Uber à l’offensive en France à deux jours d’un rendez-vous judiciaire

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éricain de voitures avec chauffeur (VTC), le 10 octobre 2014 à Singapour (Photo : Roslan Rahman)

[19/11/2014 17:15:46] Paris (AFP) Sondage montrant le soutien des Français à l’autopartage, lancement d’une pétition en ligne: le leader du VTC Uber était à l’offensive mercredi en France, à deux jours d’un rendez-vous judiciaire qui pourrait décider de l’avenir de son service controversé UberPOP.

Uber, plateforme électronique accessible par smartphone, est déjà le numéro un mondial des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC). Son service payant UberPOP met en relation des passagers et des automobilistes qui ne sont pas chauffeurs professionnels.

UberPOP a valu le 16 octobre au géant américain une condamnation par le tribunal correctionnel de Paris à 100.000 euros d’amende pour avoir présenté le service comme du covoiturage.

La société a fait appel et continue à proposer UberPOP, pour lequel elle revendique 160.000 utilisateurs en France. Elle l’a même décliné la semaine dernière en permettant de partager tout ou partie de la course avec un autre passager ou groupe de passagers, baisses de tarifs à la clé.

Mais des sociétés de VTC, dont des filiales du groupe Transdev (codétenu par Veolia et la Caisse des dépôts), et de taxis, criant à la “concurrence déloyale” à un rare unisson, sont passées du pénal au civil, assignant Uber en référé devant le tribunal de commerce de Paris et réclamant la fin des activités d’UberPOP assortie d’une astreinte quotidienne de 250.000 euros en cas de non-exécution. Une audience est prévue vendredi.

Mercredi, Uber a affirmé dans un courriel envoyé à des clients que “la solution de transport entre particuliers UberPOP est aujourd’hui menacée par les attaques en justice du groupe Transdev, qui jouit depuis des décennies d’une situation de quasi-monopole sur les transports collectifs français, ainsi que celles de plusieurs syndicats de taxis”.

– ‘Manoeuvre d’intimidation’ –

“Ces attaques s’appuient sur une loi votée en urgence cet été, sous la pression de lobbies cherchant à protéger leur rente, et au détriment des consommateurs qui n’ont pas été consultés. Cette loi était portée par un député, Thomas Thévenoud, ministre éphémère, dont l’absence de crédibilité ne fait aujourd’hui plus de doute”, a ajouté Uber.

“La décision du tribunal de commerce de Paris attendue dans les prochains jours constituera la première interprétation d’une loi qui pourrait mettre en danger la mobilité partagée et l’innovation dans le transport, portées par Uber et de nombreuses start-ups françaises et européennes”, a poursuivi la société, en renvoyant vers une pétition en ligne sur son site officiel. Celle-ci avait recueilli quelque 9.000 signatures mercredi en milieu d’après-midi.

Un avocat proche du dossier s’est indigné auprès de l’AFP de cette “manoeuvre d’intimidation” du tribunal à son sens orchestrée par Uber.

“C’est une véritable campagne de dénigrement, tant à l’égard des VTC que des taxis mais aussi de la représentation nationale dont un texte législatif, adopté démocratiquement, est tout simplement remis en cause par Uber”, a indiqué cet avocat sous couvert d’anonymat.

“C’est, par ailleurs, une évidente manoeuvre d’intimidation à l’encontre des magistrats. Il sera naturellement fait état de cette pétition devant le tribunal” de commerce, a-t-il assuré.

Plus tôt dans la journée, Uber avait diffusé un sondage qu’elle avait commandé à l’institut CSA et montrant que 17% des Français avaient eu recours à l’autopartage lors des 12 derniers mois, une proportion montant à 36% chez les 18-24 ans.

Selon la même enquête, 54% des personnes interrogées (74% des 18-24 ans) se disent “intéressées” par le “transport partagé”, et parmi ceux qui en ont fait l’expérience, 85% saluent le fait que ce type de transport “améliore le pouvoir d’achat des personnes qui l’utilisent” et 90% estiment qu’il est “un moyen de se rendre dans des zones peu ou pas desservies par les autres moyens de transport”.

Cette enquête a été réalisée du 12 au 14 novembre sur internet auprès d’un échantillon de 1.000 personnes majeures constitué via la méthode des quotas.