«Le projet de la loi de finances pour l’année 2015 met l’accent sur les équilibres financiers au détriment des réformes efficientes et des choix stratégiques». C’est ce qu’estime Abdjellil Bedoui, expert économique et responsable de la section des études au Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), lors d’une conférence de presse, tenue mercredi 19 novembre, par le forum.
L’expert tunisien, a ajouté que le projet de loi, élaboré par le gouvernement provisoire, repose sur des politiques économiques traditionnelles à faibles rentabilité et efficacité.
Il relève également l’absence d’une démarche réformiste aux contours clairs, une élaboration peu approfondie des choix stratégiques, outre le peu de souci de conférer à ces derniers davantage d’exhaustivité, de cohérence et de complémentarité.
Il a affirmé que le nouveau projet de loi est une continuité des lois de finances principale et complémentaire de l’année 2014. Il critique, à ce propos, le gouvernement actuel qui continue à octroyer des avantages et des encouragements fiscaux, en plus de ce qu’il a appelé «des concessions» au secteur privé dans un contexte caractérisé par l’absence d’une évaluation effective et sérieuse de ces avantages et l’ampleur de leur impact sur la réalisation de résultats aux niveaux de l’investissement, la production, l’emploi et l’exportation.
Bedoui a fait valoir que «le gouvernement actuel continue à adopter la même démarche dans l’élaboration du projet de la loi de finances, émettant des hypothèses sur le prix de change du dinar par rapport au dollar et celui du baril de pétrole ainsi que sur le taux de croissance attendu».
Il a relevé l’interaction continue avec ce qu’il a nommé les convictions conformes aux orientations des institutions financières internationales (le fonds monétaire international et la banque mondiale) et la pensée libérale, à travers l’augmentation des impôts et l’alourdissement des charges des salaliés par la déduction sur le revenu.
Evoquant la question des ressources fiscales dans la nouvelle loi de finances, Bedoui a précisé que les augmentations attendues dans le domaine de la fiscalité proviennent essentiellement de l’augmentation des impôts indirects à raison de 8,5%, affirmant que ces derniers auront plus d’effets négatifs sur les employés à faible revenu.
S’agissant des impôts directs qui vont connaître une hausse de 2,6% en 2015, Bedoui estime que les impôts exigés des salariés vont augmenter de 7,1% contre une hausse de 3,9% des impôts sur les sociétés non pétrolières.
Il met en garde, par ailleurs, contre l’augmentation des ressources d’emprunt, affirmant que le remboursement des dettes doublera au cours des années 2016/2017/2018, indiquant que les ressources d’emprunt atteindront l’année prochaine près de 7,568 milliards de dinars, ce qui représente 26% du budget de l’Etat.
Pour ce qui est de la réforme du système de compensation, l’expert a fait remarquer que «l’augmentation des prix de l’électricité, des carburants et de certains produits alimentaires touchera toutes les catégories sociales, sans pour autant intégrer une compensation concrète au profit des couches vulnérables afin de protéger leur pouvoir d’achat».