La SNCF développe l’immobilier pour financer le ferroviaire

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à rentabiliser son patrimoine foncier pour financer ses investissements (Photo : Loic Venance)

[19/11/2014 09:50:31] Paris (AFP) La SNCF dispose de 20.000 hectares de foncier, et cherche, à travers sa nouvelle branche SNCF Immobilier, à les rentabiliser au maximum pour financer ses lourds investissements, suivant les modèles suisse ou japonais.

Le groupe public va profiter de la réforme ferroviaire, votée cet été et qui entre en vigueur au 1er janvier, pour développer cette nouvelle “ligne de métiers” et regrouper un patrimoine aujourd’hui séparé entre le gestionnaire d’infrastructure Réseau ferré de France (RFF), la SNCF, et des filiales.

“Chacune des entreprises agissait à son échelle. La réforme ferroviaire permet un changement non pas parce qu’on ne le faisait pas bien aujourd’hui mais on faisait chacun dans son périmètre. Or, les opérations d’aménagement à conduire sur les fonciers ferroviaires sont souvent très complexes”, a expliqué à l’AFP la nouvelle directrice générale de SNCF Immobilier, Sophie Boissard.

La SNCF espère à terme multiplier par deux les revenus issus de ce secteur.

Voies ferrées, hangars et dépôts: les 20.000 hectares de foncier et 12 millions de m² de bâtiments industriels et tertiaires seront regroupés au sein de SNCF Immobilier, qui comptera environ 700 agents et salariés. Quant aux 100.000 logements dont la SNCF est propriétaire, initialement prévus pour les cheminots, ils seront gérés par sa filiale ICF Habitat, qui rassemble près de 2.000 personnes.

Il s’agira notamment de louer ces logements et bureaux ou de développer des programmes d’aménagement urbain sur des terrains ferroviaires non utilisés, comme la SNCF l’a déjà fait autour de la gare de Lyon à Paris ou de la bibliothèque François-Mitterrand, autour de la gare de Lyon-Part-Dieu ou encore à Lille et Rennes.

“Nous nous fixons comme objectif de bâtir et rénover 3.000 logements par an dans les quatre ans qui viennent”, avait déclaré Sophie Boissard dans Les Echos, début novembre.

SNCF Immobilier ne s’occupera toutefois pas des gares, dans lesquelles sont développés les commerces, autre source de revenus.

– Maximiser l’autofinancement des investissements –

“Nous avons depuis toujours un important patrimoine foncier et un savoir faire en aménagement de ces sites très complexes, en général situés à proximité des grands noeuds ferroviaires”, commente Sophie Boissard.

Les produits de cessions ont grossi les comptes de la SNCF à hauteur de 1,85 milliard d’euros sur la période 2009-2013 et le groupe public touche chaque année 150 millions d’euros de redevances et 300 millions d’euros de produits de cession.

Ces 450 millions d’euros annuels peuvent être doublés sur le long terme, selon Sophie Boissard: “tout le travail des prochains mois va porter sur l’identification des leviers à actionner et sur le rythme auquel on pourra concrétiser cette ambition”.

“L’objectif du groupe est de pouvoir maximiser l’autofinancement de ses investissements, en limitant l’endettement (…) Les revenus immobiliers apportent une contribution appréciable à cet effort”, explique-t-elle.

Renouvellement de voies ou caténaires, modernisation des lignes, développement de capacités supplémentaires en zone dense: les besoins de financement du réseau sont élevés et “ne peuvent pas être couverts par les seuls péages versés par les opérateurs ferroviaires”.

“La gestion et la valorisation immobilière peuvent donc être un levier essentiel de la performance industrielle, économique et sociale. C?est une des raisons pour lesquelles SNCF crée SNCF Immobilier”, souligne le groupe.

Le directeur immobilier d’une grande entreprise industrielle devrait rejoindre cette nouvelle direction.

Au Japon par exemple, l’activité immobilière et commerciale est très rentable: la compagnie privée Tokyu, qui exploite trois lignes dans la capitale japonaise, réalise 16,6% de son chiffre d’affaires, mais près de la moitié de ses bénéfices d’exploitation, via cette activité.

La réforme ferroviaire, qui entrera en vigueur au 1er janvier, prévoit de distinguer, sous une entité SNCF de tête – à laquelle sera rattachée SNCF Immobilier – deux établissements: SNCF Mobilités, qui devient l’opérateur ferroviaire, et SNCF Réseau en charge de l’infrastructure.