à Athènes le 12 novembre 2014 (Photo : Louisa Gouliamaki) |
[20/11/2014 15:25:07] Athènes (AFP) “Si je réussis ici, je pourrai réussir partout ailleurs”. Ici, c’est en Grèce, peu connue ces dernières années pour ses success-stories économiques, mais où Petros Boskos et d’autres fondateurs de start-up nées pendant la crise donnent une nouvelle dynamique à la création d’entreprise.
Pas une semaine sans un “événement” autour de la création d’entreprises innovantes en Grèce. Ce week-end, c’est un “Safari Startup” qui fera la promotion de la “jeune scène” d’entrepreneurs d’Athènes à travers des portes ouvertes dans les différents incubateurs de la capitale.
Une semaine plus tôt, la seconde édition des rencontres “Disrupt Startup ScaleUP” a offert son lot de “workshops”, “masterclass” et autres “speed dating” pour “porteurs de projet”.
Chaque fois, on y célèbre le potentiel d’une jeunesse grecque qui, après six années de récession dans un pays ayant perdu un quart de sa richesse, peut réinventer l’économie nationale. Un jeune de moins de 25 ans sur deux est au chômage.
“Fonder cette entreprise, c’était un peu ma dernière chance de rester en Grèce et je me dis que c’est le meilleur test qui soit: si je réussis ici, je pourrai réussir partout ailleurs”, plaisante Petros Boskos, 35 ans.
Avec deux amis, ce diplômé d’architecture a créé “Verdical” il y a deux ans, une société qui veut mettre la technologie des jardins verticaux à la portée de tous. Verdical a fait partie des 25 start-up sélectionnées pour intégrer “Egg”, l’un des incubateurs d’entreprises qui a ouvert en 2013 à Athènes.
à Athènes le 12 novembre 2014 (Photo : Louisa Gouliamaki) |
Au moins huit incubateurs ou espaces de travail partagés ont ouvert depuis 2009 dans la capitale.
“J’ai grandi en apprenant que l’homme d’affaires n’était pas un type bien et à l’université, le terme +entreprendre+ est inconnu”, explique le jeune homme qui dit avoir découvert un nouveau monde au travers des tutorats (comptabilité, marketing, communication…) prodigués par l’incubateur. Avec quatre autres start-up de la même promotion, Verdical a gagné le droit de passer une seconde année chez Egg, où 25 nouvelles pousses ont fait leur entrée à l’automne.
– “Google grec” –
“On sait très bien que l’économie grecque telle qu’elle est ne va nulle part”, affirme sans détour Giorgos Vrachnis, manager de l’incubateur soutenu par une grande banque grecque.
La Grèce a renoué avec la croissance depuis deux trimestres et les prévisions pour 2015 tablent sur une reprise vigoureuse. Les secteurs traditionnels de la marine marchande et du tourisme en sont les principaux moteurs.
“Inventer un autre modèle, tourné vers l’extérieur car le marché national est trop petit, va prendre du temps”, estime M. Vrachnis. Les obstacles sont nombreux: enseignement universitaire trop théorique, absence de cadre législatif pour les “business angels”, méfiance des investisseurs.
La crise a cependant, par la force des choses, détourné les jeunes des schémas traditionnels, “le secteur public”, aujourd’hui dévalorisé, et “le magasin de papa”, explique Aristos Doxiadis, l’un des associés du fonds d’investissement grec Openfund.
Openfund se partage avec trois autres fonds locaux 70 millions d’euros à investir, prodigués par Jeremi, le fonds de participation de la Banque européenne d’investissement.
“On voit arriver des dossiers de plus en plus solides”, affirme George Tziralis, associé d’Openfund qui croit fermement à l’émergence d’un futur “Google grec”.
ènes, le 12 novembre 2014 (Photo : LOUISA GOULIAMAKI) |
Crise ou pas crise, “le marché grec, après une première vague de créations dans le secteur des télécoms dans les années 2000, était à maturité pour connaître cette effervescence de start-up”, analyse Spyros Trachanis, l’un des gérants du fonds grec Odissey.
Des “bébés” d’Openfund marchent dans la cour des grands: créée en 2011, Taxibeat, une application qui permet la localisation de taxis en temps réel, est présente dans plusieurs pays et enchaîne les levées de fonds à l’international. Workable, qui propose des solutions d’aide au recrutement, emploie après deux ans d’existence une vingtaine de salariés et a été financée par l’un des principaux fonds de la Silicon Valley.
“Nous allons ouvrir un bureau à Londres”, annonce fièrement Antonios Fiorakis, 30 ans, co-fondateur à Volos (nord) d’Incrediblue, site qui voudrait devenir à la location de bateaux pour les vacances ce qu’est “AirBnB” à la location de maisons. Il a recruté 15 personnes depuis 2012.