éage autoroutier à Saint-Arnoult-en-Yvelines, le 31 juillet 2014 |
[19/11/2014 15:05:00] PARIS (AFP) Les concessionnaires d’autoroutes ont appelé mercredi à “garder confiance dans le modèle français des concessions autoroutières” et à “sortir de la critique excessive”, lors d’un colloque organisé par le groupe Vinci, le jour de la présentation du rapport d’étape d’une mission parlementaire.
L’heure est à la contre-offensive pour le gestionnaire d’autoroutes (ASF et Cofiroute), au moment où le ministre de l’Economie Emmanuel Macron a promis de renforcer la régulation dans tous les secteurs et de “baisser les tarifs là où c’est possible”.
Vinci avait invité à débattre acteurs et spécialistes du secteur, ainsi qu’une poignée de responsables politiques, tous favorables au système des concessions, qui ont alterné plaidoyer pro domo et pédagogie chiffrée.
“Il faut garder confiance dans les concessions et sortir de cette critique sûrement excessive des sociétés d’autoroutes”, a jugé le député du Calvados Philippe Duron.
L’ex-secrétaire d’Etat aux Transports Dominique Bussereau a de son côté fustigé le “déclinisme du gouvernement actuel sur les infrastructures” et la “chasse aux sorcières” alimentée, selon lui, par les critiques de la Cour des comptes et “un rapport à charge de Terra Nova, qui est une horreur absolue”.
Les concessions sont un “extraordinaire facteur de développement, qui ont permis de construire un réseau 9.000 km sans faire appel au budget de l’Etat”, a affirmé Jean Mesqui, délégué général de l’Asfa (Association des sociétés françaises d’autoroutes).
Le recours au privé est une nécessité pour les Etats développés à faibles marges de manoeuvre budgétaires, ont plaidé les intervenants. Au niveau mondial, seuls 2.800 milliards de dollars d’infrastructures sont financés à l’heure actuelle, contre des besoins estimés à 4.300 milliards, selon une étude du Boston Consulting Group (BCG).
Mais comment veiller à ce que les intérêts de l’Etat et ceux du citoyen soient préservés ? Il faut assurer la “transparence sur les bénéfices et les risques partagés par chacun”, a estimé dans une vidéo le secrétaire d’Etat aux transports du Portugal Sergio Silva Monteiro, louant la concession octroyée pour 50 ans au groupe Vinci, de dix aéroports portugais (ANA).
Les hausses tarifaires ont-elles été excessives depuis la privatisation en 2006 ? De 2007 à 2014, elles ont été de 1,81% par an contre 2,06% entre 2000 et 2006, soit “un peu supérieures à l’inflation” (1,43% à partir de 2007 et 1,63% avant), a chiffré l’Asfa.
En outre, “les règles de fixation des tarifs sont restées les mêmes” et “il est pernicieux de dire qu’elles auraient été extorquées à l’Etat”, alors que le gouvernement contrôle ces tarifs, a estimé Pierre Coppey, président de Vinci Concessions (et de l’Afsa).
Les bénéfices des sociétés d’autoroutes sont-ils excessifs ? Sur 100 euros de chiffre d’affaires, le résultat d’exploitation (Ebitda) ressort à 64 euros soit 64%, “comparable à ce qu’il est en Europe”, selon une étude du cabinet Deloitte. Le résultat net, lui, est de 18%.
“Un euro de chiffre d’affaires fait 20 centimes de résultat net mais il faut un investissement de 5 euros”, a affirmé M. Coppey.
Sur la durée d’une concession, “la rentabilité sera de 7% par an si tout va bien, elle sera négative si tout va mal, c’est-à-dire si les taux d’intérêt montent et si le trafic baisse”, a-t-il martelé, en appelant le gouvernement “à ne pas jouer aux apprentis sorcier”.
En outre, a-t-il fait valoir, les sociétés qui ont acheté les concessions pour 15 milliards d’euros en 2006, “en plein pic boursier”, ont aussi acheté une dette de 30 milliards d’euros, “la plus grosse dette privée du pays”.