurs repreneurs. Mais certains magasins devront mettre la clef sous la porte.
Les 91 magasins franchisés (exploités sous les marques Fly, Atlas et Crozatier) devraient tous être repris, et leurs 1.600 emplois maintenus.
En revanche, sur les 95 magasins gérés directement par Mobilier européen, seuls 52 font l’objet d’une proposition de reprise.
– ‘Au creux de la vague’ –
Au total, en prenant en compte les salariés affectés au siège, seuls 2.733 emplois sur 3.676 pourraient être préservés (dont 124 personnes qui pourraient être reclassées dans d’autres établissements appartenant aux repreneurs). La perte nette serait donc de 943 emplois, dans le meilleur des scénarios.
La déconfiture de Mobilier européen survient dans un contexte très morose pour l’ensemble du marché. Depuis 2012, les ventes de meubles en France ont décroché de 13%.
“Nous traversons un très difficile moment. Le meuble est un achat à la fois impliquant et facilement différable”, subissant ainsi de plein fouet les arbitrages réalisés par les consommateurs au budget serré depuis le début de la crise, expliquait fin août Didier Baumgarten, président de la Fédération française du négoce de l’ameublement et de l’équipement de la maison (Fnaem).
“Nous souffrons (…), nous sommes au creux de la vague, on voit disparaître des points de ventes et ça va continuer”, ajoutait ce responsable.
Selon un porte-parole de Mobilier européen, les difficultés s’expliquent aussi par la crise du logement, qui a un effet direct sur les achats de meubles. Le groupe doit affronter une “concurrence de plus en plus agressive, devenue acharnée”, a ajouté ce porte-parole, évoquant notamment, sans les nommer, des “géants qui bénéficient d’économies d’échelle”.
Pendant ce temps, justement, le géant suédois Ikea poursuit son expansion: vendredi, ses responsables ont posé la première pierre de leur futur 31e magasin français, à… Mulhouse, soit à quelques kilomètres à peine du siège de Mobilier européen. Son ouverture est prévue en juillet 2015.