Cette maxime de l’écrivain et dramaturge français du siècle des Lumières, Beaumarchais, m’est revenu à l’esprit en observant, ces jours-ci, la campagne électorale du candidat Marzouki. Ce dernier s’est employé, tout le long de cette campagne, à diaboliser, d’abord, ses concurrents, à faire peur, ensuite, aux Tunisiens en leur promettant malheur et déchéance si jamais ils ne l’élisent pas, et enfin à s’excuser quand la calomnie, voire l’accusation mensongère, devient flagrante et ingérable. Son stoïque directeur de campagne, Adnane Mansar, qui se plaît dans le statut de “effaceur“ de bourdes, est, le plus souvent, chargé de la sale besogne.
Marzouki a entamé sa campagne par un discours scissionniste notoire. Il s’est montré un minable chef de clan en divisant les Tunisiens entre «eux» et «nous», entre «anciens» et «nouveaux». Pis, le démarrage de sa campagne s’est distingué, sur l’avenue Habib Bourguiba, par une démonstration de force d’éléments violents connus pour être des membres des sinistres ligues s’autoproclamant protectrices de la révolution (aujourd’hui dissoutes).
La “salafication“ de Marzouki
Au Sahel, le candidat Marzouki s’est permis, au moment où des soldats tunisiens sont assassinés par des djihadistes islamistes sur les hauteurs du pays, de s’afficher, au marché hebdomadaire de la ville de Msaken, avec, à sa droite, le prédicateur salafiste wahhabite, Béchir Ben Hassen, un habitué du Palais présidentiel de Carthage, réputé pour ses prêches appelant au djihad, en Syrie et ailleurs, et incitant à la violence contre tous ceux qui ne soutiennent pas les islamistes.
Ce même gourou qui a déclaré, ces jours-ci sur la chaîne El Moutawassit, que le prédicateur est l’héritier du prophète Mohamed tout comme l’avait fait, avant lui, le mufti de la République qui n’est autre que l’homme de Marzouki. Il a été nommé par ses soins.
A Kairouan, lors d’un meeting, le président sortant, Moncef Marzouki, a qualifié ses concurrents de “taghout“, un terme utilisé par les djihadistes pour accuser leurs opposants de mécréants et justifier leur assassinat: «Les sécuritaires qui sont visés par les terroristes ne sont pas les taghout. Ce sont les RCDistes et celui qui était un dictateur durant l’ancien régime et qui aspire à reproduire le même modèle à présent qui est un taghout!», a-t-il dit en substance. La vive réaction de la classe politique à cette violence verbale a amené le clan Marzouki à s’excuser et à prétendre qu’il s’agit juste d’un «lapsus».
Le candidat Mustapha Kamel Nabli a qualifié, avant de subir la violence des ligues de protection de la révolution (incendie de ses deux bus), les propos de Marzouki d’«incitation à la violence» et «d’appel au meurtre». Il a demandé à ce que l’on poursuive en justice.
Moralité: la salafication de Marzouki et son appel du pied à la secte salafiste djihadiste ne sont plus à démontrer.
Marzouki fait peur aux Tunisiens
Et pour ne pas oublier, Marzouki s’est amusé, tout le long de cette campagne, à faire peur aux Tunisiens et même à les terroriser en leur annonçant qu’ils allaient vivre sous la pire des dictatures si jamais il n’est pas élu. Pour cela, il recourt au mensonge. A preuve, lors de son expression directe de la campagne électorale, il a fait une interprétation erronée de l’article 118 de la Constitution, ce qui dit long sur sa bonne connaissance de la loi des lois. Selon lui «Pour la première fois, une seule personne va avoir entre les mains le pouvoir législatif au Parlement, la présidence du gouvernement, la présidence de la République, et aussi le pouvoir sur la Constitution puisque vous devez savoir que ce sont le président de la République, le président du Parlement et le chef du gouvernement qui nomment le Conseil constitutionnel. Il s’agit là de gros pouvoirs entre les mains d’une seule personne qui nous rappellent la période de répression dont on s’est débarrassé et contre laquelle il y a eu une révolution».
En fait, si on lit bien la Constitution, le chef du gouvernement n’intervient pas à ce niveau. Le deuxième paragraphe de l’article dit clairement que: «Le Président de la République, le Président de l’Assemblée des représentants du peuple, et le Conseil supérieur de la magistrature proposent chacun quatre candidats dont les trois quarts doivent être spécialisés en droit, et ce pour un mandat unique d’une durée de 9 années».
En clair, le président ne décide pas seul comme l’a laissé entendre Marzouki qui a dû s’excuser après. Seulement, c’était trop tard. Le mal est fait. C’est comme si on déclenche par erreur une guerre et on vient s’excuser après. Cette tactique-stratégie rappelle celle des terroristes.
Cette même stratégie de communication terroriste qui consiste à faire, dans un premier temps, le plus de tort physique et psychologique possible à l’ennemi (ici les concurrents politiques) au moyen d’actes terroristes (ici violence verbale et physique) et justifier ensuite ces actes, par le biais des médias (excuses, regrets…). Néanmoins, ces actes demeurent, pour ceux qui ont assisté aux meetings, des exploits du tribun et des victoires remportées contre les mécréants (Taghuts). D’où toute la signification de la maxime: «calomnions, calomnions, il en restera quelque chose».