à 250 km au sud-est de La Havanne, le 11 février 2013 (Photo : Jean-Herve Deiller) |
[18/11/2014 13:36:31] La Havane (AFP) Après 10 ans de vaines campagnes d’exploration off-shore, l’euphorie pétrolière cubaine est retombée et l’île se voit désormais contrainte de promouvoir une meilleure mise en valeur des puits déjà existants pour maintenir sa production.
Malgré plusieurs campagnes d’exploration et des études préliminaires prometteuses, aucun gisement exploitable n’a été découvert ces dernières années dans le golfe du Mexique, au grand dam d’autorités qui pâtissent d’un désintérêt croissant pour ces réserves potentielles en eaux profondes.
Lors de la récente Foire internationale de La Havane, le gouvernement cubain a présenté plusieurs projets d’exploration, mais aucun investisseur étranger ne semble s’être manifesté dans ce secteur alors que d’autres projets touristiques, industriels et énergétiques ont trouvé preneur.
Cette année, en plus des projets d’exploration, figuraient plusieurs propositions de “récupération améliorée”, laissant présager d’une nouvelle orientation décidée par l’Etat cubain.
Il s’agit “d’améliorer le coefficient de récupération des réserves de pétrole existantes dans certains gisements où les méthodes d’exploitation conventionnelles ne le permettent plus”, selon un commentaire publié avec ces propositions.
Pour cette “récupération améliorée”, diverses techniques sont habituellement utilisées, notamment l’injection de gaz, afin de réduire la viscosité du pétrole, particulièrement forte dans les puits exploités à Cuba.
Le brut cubain, très lourd, est généralement utilisé pour la production électrique et dans les processus de fabrication de ciment, de lubrifiants et d’asphalte.
La production actuelle sur l’île communiste est de 25 millions de barils annuels d’équivalent pétrole (pétrole et gaz), moins de 70.000 barils/jour, ce qui selon les autorités représente 40% de la consommation locale. Le reste est importé du Venezuela, pays “ami” qui cède son brut à des conditions préférentielles.
Aujourd’hui, la compagnie d’Etat Cubapetroleo (Cupet), qui détient le monopole, admet que son objectif n’est plus d’augmenter sa production mais de la maintenir au niveau actuel en dépit de l’ancienneté de certains gisements.
Son offre pour la “récupération secondaire” aux investisseurs prévoit comme de coutume la formation d’entreprises mixtes avec des investisseurs qui devront s’acquitter d’une mise de 142 millions de dollars pour chaque site – dont le nombre et l’emplacement n’ont pas été rendus publics – et pour une durée de 30 ans.
Le retour sur investissement est promis après un peu plus de deux ans, mais il est calculé sur une base d’un baril à 95 dollars, bien supérieure aux cours actuels.
Selon Jorge Piñon, ex-président d’Amoco Oil Amérique latine et aujourd’hui expert à l’université du Texas, à Austin (États-Unis), ces techniques éprouvées à l’étranger pourraient permettre un bond de la production actuelle de près de 50%.
– De coûteuses tentatives –
Ces trois dernières années, avec la plate-forme italienne de recherche en eaux profondes Scarabeo-9, quatre groupes pétroliers internationaux – Repsol (Espagne), PDVSA (Venezuela), PC Gulf (Malaisie) et Zarubezhneft (Russie) – ont mené en vain des explorations dans la zone économique cubaine du golfe du Mexique (112 km2). La plate-forme est depuis partie dans les eaux africaines et aucune date n’a été fixée pour la poursuite de ces très coûteuses recherches.
Certaines études internationales chiffrent pourtant les réserves de pétrole cubaines à cinq à neuf milliards de barils, tandis que La Havane pousse l’estimation jusqu’à 20 milliards de barils.
Mais les grandes compagnies internationales semblent majoritairement se désintéresser des 59 blocs cubains, dont 52 restent ouverts aux candidats potentiels. Les groupes américains en sont exclus en vertu du strict embargo imposé à l’île communiste.
“Depuis juillet 2004, lorsque Repsol a perforé le premier puits d’exploration en eaux profonds cubaines, six autres tentatives se sont avérées infructueuses”, rappelle M. Piñón à l’AFP. A ce jour, seuls PDVSA (depuis 2007), l’Angolais Sonangol (2010) et les Russes de Rosneft-Zarubezhneft demeurent actifs sur ces gisements.
Pour M. Piñon, les investisseurs sont autant échaudés par le coût pharaonique des échecs répétés de l’exploration, évalués à 575 millions de dollars, que par la faiblesse des cours actuels oscillant entre 74 et 78 dollars le baril sur les marchés internationaux.
“Pour qu’un projet en eaux profondes soit rentable, le baril doit se situer entre 90 et 100 dollars”, estime l’expert.
En outre, selon lui, Cuba est victime de la concurrence régionale du Mexique, qui présente “un grand potentiel, des réserves prouvées et une infrastructure pétrolière forte de plusieurs années d’expérience”.