ères (Photo : Charly Triballeau) |
[18/11/2014 21:03:10] Paris (AFP) Confronté à des difficultés persistantes sur le marché du nucléaire, le géant français de l’atome Areva a renoncé mardi à un de ses principaux objectifs en 2014 et suspendu l’ensemble de ses perspectives financières pour les deux années suivantes.
Cette annonce est la dernière en date d’une série de revers essuyés par le groupe nucléaire qui, outre ses problèmes financiers et opérationnels, est engagé dans une refonte de sa gouvernance.
Elle coïncide aussi avec la confirmation par l’électricien EDF d’un nouveau report d’un an, à 2017, du démarrage du réacteur EPR de nouvelle génération en construction à Flamanville (Manche), conçu par Areva.
Pour cette année, le groupe nucléaire a précisé ne plus pouvoir garantir son objectif d’un cash flow opérationnel libre “proche de l’équilibre”, son indicateur de performance privilégié, dans un communiqué publié avant la clôture de la Bourse.
Détenu à 87% par des capitaux publics, il explique que certains encaissements de clients sont “susceptibles d’être reportés sur l’exercice 2015”.
Areva a en revanche confirmé sa prévision d’une baisse de 10% de son chiffre d’affaires organique cette année et d’une marge d’excédent brut d’exploitation de 7%.
Pour 2015 et 2016, toutes les perspectives financières sont suspendues dans l’attente de leur révision, à savoir la croissance organique des ventes de l’ordre de 4 à 5% par an et un cash flow opérationnel libre proche de l’équilibre en 2015, puis “nettement positif” en 2016.
“Areva suspend ses perspectives financières pour les exercices 2015 et 2016, en l’attente de leurs conclusions”, a indiqué le groupe.
Il en attribue la cause aux retards du chantier de l’EPR en construction à Olkiluoto (Finlande), qui devrait entrer en service en 2018, avec neuf ans de retard, ainsi qu’aux délais dans le redémarrage des réacteurs japonais, stoppés depuis la catastrophe de Fukushima en 2011.
Le Japon a donné, début novembre, son accord pour la relance de deux d’entre eux.
– Nouvelles perspectives pour 2015-2017 –
Areva cite ainsi “les conséquences, sur le cash flow opérationnel libre de 2015 et au-delà, du nouveau planning d’achèvement du projet Olkiluoto 3 et de l’impossibilité à ce jour d’adapter le rythme des paiements avec le client”, ainsi que “le glissement du calendrier de redémarrage des réacteurs japonais”.
Il invoque aussi “la révision des hypothèses de calendrier de lancement de nouvelles constructions de réacteurs, de contrats export dans le recyclage et de projets internationaux”, ainsi que “l’atonie persistante du marché des services à la base installée”.
Areva prévoit de présenter de nouvelles perspectives financières pour la période 2015-2017 “d’ici à la publication des résultats de l’exercice 2014”, prévue le 25 février 2015.
Sous forte pression financière, le spécialiste de l’atome avait déjà été contraint cet été de réviser à la baisse ses prévisions d’activité, de rentabilité et de trésorerie pour cette année, après avoir essuyé une perte nette de 694 millions d’euros au premier semestre.
Puis, pour échapper à une dégradation de sa note de crédit, il avait annoncé début octobre son intention de réduire ses investissements de 200 millions d’euros supplémentaires sur la période 2015-2016 et de céder davantage d’actifs pour renforcer sa structure financière.
Il a dit mardi travailler à “un renforcement de son plan de performance”.
Face à ces difficultés, l’Etat actionnaire a décidé de débarquer le président du conseil de surveillance, Pierre Blayau, peu après le départ pour maladie du président du directoire Luc Oursel.
Il a appelé à la rescousse l’ancien patron du groupe automobile PSA Philippe Varin, qui sera amené à diriger le futur conseil d’administration du groupe une fois acté le changement du mode de gouvernance, tandis que la direction générale devrait être assurée par l’actuel numéro deux Philippe Knoche.
Selon le magazine Challenges, Areva pourrait en outre annoncer prochainement un important avertissement sur résultats, avec une perte nette de plus de 1 milliard d’euros sur l’année, tandis que l’Etat envisagerait d’injecter 2 milliards d’euros dans le groupe, parallèlement à “la création d’une société de défaisance (…) pour loger et externaliser les activités ultra-déficitaires en même temps qu’imprévisibles”.